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Ce qui est subjectif est-il nécessairement faux ?

Publié le 23/03/2004

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  • Analyse du sujet

 

 

-          La vérité semble se définir de prime abord comme la correspondance entre l’idée que l’on a sur une chose et la réalité de cette chose, c’est-à-dire plus précisément comme la conformité du discours à un objet réel. Dès lors la vérité prend appui sur la réalité même et cette réalité, devant faire l’objet d’un discours adéquat, doit avoir elle-même intrinsèquement un critère de vérité. Or, si la réalité doit avoir un tel critère, il semble que la vérité soit alors changeante, au sens où s’appuyant sur un monde sensible en devenir, elle doit nécessairement être elle aussi en devenir. Dès lors, il semble que la vérité soit changeante, au même titre que le monde sensible, dans la mesure où elle prend appui sur lui. Mais se pose alors le problème de la stabilité de cette vérité et de la connaissance qu’elle entraîne.

-          Mais la vérité est aussi celle d’un sujet qui la possède et qui l’énonce. Dès lors, elle semble être subjective et c’est cela que le sujet interroge. En effet, si la vérité est subjective, il semble bien alors que chacun possède sa propre vérité, indépendamment des autres. Chacun aurait une vérité et cela reviendrait alors à dire que la vérité est toute subjective, dépendant des sujets dans lesquels elle s’incarne.

-          Mais dire cela, n’est-ce pas ôter toute valeur à la vérité ? En effet, une vérité toute relative est-elle encore une vérité ? Le propre de la vérité n’est-il pas son objectivité, sa capacité à être reconnue comme telle universellement ? Dès lors, une vérité subjective reviendrait à abolir la vérité comme universelle et objective. La vérité serait alors bien plutôt ce qui est hors du sujet et ce qui s’impose à lui de l’extérieur comme étant ce à quoi il doit nécessairement se soumettre. La vérité est objective et doit alors trouver un critère qui soit autre que celui de la subjectivité et de la relativité à un sujet.

-          Mais si la vérité est extérieure au sujet, comment celui-ci peut-il la reconnaître ? Comment adopter et comprendre  une chose à laquelle on ne participe pas et à laquelle on doit se soumettre néanmoins ? Le mot vérité a-t-il plus de sens pour nous si nous n’en sommes pas les producteurs ? En effet, si la vérité doit être objective, il n’en reste pas moins que toute vérité n’est reconnue comme telle et dite telle que par un sujet : il n’y a pas de vérité sans sujet pour la reconnaître. Se dessine alors une aporie selon laquelle le mot vérité semble dénué de sens à la fois lorsqu’il est tout subjectif et lorsqu’il est si objectif qu’il nous est extérieur.

-          Le problème est alors le suivant : la vérité peut elle reposer sur un fondement universel, stable, tout objectif, extérieur au sujet et menaçant celui-ci de ne pas le reconnaître ou doit elle trouver un critère intérieur au sujet afin que celui-ci s’y reconnaisse ?

 

 

  • Problématique

 

 

            Le subjectif appartient-il au champ d’application de la raison qui marque tout par le sceau du vrai ou du faux ? Ce qui est précisément en jeu ici à travers la question du subjectif comme marque du faux, c’est bien la nature de la vérité elle-même : le subjectif est-il non seulement en dehors de toute vérité mais encore en contradiction avec la vérité elle-même ainsi qu’avec notre désir de connaissance absolue ?

 

 

  • I-                   Seul l’objectif a valeur de vérité : le subjectif comme la croyance et l’opinion infondée et véhicule de l’erreur

 

  • II-                Le subjectif entretient-il seulement un rapport avec le vrai et le faux ?
  • III-             Vérité scientifique : une croyance reconnue de tous et le critère de l’intersubjectivité

 

 

« la vérité est qu'elle est norme d'elle-même, c'est-à-dire qu'elle se reconnaît elle-même comme vraie etreconnaît également le faux comme tel.

Dès lors, le critère de vérité est intrinsèque à la vérité elle-même et lavérité est alors entièrement objective, et, accordant tout le monde, universelle.

La vérité puisant sa force enelle-même et n'ayant besoin d'aucun critère extérieur, s'impose donc à nous, et telle la lumière qui nous permetde voir les objets, nous avons besoin d'elle pour voir les idées vraies.

La vérité est donc nécessaire, et non pascontingente et relative à un sujet particulier.

Elle s'impose comme telle à nous et ne fait donc l'objet d'aucunchoix de la part du sujet. · La recherche du vrai dans la science suppose une conversion radicale qui fasse passer du plan de l'opinion à celui d'un savoir fondé en vérité.

Vaincre l'illusion est possible, à condition de résister au premier mouvementqui nous porte à accepter ce qui s'impose à nous et malgré nous.

L'illusion résulte en effet d'un abus deconfiance : nous avons cru, à tort.

Croire, c'est s'en remettre à quelque chose ou à quelqu'un d'autre que soipour juger.

Nous ne sommes, par conséquent, condamnés à l'illusion ou à l'erreur que pour autant que nouspréférons croire que juger par nous-mêmes.

En ce sens, toute croyance qui naît d'une confiance aveugle dansle but d'affirmer quelque vérité non fondée est totalement irrationnelle, et ce en un sens absolument négatifpour le champ de la connaissance, car source d'illusion.

