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Ce qui est vrai en théorie peut-il être faux en pratique ?

Publié le 29/03/2004

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 Le langage courant oppose volontiers la théorie à la pratique. Aussi fait-il correspondre à chacune d’elles un domaine bien défini : celui de la morale et celui de la science. En effet, la morale se définit comme une pratique, car le sujet est toujours confronté à l’action qu’il doit choisir. Au contraire, la science consiste dans un ensemble de propositions théoriques, comme les axiomes et les théorèmes des mathématiques ou les lois universelles de la physique. Cependant, l’opposition entre théorie et pratique ne semble pas recouvrir de domaines définis. L’action morale est pratique, mais la maxime qui la guide peut être considérée comme théorique. De même les propositions scientifiques sont-elles théoriques, alors que l’expérimentation à l’œuvre dans la science est assimilée à une pratique. Quel que soit le domaine considéré, la théorie consiste toujours en un ensemble de règles ou de principes qui servent à guider notre jugement. Nous pouvons ainsi la distinguer de la pratique, qui se comprend comme l’activité volontaire qui met en application les règles et les principes définis par la théorie.

     La maxime selon laquelle « ce qui est vrai en théorie peut être faux en pratique « laisse entendre qu’une théorie peut être réfutée par la pratique. Autrement dit, un ensemble de règles et de principes est faux, s’il n’a pas fait ses preuves dans la réalité. Notre problème consistera donc à déterminer si une théorie peut être réfutée par sa mise en application, ou au contraire, si sa vérité en est toujours indépendante.

« droit).

Par conséquent, la vérité d'une théorie n'est jamais infirmée par la pratique, parce qu'elle est établie a priori . II.

La pratique peut invalider une théorie L'argument de Kant repose pour l'essentiel sur la possibilité d'établir a priori la vérité d'une théorie.

Mais la science, au cours de ses investigations, nous montre que la vérité d'une théorie est d'abord éprouvée par lapratique.

Ainsi, c'est toujours l'expérimentation qui décide de la vérité d'une construction théorique. a. Dans le Novum organum , Bacon considère le rôle fondamental que joue l'expérience dans l'acquisition des connaissances scientifiques.

Selon lui, la vérité d'une théorie scientifique dépend d'une expérience cruciale.Cette dernière consiste dans le contrôle de deux théories rivales par une même expérimentation : la réfutationde l'une implique obligatoirement la confirmation de l'autre.

Cependant, l'expérience cruciale n'est pas décisive,car une troisième théorie est toujours possible. b. Dans la Logique de la découverte scientifique , Karl Popper critique la conception baconienne.

Selon lui, une expérience particulière peut réfuter une loi ou une théorie générale, mais elle ne constitue pas une preuve desa vérité.

Le seul critère de vérité d'une théorie réside dans ce que Popper appelle sa « falsifiabilité » .

Celle-ci consiste à affirmer, d'une part, que la vérité d'une théorie peut être réfutée, mais non confirmée parl'expérience.

Et d'autre part, elle constitue un test de scientificité : la valeur scientifique d'une théorie dépendde la possibilité d'un cas empirique capable de la réfuter.

Par exemple, la découverte d'un corbeau blanc réfuterait la loi selon laquelle “tous les corbeaux sont noirs”, tandis que le énième corbeau noir aperçu neprouvera pas que cette loi est définitivement vraie.

Nous pouvons donc en conclure que la pratique peutinvalider la théorie, mais non la valider. c. III.

Toute théorie est le résultat d'une pratique Dans les analyses menées jusqu'à présent, nous avons présupposé que la théorie préexistait à la pratique, quecette antériorité soit transcendantale (l' a priori chez Kant) ou temporelle (la théorie scientifique chez Popper). Mais toute théorie est en réalité le résultat d'une pratique historique et sociale.

Dès lors, si ce qui est vrai enthéorie peut s'avérer faux en pratique, c'est qu'une certaine pratique à amener à une théorie nécessairementfausse. a. Dans l' Idéologie allemande (Section A, 1 re partie), Marx peut ainsi dépasser la simple opposition entre théorie et pratique, en montrant que toutes les productions théoriques de l'homme sont l'œuvre d'une praxis .

En effet, l'idéologie est toujours le produit du rapport de la pensée et de la réalité historique, et non de la seule pensée.Son origine repose sur la division sociale du travail intellectuel et du travail manuel, qui amène uneémancipation de la conscience, s'imaginant autre chose que la conscience de la pratique existante. b. Le mécanisme de l'idéologie traduit une impuissance de l'individu à atteindre une universalité réelle, c'est-à-direla pratique sociale émancipée de la division du travail.

Aussi aboutit-elle à la production d'universaux fictifs parl'État, qui acquièrent une puissance d'oppression en s'emparant des forces sociales qui les ont produites.L'idéologie est toujours aliénante, car elle fait oublier ses propres conditions de production, pour s'ériger enentité autonome (par exemple, la Justice, le Droit, l'Homme).

Par conséquent, la théorie s'avère fausse enpratique, parce qu'elle constitue de fait une falsification ou une abstraction de la pratique réelle. c. Conclusion En conclusion, la célèbre maxime selon laquelle « ce qui est vrai en théorie peut être faux en pratique » nesemble tirer sa vérité que d'une distinction assurée entre le domaine de la théorie et celui de la pratique.

En effet,elle postule que la théorie est antérieure à la pratique, et par conséquent, que cette dernière à le pouvoir de laréfuter.

C'est oublier que la constitution de la théorie suppose elle-même une certaine pratique.

Dès lors, unethéorie n'est jamais un ensemble neutre de règles et de principes, qui attendrait la réfutation de la pratique.

Aucontraire, nous devons considérer que ce qui est faux en pratique s'avère faux en théorie.. »

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