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Quels désirs dois-je m'interdire ?

Publié le 27/02/2008

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L'homme est un être de désir. Il ne cherche pas seulement à contenter ses besoins d'existence, mais il aspire à mille autres choses, dans l'espoir d'être plus heureux, et de combler ce manque existentiel qui le traverse. Nos désirs se porte ainsi sur des biens matériels, des richesses, mais aussi des qualités morales ou intellectuelles (être moins jaloux, être doué pour les math), des dispositions physiques (être beau, grand, fort…), ou encore un statut social (les honneurs, la considération), des projets de vie (partir à l'étranger, faire carrière), des relations amoureuses, etc. Il semble que sans cesse, nous désirons. Le désir est envahissant, et parce qu'il n'est jamais assouvi, et s'alimente et se renouvelle constamment, il nous ronge et nous tourmente. Il semble que nous nous perdons dans nos désirs, et qu'ils ne peuvent nous rendre que malheureux, car toujours insatisfait. Néanmoins, tous les désirs sont-ils néfastes pour l'homme ? La pluralité des objets sur lesquels portent nos désirs tend à nous suggérer que les désirs sont de diverses sortes, et qu'ainsi certains seraient à proscrire plus que d'autres pour mener une vie bonne et/ou heureuse. Dans une telle perspective, quels désirs dois-je alors m'interdire, et pourquoi ?
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« plus que tout autre délice ».Vaincre ses désirs est recommandé par Descartes pour disposer vraiment de sa liberté.

Il serait alors possible detransformer nos désirs en les rationalisant, c'est-à-dire en formulant un jugement ferme sur chacun de nos désirs.Pour maîtriser ses désirs il faut user correctement de nos pensées, donner à bon escient notre assentiment etrectifier nos représentations.

C'est donc un acte de détachement par le jugement, qui ramène les objets du désir àleur inessentialité fondamentale.

Ne subsiste plus alors qu'une liberté indifférente face à un désir pulvérisé parl'entendement.

En passant de la passion à la raison, je ne m'interdit aucun désirs, je n'en ressent tout simplementplus.

Si je cherche à m'interdire certains désirs, je serais toujours tourmenté par la lutte intérieure entre ma raisonet mes passions, et je ne pourrais être réellement serein, et porté vers le seul désir de vérité en toute quiétude.

Jedois donc, non pas chercher à m'interdire quelques désirs, mais simplement à en atténuer la force, à les réduire ànéant pour qu'ils ne me perturbent plus.

Je ne dois pas me mettre en conflit avec les désirs, qui risquent toujours dereprendre le dessus à un moment donné, je dois les faire disparaître pour qu'ils ne m'atteignent plus.

3ème partie : Il y a une bonne utilisation du désir s'il n'est pas pris pour fin mais pour moyen. Le désir, lorsqu'il est « désir de désir », c'est-à-dire désir jamais assouvi d'un état toujours menacé (la satiété nedure jamais qu'un temps, et nous laisse toujours dans l'incertitude de sa disparition), est à l'opposé de la sagesse,et c'est pourquoi il faut se l'interdire ou savoir le maîtriser.

En revanche, si on ne prend pas le désir lui-même commefin, mais comme moyen d'accéder à une fin ultime, alors il peut être bénéfique.

En fait, le désir nous embarque dansun parcours.

Nous « suivons » le désir, qui nous entraîne parfois sur un chemin indéterminé, qui peut se transformerau fil de la quête.

Nous ne devons pas nous interdire les désirs, mais comprendre que le désir nous porte vers unefin dernière, et qu'il ne faut pas s'arrêter et se complaire dans la satisfaction stérile et momentanée désir premier,car un désir en entraîne un autre, et un désir déclenche un autre désir en nous.

Platon montre ces différents stadesdu processus désirant à travers l'exemple du désir amoureux, qui nous fait tendre vers l'absolu, en nous portant versles Idées intelligibles, c'est-à-dire vers la connaissance du vrai.

A travers le discours de Diotime dans Le Banquet , Platon explique que le désir amoureux se porte d'abord vers un beau corps, puis vers plusieurs, puis s'oriente vers labeauté des âmes de ces corps, pour atteindre au monde des Idées, c'est-à-dire à une beauté universelle, la beautéde la vérité et du bien.

