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Quels sont les critères de la Vérité ?

Publié le 11/06/2009

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Nous allons aboutir aux mêmes conclusions en analysant les différents critères proposés pour reconnaître la vérité. — I — L'évidence. « Verum index sui « disait Spinoza reprenant sur ce point la thèse cartésienne de l' « intuitus «. Le vrai est signe de lui-même ; il n'y a donc pas de critère du vrai, on le reconnaît en le découvrant parce qu'il apporte avec lui la lumière : il est « évident «, c'est-à-dire que l'esprit ne peut pas ne pas l'accepter dès qu'il est présent ; l'évidence résiste au doute, elle entraîne la conviction. On a beaucoup épilogué sur l'évidence et sur sa parenté avec la certitude. Nous avons vu en Logique que pour Descartes il ne peut pas y avoir d'intuition fausse, niais seulement de pseudo-intuitions ; de même la certitude est une pseudo-évidence. Descartes écrit dans le « Discours de la Méthode « : « Je jugeai que je pouvais prendre pour règle générale que les choses que nous concevons clairement et distinctement sont toutes vraies, mais qu'il y a seulement quelque difficulté à bien remarquer quelles sont celles que nous concevons distinctement. « Cette dernière proposition précise bien la difficulté. Nous prenons facilement nos images pour des idées, nos mobiles pour des raisons, nos croyances pour des vérités. Par-dessus le marché, les influences, la confiance envers des Maîtres, la pression de ceux qui « font autorité «, l'assentiment collectif... contribuent à former en nous des certitudes auxquelles nous ne pouvons pratiquement pas résister. Il est frappant de lire les débats à l'Académie des Sciences le jour où Pasteur présenta son exposé lumineux démontrant qu'il n'y avait pas de « génération spontanée «, que les vers ne naissent pas du fromage, que les souris ne naissent pas des fonds de sacs ni les têtards de la vase, ou plus exactement que les colonies microbiennes des bouillons de culture ne naissent pas du bouillon mais des germes apportés par l'air. Voilà bien une idée qui nous semble aujourd'hui l'évidence même ; et pourtant Pasteur fut ridiculisé dans le discours du Directeur du Muséum, vénérable savant surchargé de titres, impressionnant d'autorité, porté par les croyances collectives, tonnant du haut de la Tribune au nom de l'évidence. Le critère de la vérité n'est pas tant l'évidence, que l'effort par lequel on fait table rase des causes d'erreur, par lequel on dépiste les opinions et les croyances pour s'ouvrir à une vision renouvelée et pure du réel. C'est la bonne foi et la sincérité de l'homme qui garantissent la qualité de sa méthode et qui finissent par ébranler les convictions périmées ; c'est son humanité qui émeut, et non pas la clarté de ce qu'il dit.

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