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En quoi celui qui exerce le pouvoir s'en trouve-t-il changé ?

Publié le 27/02/2008

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Dans la cité idéale, ce sont les philosophes qui sont amenés à exercer le pouvoir politique, car eux seuls peuvent, par leur éducation philosophique, se dégager de l'intérêt personnel et des désirs liés au monde sensible, pour se sacrifier à l'intérêt de la cité et éduquer leurs citoyens à la sagesse et à la seule destination de l'âme, qui est le bien du monde intelligible.               2° C'est en exerçant le pouvoir qu'un homme devient un véritable dirigeant             Il est cependant possible de penser que si le pouvoir stimule une volonté de domination et d'hégémonie chez celui qui l'exerce, il n'en reste pas moins que c'est par l'exercice même du pouvoir qu'un homme apprend à gouverner. La fonction crée, dans cette perspective, la nature propre à l'accomplir. Weber, dans Le savant et le politique, amène l'idée que l'instinct de puissance est naturel chez celui qui exerce le pouvoir, et que ce désir est une force motrice de l'action politique. C'est en exerçant le pouvoir que l'homme politique apprend à concilier ce que Weber nomme l'éthique de la conviction, qui consiste à vouloir faire son devoir, et l'éthique de la responsabilité, qui demande au dirigeant de pouvoir répondre de la conséquence de ses actes. L'exercice du pouvoir ne serait donc pas le résultat d'un savoir préexistant, mais il constitue un apprentissage pragmatique qui change celui qui l'exerce dans la mesure où seul cet exercice lui apprend jusqu'où il peut aller dans l'utilisation de la force. C'est donc en exerçant le pouvoir que la nature d'un homme se transforme en la nature d'un dirigeant capable à la fois de réalisme politique et de responsabilité.               3° L'exercice du pouvoir doit changer les hommes en êtres libres et leur permettre ainsi de réaliser ce qui en eux constitue l'humanité             Nous avons considéré la vertu éducative du pouvoir chez le dirigeant politique. Ne peut-on pas alors penser que cet effet du pouvoir sur la nature de l'homme peut être étendu à tous les citoyens qui participent à la vie politique, et peut non pas seulement créer un bon dirigeant, mais faire accéder les hommes à la liberté qui est inscrite dans leur nature ? Rousseau, dans Le contrat social, pense un contrat dans lequel chaque homme devient à la fois sujet et citoyen en aliénant sa volonté personnelle à la volonté générale.

Il est courant de dire que l’exercice d’un pouvoir, notamment politique, requiert des qualités précises : la capacité à commander, la stabilité et la solidité du caractère, alliées au réalisme et à la souplesse. Il semble que cette idée ne témoigne pas seulement de la crainte d’un pouvoir mal exercé, mais aussi de celle d’un pouvoir dangereux, d’un  abus de pouvoir, de l’apparition d’une « ivresse du pouvoir « chez celui qui l’exerce. Doit-on alors penser que ce risque repose sur une évolution du dirigeant sous l’effet du pouvoir lui-même, et non seulement sur un  caractère qui ne serait pas adapté à cette fonction ? Se demander en quoi le pouvoir change celui qui l’exerce amène à se demander en quoi le pouvoir, qui est une fonction, peut transformer, par une dynamique qui lui serait propre, la nature même de celui qui l’exerce. Cette question dépend alors à la fois de la conception de la nature humaine et de la conception du pouvoir que l’on adopte: en quoi la nature humaine nous rend-t-elle malléable à l’exercice du pouvoir, et tout exercice d’un pouvoir amène-t-il les mêmes effets ? Nous verrons dans un premier temps que l’exercice du pouvoir tend inéluctablement à  transformer la nature de celui qui l’exerce en âme de tyran, avant de se demander si le pouvoir ne peut pas constituer un apprentissage positif qui fait d’un homme un dirigeant réaliste et capable. On pourra alors se demander dans quelle mesure penser le pouvoir non plus comme le pouvoir d’un seul, mais de tous, change la nature de chaque homme devenu citoyen.

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