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Qu'est-ce qui distingue l'expérience de la sensation ?

Publié le 26/01/2004

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Tout à fait à l'opposé, l'expérience scientifique suppose au contraire la conscience et la maîtrise permanente d'un protocole : la définition préalable d'objectifs précis, la détermination de procédures de mise en relation des phénomènes étudiés. L'expérience scientifique est de part en part un artifice, et elle est construite de toutes pièces selon des procédures rationnelles et cohérentes. Cela permet à Bachelard d'introduire les notions de « rupture » et d'« obstacle » épistémologiques et de poser une profonde discontinuité entre l'expérience naïve et l'expérience scientifique.   Deuxième partie : Expérience et sensation   Dans la tradition empiriste, et plus particulièrement chez Hume, on voit que l'expérience se constitue par la vertu d'une habitude qui convoque l'imagination au titre d'une fonction régulatrice, pour transformer la répétition du donné de la sensation en une représentation signifiante de la nature. La sensation est en cette mesure première et c'est des signaux qu'elle transmet à l'intelligence comme à la mémoire que découle des savoirs pratiques et concrets. Chez Kant, par exemple, l'expérience effective surgit de l'application des catégories de l'entendement aux données de la sensibilité. Le temps n'est pas une réalité matérielle : on ne peut pas le voir, le toucher. Par contre, on ne peut faire aucune expérience en dehors de l'espace et du temps. Je peux imaginer un espace sans objet mais pas d'objet sans espace. De même, je ne peux imaginer une expérience interne ou externe en dehors du temps.

L’expression « qu’est-ce qui distingue « donne un but très précis au sujet : il s’agit d’établir des critères de distinction entre deux objets. Distinguer, c’est différencier, reconnaître qu’une chose n’est pas semblable à une autre. Les deux objets en jeu ici sont l’expérience et la sensation. Le mot « expérience « a plusieurs sens : l’expérience au sens courant est l’ « instruction acquise par l’usage de la vie « (Claude Bernard), au sens où l’on dit qu’un homme a de l’expérience ; en sciences, elle est une mise en œuvre des procédures d’expérimentation permettant de mettre à l’épreuve un phénomène pour le comprendre ; en philosophie, elle est l’ensemble des données sensibles perçues par un homme. Le mot « sensation « a un sens plus simple, qui rejoint l’acception philosophique de l’expérience : une sensation est une donnée fournie par l’usage des sens. On pourrait donc considérer que l’expérience et la sensation sont semblables de par leur rapport au sens : c’est sur cette similitude que le sujet invite à porter le soupçon. Il faudra donc mener un travail de définition de ces deux concepts, en les considérant conjointement, afin de déterminer ce qui les différencie l’un de l’autre. On pourra notamment exploiter la diversité des définitions possibles de l’expérience, et chercher ce que cette diversité peut nous apprendre de la complexité de l’expérience, en opposition à la simplicité de la sensation.

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