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En quoi notre parole nous engage-t-elle ?

Publié le 31/08/2005

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Toutes les passions rapprochent les hommes que la nécessité de chercher à vivre force à se fuir. Ce n'est ni la faim, ni la soif, mais l'amour, la haine, la pitié, la colère, qui leur ont arraché les premières voix. Les fruits ne se dérobent point à nos mains ; on peut s'en nourrir sans parler ; on poursuit en silence la proie dont on veut se repaître : mais pour émouvoir un jeune coeur, pour repousser un agresseur injuste, la nature dicte des accents, des cris, des plaintes. Voilà les plus anciens mots inventés, et voilà pourquoi les premières langues furent chantantes et passionnées avant d'être simples et méthodiques. »  La parole n'a donc d'autre sens que celui d'exprimer nos passions, nos états d'âme et nos engagements les plus intimes.   III/ Notre parole est également un bien pour autrui.               Quel repère donner dès lors à une parole qui peut tout aussi bien se révéler comme un instrument puissant de domination que comme le moyen d'exprimer ce qui nous est le plus cher ? Dans le premier cas, toute relation de confiance est détruite. Dans le second cas, la parole est expression de l'intimité et n'acquiert donc cette valeur que dans un contexte d'intimité également. Or, pour qu'apparaisse ou non cette intimité, ne devons-nous pas passer par la parole ?

La subtilité de ce sujet est particulièrement frappante. La parole est d’habitude présentée comme une capacité qui nous est propre. Ainsi, nous entendons par-là le fait de nous exprimer personnellement par l’intermédiaire d’une langue spécifique. Le fait que « l’homme parle « comme le dit Heidegger, montre l’importance que la parole peut avoir pour nous. Comme nous parlons sans cesse, que ce soit éveillé ou en rêve, en nous taisant ou en nous exprimant par un langage, et qu’ainsi la parole nous dépasse, il semble difficile de la résumer à un simple instrument entre nos mains. Pourtant, cela pourrait être le sens de l’expression « notre parole « employée ici. « Notre « reste un adjectif possessif. Nous avons donc un pouvoir de possession de la parole qui la rend propre à notre individualité. Or, ce rapport de propriété ne se fait peut-être pas dans un sens unilatéral. Si nous pouvons posséder la parole, par l’intermédiaire de la rhétorique, il semble que sans la parole, nous serions également incapables d’exprimer clairement des passions, des volontés, et des engagements. La métaphore qui renvoie à la promesse, au sens où nous donnons notre parole irait alors plutôt dans ce sens. Dès lors, la parole est-elle une simple propriété dont nous disposons ou a-t-elle la vertu de faire apparaître notre essence d’homme ? Après être passés par le pouvoir politique et la profondeur d’une parole laconique, nous reviendrons sur l’acte même de parler qui nous pousse à dévoiler notre être tout autant qu’à découvrir l’autre.

 

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