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Les questions et les réponses

Publié le 29/03/2011

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   L'œuvre n'est pas une série de réponses, elle est une série de questions, elle n'est pas des explications, elle est des demandes d'explication, des demandes d'éclaircissement... C'est bien cela une œuvre : une série d'interrogations... Au bout du compte, il n'y a pas de réponse à donner... Ainsi, ce n'est pas la réponse qui éclaire, c'est la question.    Commentez librement cette réflexion d'Eugène Ionesco sur la fonction de l'œuvre littéraire, en vous servant d'exemples précis tirés de vos lectures.   

« la collectivité, etc.

C'est-à-dire que cette conception de la littérature s'oppose absolument à une conceptionmoralisante dans le domaine des sentiments, des idées, de l'esthétique, etc.

C'est-à-dire aussi que, pour Ionesco,l'œuvre littéraire a une fonction profondément critique : elle interroge et force à s'interroger.

Elle peut tout autant,du reste, harceler de ses questions la société que le moi de l'écrivain, et oser formuler des questions que, pour lesraisons les plus diverses, ni la société ni le moi ne souhaitent voir posées. Comment traiter le sujet? — Partir, par exemple, de l'expérience scolaire de l'explication, l'explication de texte, base de l'activité scolaire enmatière de littérature.

Que vise-t-elle? imposer un sens? et donc affirmer que l'œuvre a des réponses à donner?Comment concevoir, d'autre part, une explication qui, au lieu de fermer le texte, l'ouvre? à quelles conditions est-cepossible? etc. — Tenir compte des fonctions de l'œuvre littéraire : une œuvre littéraire, suivant le statut de la littérature et desécrivains dans la société, n'a pas toujours les mêmes fonctions, et notamment pas toujours celle de donner desréponses... — Tenir compte de la possibilité pour une œuvre d'avoir plusieurs significations : selon la manière dont on lit untexte, dont on le consomme, dont on l'interroge...

Les réponses qu'il donne ou les questions qu'il pose peuvent êtrevariées (exemple : Après trois ans de Verlaine lu en 1880 ou aujourd'hui).

— Tenir compte des acquis de la critique : les questions que pose une œuvre dépendent directement du lecteur quila lit. Introduction Question courante, mais encouragée par la lecture scolaire, alors qu'elle est ignorée de la lecture passive ou desimple consommation : « Qu'est-ce que ça veut dire?» Cette attente d'une réponse ne vise pas seulement lesobscurités superficielles d'un texte, mais quelque chose de plus complexe : en apparence, le texte raconte unehistoire ou décrit quelque chose, mais en fait il dit un rapport, un problème non directement ou explicitement évoqué(Après trois ans décrit un jardin; J'ai cueilli cette fleur «raconte» une rêverie au bord de la mer, mais ces deuxpoèmes posent en fait la question du souvenir, celle de la place de l'homme dans l'univers et dans le temps).

Quelproblème donc, quel rapport? La réponse de l'œuvre, c'est le lecteur qui la cherche à partir des données de l'œuvre.Mais en même temps le lecteur se pose des questions et pose des questions à l'œuvre, à partir de sa propreexpérience, de ses propres difficultés : questions, par exemple, sur l'amour, la mort, le sens de l'histoire...

L'œuvreest-elle capable de lui apporter des réponses, c'est-à-dire de l'amener à ne plus poser de questions, à ne plus s'enposer? Est-ce sa fonction et son intérêt? Et si l'œuvre a répondu, est-elle encore utile, intéressante en tantqu'œuvre? Est-ce que désormais tout l'intérêt n'est pas dans la réponse obtenue? Ionesco met en garde ici contrela disparition de l'œuvre au profit des réponses, derrière les réponses; contre la transformation des œuvres enmanuels de réponses, en modes d'emploi, contre l'absence de tout reste, de tout après.

Dès lors se profile une autrequestion : une œuvre qui se laisse réduire en réponses est-elle une œuvre? Pour tenter de comprendre, il faut voirce qui se passe dans le jeu des questions et des réponses, dans le jeu écriture/lecture.

Il faut aussi tenter de situerhistoriquement la question. 1) Le jeu des questions et des réponses : description, fonctionnement a) L'œuvre pose des questions; l'œuvre répond C'est la thèse de la clarté, de la transparence de l'œuvre, qui veut faire quelque chose et qui y réussit, sans échecni trop-plein.

Le lecteur n'a plus qu'à se soumettre, consommer, faire son profit. b) L'œuvre pose des questions et le lecteur répond Chaque lecteur, fait, à la limite, l'usage qui lui convient de l'œuvre; l'œuvre peut disparaître ou n'être que prétexte :par exemple, le lecteur choisit parmi les questions que pose l'œuvre ce qui l'intéresse et néglige le reste.

Il n'y a plusd'objectivité de l'œuvre (exemple : ne retenir de la Comédie humaine que ce qu'elle dit sur l'alcoolisme populaire). c) Le lecteur pose les questions et l'œuvre répond On insiste alors, de manière positive, sur la lecture qui fait exister l'œuvre, qui en fait une potentialité, un réservoirde sens, une pratique en devenir, etc.

Cette thèse ne va cependant pas sans difficulté : le lecteur ne peut se poserdes questions que si l'œuvre l'y invite, les rend possibles, nécessaires.

Il est des œuvres qui ne poussent jamaisd'elles-mêmes à le faire.

Tout ne dépend donc pas du lecteur et on retrouve le problème de l'objectivité de l'œuvre.Mais il faut aller plus loin : une œuvre qui n'invite pas à se poser et à lui poser des questions peut aussi êtrequestionnée sur...

cette absence de questions! On retrouve ici le pouvoir et le droit des lecteurs. d) En fait, l'œuvre, née d'une conscience individuelle, elle-même immergée dans un bain de questions collectives,est d'abord expression et interrogation : qui ne s'interroge pas (et bien entendu on peut ne pas savoir qu'on. »

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