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Qu'est-ce qui divise les hommes ?

Publié le 27/02/2005

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HOMME Le plus évolué des êtres vivants, appartenant à la famille des hominidés et à l'espèce Homo sapiens (« homme sage »). Traditionnellement défini comme « animal doué de raison », l'homme est aussi, selon Aristote, un « animal politique ». Ce serait en effet pour qu'il puisse s'entendre avec ses semblables sur le bon, l'utile et le juste que la nature l'aurait pourvu du langage.

L'histoire de l'humanité ressemble, à première vue, plus à un champ de batailles infinies qu'à un espace de paix perpétuelle. L'entente, la concorde, le consensus apparaissent alors comme des objectifs toujours poursuivis par l'humanité sans jamais être réalisés pleinement. Le sujet ici posé contient cette présupposition que les hommes ne sont pas dans cet état de paix et de concorde qu'ils poursuivent cependant. La religion (religare signifie « relier « en latin), la civilisation étaient pourtant censées apporter cette concorde universelle. Malgré nos efforts, il est remarquable de constater que l'humanité n'est toujours pas en situation d'entente harmonieuse. La philosophie se pose alors la question des raisons, des causes de cet échec manifeste :

Qu'est-ce qui divise les hommes ? Qu'est-ce qui, fondamentalement, empêche les hommes de vivre pleinement dans la paix et la concorde ?

- Ne doit-on pas y voir une donnée fondamentale de la nature, sa manière même de s'actualiser et de se pérenniser, qui donc justifie les divisions présentent, de tous temps, à tous les niveaux et dans tous les domaines de notre civilisation ?

- Mais la question ne renvoie-t-elle pas justement, alors, à la tentative humaine de créer, contre tout déterminisme de ce genre, une communauté d'hommes vivant en paix ?

 

« Hobbes est en un sens l'héritier politique de cette double fracture religieuse et métaphysique.

La Révolution anglaise, qui l'obligera à se réfugier à la cour de Louis XIV , l'assure que les fondements traditionnels de la politique sont vermoulus, et qu'il faut accomplir en politique ce que Descartes a accompli en métaphysique : une contestation radicale de la tradition et de l'histoire, et une nouvelle fondation, rationnelle, cette fois, de l'Etat : « De toute manière, un argument tiré de la pratique des hommes est sans valeur […] En effet, même si en tous lesendroits du monde les hommes établissaient sur le sable les fondements de leurs maisons, on ne pourrait inférer delà qu'il doit en être ainsi.

L'art d ‘établir et de maintenir les républiques repose, comme l'arithmétique et la géométrie,sur des règles déterminées, et non comme le jeu de paume, sur la seule pratique. » L'expérience cruciale de la guerre civile, la montée de l'individualisme, la rupture des anciennes solidarités sociales, invitent Hobbes à penser qu'en dehors d'un pouvoir commun fort, les hommes vivent en rivalité, défiants les uns vis-à-vis des autres, dans un état de suspicion, sinon de guerre. Cherchant les fondements d'une autorité légitime, et les causes de la vie sociale, Hobbes reconstitue ce que l'on nomme l'état de nature.

L'état de nature est un état fictif, correspondant à ce que vivraient les hommes sichacun jouissait de sa liberté naturelle.

Hobbes en effet accepte l'idée que les hommes sont naturellement libres, c'est-à-dire pourvus d'une volonté autonome dont ils ont le droit d'user.

La question est alors de savoir pourquoi,étant donné qu'ils sont libres, les hommes acceptent un pouvoir commun.

Si j'ai le droit naturel de décider pour moi-même de mes actions, pourquoi est-ce que j'accepte de me soumettre à la loi ? Pour quel motif est-ce que je donneaux lois une partie au moins de ce droit naturel que j'ai de décider de mes actes ? Rechercher ces motifs demande de reconstruire par la pensée l'état de nature, pour comprendre ce que seraient les hommes sans un pouvoir commun, et examiner pourquoi et comment ils en sortent. Hobbes considère que les hommes sont égaux.

C'est-à-dire que les différences de force ou de ruse ne sont pas si grandes que l'un d'entre nous puisse s'approprier une chose et en exclure les autres : Hobbes emploie pour le montrer un argument très étrange ; tout homme a toujours assez de force pour en tuer un autre.

Les hommes sont donc égaux en aptitude et en droit : chacun a un droit égal sur toute chose : « De cette égalité des aptitudes découle une égalité dans l'espoir d'atteindre nos fins.

C'est pourquoi, si deux hommes désirentla même chose alors qu'il ne leur est pas possible d'en jouir tous les deux, ils deviennent ennemis ; et dans leurpoursuite de cette fin (qui est, principalement, leur propre conservation, mais parfois seulement leur plaisir), chacuns'efforce de détruire et dominer l'autre. » Le simple désir de se maintenir en vie, mais aussi parfois l'agrément, nous rend naturellement ennemis, rivaux,défiants.

Je ne suis jamais assuré, dans l'état de nature, qu'un autre ne cherchera pas à s'emparer des biensnécessaires à ma vie, du terrain que j'ai cultivé, etc.

Les hommes sont donc méfiants et cette rivalité naît larecherche de la domination, l'offensive : la meilleure défense, c'est l'attaque.

Il faut se mettre à l'abri en dominantles autres.

La recherche du profit, de la sécurité, voire de la réputation nous font prendre les armes. Or, en l'absence d'un pouvoir commun, l'égalité des hommes fait que ce combat ne peut connaître ni vainqueur, nivaincu définitif, qu'à chaque moment chacun craint pour sa vie, que l'état de nature est un état misérabled'insécurité et de peur de la mort violente. Cet état catastrophique, où nulle activité agricole, industrielle ou sociale n'est possible, où chacun craintconstamment pour sa vie, correspond à l'expérience de la guerre civile.

A ceux qui refusent d'admettre que« L'homme est un loup pour l'homme », Hobbes répond et par l'exemple de la guerre civile, et par celui des rapports entre Etats ; et surtout par celui de notre propre attitude, peu confiante, quand nous quittons notre domicile oupartons en voyage. Il s'ensuit que le premier souci des hommes, vivant en société, est d'éviter la violence.

Le ressort de l'Etat, lefondement du pouvoir, est l'angoisse sécuritaire. Or, comme l'état de guerre provient de deux causes, l'égalité des hommes et la divergence de leurs appétits, lasolution réside dans la création d'un pouvoir fort, capable d'inspirer l'effroi, et qui unifie les volontés.

Une républiquebien fondée repose implicitement sur un contrat de soumission.

Chaque citoyen promet aux autres d'obéir à la mêmeinstance (monarque ou assemblée) qui leur ordonne que faire, c'est-à-dire qui représente leur volonté.

L'angoissesécuritaire, la hantise de se maintenir en vie ne trouvent de remèdes que dans l'érection d'un pouvoir fort, d'uneautorité absolue qui s'exerce sur les hommes qu'elle est censée représenter.

Nous sommes en présence d'un modèleorganiciste de l'Etat (où chaque partie est solidaire des autres), où le pouvoir est supposé incarner le corps dupeuple, former une personne. Les hommes sot censés naturellement être autant de volontés autonomes, motivées par la recherche égoïste duprofit personnel.

Accepter cette anthropologie, faire sienne l'angoisse sécuritaire conduit nécessairement à adopterla solution de Hobbes , qui a le mérite de la rigueur : un pacte de soumission.

Chacun accepte qu'une instance unique, qui n'est pas liée au peuple, qui n'est engagée à rien, soit censée le représenter.. »

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