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A qui appartient-il de décider du juste et de l'injuste ?

Publié le 14/03/2004

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Dès lors, on peut se demander si la théorie du contrat social n'a pas une fonction idéologique et ne vient pas, en quelque sorte, justifier le droit du plus fort en en faisant le produit d'un pacte librement conclu par tous. Car plutôt que d'envisager avec Calliclès la loi comme étant faite par les faibles contre les forts, ne faut-il pas, au contraire, considérer qu'elle se fonde sur la force des puissants dont elle constitue une justification ? C'est cette thèse de Marx soutient. Selon lui, le droit est l'expression de la puissance de la classe dominante. Il traduit ses intérêts particuliers et, en même temps, tente de les légitimer et de les occulter en les faisant passer comme l'intérêt commun de tous les membres de la société. Sartre reprend cette analyse à sa manière. Constatant que le droit est toujours lié à des rapports de force parce qu'il est fait pour régler des conflits, il affirme que c'est le plus fort qui impose sa loi. Mais ce dernier ne pouvant supporter que sa victoire soit un « pur fait », il désire la justifier. Le droit est donc issu de la force mais il est autre chose que la force car « il est la justification par après ». Le vainqueur reconnaît le vaincu comme son égal et comme un être libre afin que sa propre loi puisse être acceptée comme juste.

« étant dominante, le droit en vigueur ne pourrait être qu'un droit bourgeois.En théorie, seul un contrat libre passé entre les hommes permet de fonder le droit positif, mais dans l'histoire cesont les faits qui tranchent.

Lorsqu'une révolution réussit, un nouvel ordre s'impose.

De nouvelles lois sontinstaurées par les vainqueurs.

Dès lors, on peut se demander si la théorie du contrat social n'a pas une fonctionidéologique et ne vient pas, en quelque sorte, justifier le droit du plus fort en en faisant le produit d'un pactelibrement conclu par tous.

Car plutôt que d'envisager avec Calliclès la loi comme étant faite par les faibles contre lesforts, ne faut-il pas, au contraire, considérer qu'elle se fonde sur la force des puissants dont elle constitue unejustification ? C'est cette thèse de Marx soutient.

Selon lui, le droit est l'expression de la puissance de la classedominante.

Il traduit ses intérêts particuliers et, en même temps, tente de les légitimer et de les occulter en lesfaisant passer comme l'intérêt commun de tous les membres de la société.

Sartre reprend cette analyse à samanière.

Constatant que le droit est toujours lié à des rapports de force parce qu'il est fait pour régler des conflits,il affirme que c'est le plus fort qui impose sa loi.

Mais ce dernier ne pouvant supporter que sa victoire soit un « purfait », il désire la justifier.

Le droit est donc issu de la force mais il est autre chose que la force car « il est lajustification par après ».

Le vainqueur reconnaît le vaincu comme son égal et comme un être libre afin que sa propreloi puisse être acceptée comme juste.

Mais cette liberté qu'il reconnaît au vaincu n'est pas la liberté concrète, «c'est la liberté absolu ». Justice, dignité de la personne et juge intérieurLa justice, «c'est le respect, spontanément éprouvé et réciproquement garanti, de la dignité humaine, en quelquepersonne et dans quelque circonstance qu'elle se trouve compromise, et à quelque risque que nous impose sadéfense», déclarait Proudhon.C'était là reprendre, au mot près, ce que Kant avait développé dans ses Fondements de la métaphysique desmoeurs.«Pour ne pas être en contradiction avec elle-même, assure Kant, la conscience humaine en tous ses devoirs, doitconcevoir un autre (comme l'homme en général), comme juge de ses actions» (Doctrine de la vertu, § 13).

Et c'estsous le regard vigilant de cet autre qu'elle peut tenter de statuer, en tant que conscience raisonnable et morale, ausujet du juste comme de l'injuste. Le partage du juste et de l'injuste est remis à des instances particulières, auxquelles il appartient,relativement à leur domaine, d'opérer ce partage le plus justement possible.

Ces instances sont censées être à la fois compétentes et impartiales, l'élection de leurs membres doit donc satisfaire des critères d'exigence etd'intégrité.

Mais nous verrons que ces instances sont parfois en décalage par rapport à des revendications nonencore légalisées ; le juste et l'injuste peuvent donc évoluer par la force de l'opinion publique et ne sauraient êtredes données fixées pour l'éternité.

On peut donc relever le paradoxe suivant : tandis qu'idéalement c'est auxorganes de contrôles liés au droit qu'il revient de fixer le juste et l'injuste et de rendre un jugement quant auxactions les plus problématiques, la frontière du juste et de l'injuste est mouvante, elle dépend de facteurs sociaux-historiques.

Le problème est donc dans ce passage de la souplesse des faits à la rigidité du droit. I-C'est aux organes de contrôle qu'il appartient de décider du juste et de l'injuste. Pour faciliter la vie sociale et désencombrer les institutions juridiques, les hommes multiplient les organes de contrôles annexes au droit, ayant leurs propres codes, lesquels doivent toutefois évidemment se trouver en accordavec le droit.

Les hommes s'en remettent ainsi à une instance de sages pour trancher ce qu'il en est du juste et del'injuste, soit en droit, dans l'écriture des codes et des lois, soit en fait, lorsqu'il s'agit de juger l'action d'un homme.Ces organes de contrôles sont plus ou moins complexe et leur efficacité repose en premier lieu sur le fait qu'ilsdoivent être perçus comme absolument légitimes, ils perdent de leur efficacité dès qu'ils sont contestés.

Leurpouvoir, quoique arbitraire pour une part, est censé être absolu, pensons à l'un des cas les plus simples, celui del'arbitre sur le terrain de football. Il existe de multiples types d'organes, quasiment toutes les parties de la société possèdent leur propreorgane de contrôle, dont la multiplication est le signe de la modernité comme Foucault et Deleuze l'ont chacunsouligné.

Au conseil d'état échoue la tâche de se prononcer sur la constitutionalité d'une mesure proposée par legouvernement, au conseil de l'ordre, il revient de se prononcer sur la régularité du comportement d'un médecin, leconseil des prud'homme doit trancher quant à la justesse d'une décision liée au droit du travail, un conseil dediscipline est censé dire si l'attitude d'un élève se situe ou non dans les limites de ce qui est juste dans le cadre dela vie de l'école. Les organes institutionnels qui décident du juste et de l'injuste sont multiples au sein de la société, ils sont à la fois périphériques au droit et subordonnés à ce dernier, en tant que des recours au pénal sont toujours possibles. »

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