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Ce qui est vraiment normal, est-ce ce qui est naturel ?

Publié le 05/01/2004

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Le sujet invite à mettre en question le lien étroit que les notions de «norme« et de «nature« ont originellement noué. Il s'agissait donc, pour problématiser la question, de se demander à quelles conditions il était possible de penser la nature sans la confondre avec une normalité. La nature peut-elle être autre chose qu'une norme? Peut-il y avoir une anormalité naturelle? Pour cela, il fallait se tourner vers tes phénomènes qui, dans la sphère de la nature, semblent procéder d'une créativité, d'une puissance d'innovation irréductible à une quelconque norme. La nature peut-elle surprendre ou bien, quand on la connaît suffisamment, est-elle toujours conforme à elle-même?

Lorsqu'on affirme qu'il « faut être naturel «, cela signifie qu'il ne faut pas s'embarrasser de précautions dont personne n'est vraiment dupe : il faut «être soi-même«. Mais d'un autre côté, on se réclame souvent du naturel pour excuser une conduite contraire aux règles de bienséance : il s'est mis en colère parce que « c'est sa nature «. Est-ce donc parce qu'on recourt au naturel fréquemment qu'on doit en faire le critère du vrai et du bien? Est-ce parce qu'il est normal qu'il doit devenir normatif et le cas échéant, à quelles conditions?

  • I. Ce qui est naturel est normal
  • II. Le naturel ne peut être normatif.
  • III. Le naturel comme référence

 

« Lorsqu'on affirme qu'il « faut être naturel », cela signifie qu'il ne faut pas s'embarrasser de précautions dontpersonne n'est vraiment dupe : il faut «être soi-même».

Mais d'un autre côté, on se réclame souvent du naturelpour excuser une conduite contraire aux règles de bienséance : il s'est mis en colère parce que « c'est sa nature ».Est-ce donc parce qu'on recourt au naturel fréquemment qu'on doit en faire le critère du vrai et du bien? Est-ceparce qu'il est normal qu'il doit devenir normatif et le cas échéant, à quelles conditions? 1.

Ce qui est naturel est normal Si on définit le naturel comme ce qui relève de l'instinct, alors il serait mensonger d'affirmer que sa présence enl'homme est anormale.

Car avant d'être raisonnable, l'homme est un animal, capable de ressentir.

Un certainrefoulement de ses pulsions est bien sûr nécessaire pour vivre en harmonie avec lui-même et avec ses semblables.Mais, comme l'explique Freud, la négation de notre naturalité peut induire des comportements déviants.

Ainsi, c'estparce qu'il s'est montré incapable de donner une satisfaction, au moins substitutive, à ses pulsions naturelles, que lenévrosé est passé du côté des malades mentaux, des «anormaux».On pourrait alors penser, comme Calliclès, que le naturel doit devenir normatif et s'exprimer, sous peine de rendrel'individu maladif « le beau et le juste selon la nature, c'est d'entretenir en soi-même les plus fortes passions au lieude les réprimer » (Gorgias, Platon). En règle générale, la loi et la nature se contredisent.

D'un point de vue naturel, le plus grand des maux est de subirl'injustice et non pas de la commettre.

Pour la loi, il ne faut pas commettre l'injustice.

Les lois sont ainsi établies parles faibles - et pour eux - en vue de se protéger des débordements de force des plus puissants.

C'est du point devue des faibles que la loi décrète ce qui est digne d'éloge ou au contraire blâmable.

La notion d'égalité dans lajustice obéit au même principe : la même loi pour tous, en établissant une égalité par le bas.

Quiconque n'agit pascomme le fait et le veut la multitude est puni par la loi.

Au contraire, la nature montre qu'il est juste que le supérieurl'emporte sur l'inférieur, et le plus capable sur le moins capable.

La nature est le siège d'une lutte de forces, où laplus puissante est destinée à l'emporter et à dominer.

Les bâtisseurs d'Empires n'ont pas autrement agi, en pillant,massacrant, pour s'approprier et dominer.

La soumission à la justice égalitaire est donc le fait des faibles, quicraignent les puissants et sont incapables de dominer. Pourtant, l'humanité s'est construite contre la nature, par « la voix de la conscience » (Bataille, l'Érotisme).

N'est-ilpas en ce cas contradictoire d'ériger en norme ce avec quoi l'homme doit rompre pour devenir un homme? II.

Le naturel ne peut être normatif. L'avènement de l'humanité par l'institution, la technique et le langage, implique le renoncement au naturel.

Hobbesillustre cette thèse dans le registre politique.

Si l'homme était resté à l'état de nature, c'est-à-dire dans la conditionprécédant toute forme de vie collective régulée par des lois, il n'aurait pas survécu longtemps.

Sa vie et ses biensauraient été en permanence menacés, et il n'y aurait eu aucune justice.

Le naturel n'est donc pas une norme maisce qu'il faut fuir, pour vivre en harmonie avec ses semblables. Lorsque l'on revendique le naturel, il faut en outre s'assurer qu'on ne le confond pas avec l'artificiel ou l'acquis.L'acte de manger, par exemple, est naturel : il est nécessaire à la préservation de l'être vivant.

Mais utiliser descouverts et préparer tel plat plutôt que tel autre, est culturel.

Merleau-Ponty en conclut qu'«Tout est fabriqué ettout est naturel chez l'homme, comme on voudra dire, en ce sens qu'il n'est pas un mot, pas une conduite, qui nedoive quelque chose à l'être simplement biologique.» Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception (1945).

L'idéed'une âme qui place l'homme à part de la nature a pour soubassement une conception religieuse de l'homme.

Si l'onveut conserver l'idée que l'homme malgré tout n'échappe pas à la nature, tout en conservant sa spécificité absolue,on peut dire avec Merleau-Ponty que, en l'homme, le naturel et le culturel se confondent: il n'y a aucun acte humainqui ne puisse être rapporté à du biologique.

Mais, de l'autre côté, le sens de ces actes, même les plus primitifs, esttoujours culturel.

Tout est naturel en l'homme, mais pour l'homme, tout est culturel.. »

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