Le premier désir n'était donc pas notre désir véritable, mais c'est le point de départnécessaire pour accéder à ce que l'on cherche vraiment.

Nous changeons donc de désir au fur et à mesure quenous découvrons ce à quoi nous aspirons vraiment.

Le désir oriente donc notre marche vers une existencepleinement humaine qui vise l'excellence et cherche à s'élever.- Il résulte de cette conception positive du désir, que l'homme pour être vertueux (le meilleur des hommes) doit êtreen mesure de se défaire de ses désirs néfastes et dévastateurs qui sont ceux des passions humaines, pours'attacher à un désir noble, le seul principe d'excellence : le désir du Bien.

Pour Platon ( République , VI), l'homme peut accepter ses désirs à condition d'avoir une nature philosophe, c'est-à-dire, d'être suffisamment tempérant etdoué d'une telle grandeur d'âme qu'il ne s'attache plus aux plaisirs terrestres, mais se tourne vers le divin, vers cequi ne change pas.

Le véritable changement à opérer est une conversion de l'âme vers l'activité philosophique.

Jedois me donc me défaire des multiples désirs humains pour me subordonner au seul et unique désir qui mène àl'excellence : le désir de vérité.- En fait, le désir qu'il faut maintenir, c'est le désir d'amour.

Le désir du philosophe est un désir érotique, celui del'amoureux de la sagesse, qui cherche la vérité et veut engendrer le beau, le bien, le vrai.

Par la procréation, c'estvers l'immortalité que le désir tend.

En effet, le désir porte les hommes à se réaliser, à enfanter ce qu'ils portent eueux.

Le désir est ce qui fait la grandeur des hommes, car le désir est un principe stimulant et générateur, et l'homme porté par son désir cherche à s'élever, à se dépasser, en mettant à profit tout son potentiel humain qui n'estqu'une puissance destinée à se développer.

Hegel affirme que « rien de grand n'a jamais été ni ne sera jamaisaccompli sans les passions ».

Le désir de la vérité ou de la sagesse, c'est-à-dire, de ce qui grandi l'homme, est enlui-même une passion pour la philosophie. On comprend que le désir, en tant que procréateur, est une donnée essentielle à l'homme, qui participe à sa construction et le distingue de l'animal.

Alors que le besoin maintientl'homme dans un cycle de consommation, le désir l'introduit à la dialectique de la reconnaissance.

Pour Hegel, ledésir humain, c'est le désir d'être reconnu par l'autre, c'est se ressaisir soi-même dans son rapport à une autreconscience de soi.

Le désir exemplaire chez l'homme, c'est le désir d'être aimé.

L'homme désire être aimé, afin de sesentir exister pour quelqu'un, d'avoir conscience de soi à travers l'amour que lui porte l'autre.

Lorsqu'on aime, ondésire l'autre pour qu'il nous reconnaisse, et ce n'est qu'alors qu'on est sûr d'exister, car on a besoin de la médiationpar l'autre.

(« Je suis l'otage d'autrui », affirme Paul Ricœur »).

Conclusion : Le désir ne dois pas être interdit, et ne saurait l'être.

En effet, le désir est inhérent à l'homme, et il peut lui êtreprofitable, lorsqu'il le porte vers sa pleine réalisation, et qu'il fait de lui un être sage et accompli.

Plutôt que des'interdire certains désirs, et d'être en proie au conflit douloureux de la raison avec les passions, il faut chercher àdompter ses désirs, à les modérer, et à en atténuer la force.

Je dois non pas me censurer, mais chercher unedisposition propre à l'ataraxie, apaisée, car je suis le seul maître de mes désirs, et je peux ainsi les tempérer.Cependant, certains désirs sont à proscrire, quand ils ne sont que des puissances d'illimitation qui nous laissenttoujours frustrés, et malheureux.

Il faut alors distinguer les désirs qui ne sont que des désirs d'états, et eux qui sontdes moyens pour une fin stable, immuable et droite.

Je dois m'interdire les désirs qui naissent d'un manque impossibleà combler, et qui me laisseront toujours dans un état instable, incontinent, et donner au désir sa noble fonction,celle non pas de la réplétion, mais de la procréation, en faisant du désir un moteur d'action, et un principe de vietourné vers ce qui ne change pas, ce qui est certain : la sagesse et la vérité.. »

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