L'attitude qui mène à la croyance est donc tout à faitincompatible avec l'attitude scientifique qui suppose que l'on ait le courage de se servir de son propreentendement (Kant), et surtout que l'on fonde en raison pour véritablement connaître ce que l'on ne faisaitque croire. · A cet égard, l'analyse que fait Bachelard , notamment dans La formation de l'esprit scientifique, est exemplaire.

En effet, il explique à quel point les croyances, du type de l'opinion (notamment véhiculée autravers d'images) constitue des obstacles épistémologiques qui bloquent le progrès des sciences.

On s'aperçoitalors nettement que cette croyance, en tant qu'elle est réglée par l'usage et l'habitude, bloque le progrès dessciences, et est donc en ce sens tout à fait incompatible avec la démarche scientifique, et doit même en êtrebannie. · De la même manière, la croyance du type « foi » semble aussi être tout à fait incompatible avec la science puisqu'elle donne à la création du monde des explications tout à fait différentes que celles que nous apportentles scientifiques (cf.

Créationnisme contre Darwinisme).

On voit donc difficilement comment concilier croyanceet science.

Et cette incompatibilité semble condamner la croyance à la non efficience cognitive, voire àl'obstacle épistémologique. · Ce qu'il faut comprendre en réalité c'est bien que la vérité scientifique est objectivante, et dans cette perspective, il semble bien que ce qui appartient au domaine de la subjectivité nous condamne à l'erreur. II- Le subjectif entretient-il seulement un rapport avec le vrai et le faux ? · Pourtant, la vérité semble bien être subjective, au sens où chacun possède ou croit posséder des vérités sur les choses.

Dès lors, sur un même thème, différents sujets ne seront pas d'accord, chacun étant persuadéqu'il possède la vérité sur les choses.

C'est comme telle que semble se caractériser l'opinion qui révèle la libertéde chacun de choisir sa propre vérité selon qu'il est convaincu par telle ou telle preuve.

L'opinion est donc uneadhésion librement consentie un état de fait ou à une proposition, un discours.

On donne donc sonassentiment aux choses selon si l'état de choses en question nous satisfait où non.

La vérité semble doncbien être affaire de subjectivité, tout discours devant recevoir un assentiment pour être dit vrai ou non.

Aussil'adhésion supposant un choix, il semble bien que l'on puisse choisir de consentir à telle ou telle proposition, eten effet, Protagoras ne dit-il pas que « l'homme est la mesure de toute chose » ? ( Platon , Théétète, 152 a). Dès lors, il y aurait un relativisme de la vérité, chaque sujet, étant lui-même mesure des choses, pouvantlibrement décider de consentir ou non à un état de faits. · Le sujet croit alors à la vérité d'un discours ou d'une chose et c'est cette croyance, définie comme acte de la volonté libre et réfléchi, qui semble se faire le critère de la vérité elle-même.

La volonté décide de donnerson assentiment à une chose, librement, et la vérité est alors subjective et relative au sujet qui la croit.

Lacroyance connaît ses raisins, et en tant qu'acte de la volonté, elle est libre et c'est donc l'esprit qui décide ounon de la vérité de ce qui lui est présenté.

Pascal , dans De l'esprit géométrique, écrit : « Personne n'ignore qu'il y a deux entrées par où les opinions sont reçues dans l'âme, qui sont ses deux principales puissances,l'entendement et la volonté.

La plus naturelle est celle de l'entendement car on ne devrait jamais consentirqu'aux vérités démontrées ; mais la plus ordinaire, quoique contre la nature, est celle de la volonté ; car toutce qu'il y a d'hommes sont presque toujours emportés à croire, non pas par la preuve, mais par l'agrément ».L'esprit aime donc à croire que le monde est telle qu'il le pense, il aime à croire que ce qu'il choisit de penser,que sa vérité, est la vérité.

Mais selon Pascal, l'ordre est normalement de chercher d'abord savoir avant dedonner son assentiment.

Cependant, il y a un plaisir à croire des choses qui nous satisfont. · La croyance, qui semble caractériser la vérité à laquelle je choisis de consentir, semble donc trouver son fondement dans la satisfaction et dans l'assentiment.

Dès lors, si je choisis librement ma croyance, il semblenéanmoins que cette croyance reste du domaine de l'incertitude voire de l'erreur, là où ce que je rechercheest la vérité.

Le critère de la croyance pour définir le choix de ma vérité semble donc conduire infailliblementnon seulement au relativisme, mais également à l'erreur, à l'illusion.

Fonder la vérité sur la subjectivité semblealors impossible. · Pourtant, et on l'a vu, un tel critère repose sur la notion de vérité scientifique comme vérité fondée sur l'objectivité, l'évidence et l'universalité.

Mais un tel empire nie la réalité d'autres formes de connaissances quisont certes subjectives, mais non pas fausses.

De telles connaissances, en réalité, semblent échapper à ladistinction du vrai et du faux. · Ainsi, l'on peut parler de connaissance toutes les fois qu'un sujet a un rapport intime avec son objet.

Ainsi parle-t-on de connaissance religieuse ou de connaissance artistique.

La connaissance religieuse ne passe par. »

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