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En quoi La Princesse de Clèves est-il un roman classique?

Publié le 25/09/2010

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Lors du règne personnel de Louis XIV de 1661 à 1715, ce souverain de France met en place une monarchie absolue dans laquelle il concentre tous les pouvoirs. A cette même époque naît le mouvement littéraire et culturel du classicisme, durant la seconde moitié du XVIIè siècle dans lequel les auteurs développent un art de mesure et de raison, fondé sur l'idéal de perfection. C'est en plein dans ce courant que Mme de Lafayette écrit son deuxième roman, La Princesse de Clèves en 1678, annonymement. En quoi pouvons-nous dire que ce roman est un roman classique? Les nombreux points communs avec la tragédie classique et le respect des doctrines du classicisme par l'auteur, permettront d'inclure cette oeuvre dans ce grand mouvement esthétique.

 

La Princesse de Clèves peut être qualifiée de « classique « car il possède des caractéristiques communes avec la tragédie, genre par excellence du classicisme. En effet, Mme de Lafayette a suivi la structure de la tragédie pour construire son roman. Ainsi au début de son oeuvre, en guise d'exposition, elle nous décrit la cour du souverain de France, Henri II, nommée la Cour des Valois. C'est un lieu dangereux, soumis à l'omniprésence d'un jeu d'influence entres les différentes personnalités de la Cour et où chacun est constamment sous le regard des autres. Dans cette partie du roman, Mme de Lafayette souligne aussi la fonction de Mme de Chartres qui est responsable de sa fille et lui apprend tout ce qu'elle doit savoir sur l'amour et la Cour: « elle faisait souvent à sa fille des peintures de l'amour «. Après, l'évènement correspondant au noeud tragique peut être attribué au coup de foudre entre la Princesse de Clèves et le duc de Nemours lors du bal: «  M. de Nemours […] de tout le soir […] ne put admirer que Mme de Clèves « et « Ce prince était fait d'une sorte qu'il était difficle de ne pas être surpise de le voir «. Suite à cela, les péripéties sont nombreuses. Il y a la mort de Mme de Chartres puis celle de M. de Clèves qui provoque l'engouffrement de l'héroine dans la solitude, sa passion croissante pour M. de Nemours contre laquelle elle ne peur lutter, le vol du portrait de Mme de Clèves par le duc de Nemours et l'histoire de la lettre égarée du vidame de Chartres.

Enfin, à la fin du roman, la mort du héros, caractéristique de la tragédie classique est, dans le roman de Mme de Lafayette, traduit par la mort « sociale « de Mme de Clèves qui se retire dans un couvent, isolée, alors qu'à la cour, elle était entourée de personnes avec qui elle entretenait des relations amicales ( ex: Mme Martigues) ou intimes (ex: son amie intime Marie Stuart, la reine Dauphine).

D'autres éléments présents dans le roman permettent de rapprocher La Princesse de Clèves à la tragédie classique. La reprise de thèmes tragiques en est un. On retrouve les dujets tels que l'impossibilité de vivre un amour partagé, la violence des sentiments tels l'amour et la jalousie, la faiblesse de la raison face à ceux-ci et la forte présence de la mort qui semble être l'issue inéluctable des passions, qu'elle soit physique (comme celle de M. de Clèves) ou sociale ( comme celle de Mme de Clèves).  Il y a aussi la présence d'un dilemme auquel est soumise Madame de Clèves: «  persuadée qu'elle devait fuir sa vue comme une chose […] opposée à son devoir. Mais cette persuasion, qui était un effet de sa raison […] n'entrainait pas son coeur «. Elle doit choisir de suivre sa raison ou son coeur.

 

Tout au long de son roman, on constate que Mme de Lafayette adopte les règles et doctrines qui régissent l'esthétique classique. En effet pour que son roman puisse paraître vraisemblable, elle a choisi l'époque du règne d'Henri II avec sa cour ( la Cour des Valois) pour ancrer son récit dans une vérité historique. A cela s'ajoute les personnages du roman qui sont aussi des personnalités qui ont réellement existé, comme le duc de Guise François Ier, ou la reine Dauphine Marie Stuart. Cependant, bien que Mme de Lafayette ait cherché à rendre son récit le plus proche du vrai possible, la scène de l'aveu, lors de la publication du roman, a été sujette à beacoup de critiques. Elles lui reprochaient d'être invraisemblable car une femme mariée ne pouvait avouer à son mari qu'elle aimait quelqu'un d'autre ( citation du comte de Bussy-Rabutin: « une femme dit rarement à son mari qu'on est amoureux d'elle, mais jamais qu'elle ait de l'amour pour un autre que lui «.)

Mme de Lafayette applique aussi la règle des bienséances dans son récit. Lors des descriptions, elle ne présente rien qui puisse choquer le public. Ainsi lorsque le roi ce blesse lors du tournoi, l'accident nous est rapporté par cette unique phrase, dans laquelle la violence et la brutalité du choc ne sont point suggérées par l'auteur: « Il courut, les lances se brisèrent, et un éclat de celle du comte de Montgomery lui donna dans l'oeil et y demeura. «.  Les propos des personnages restent dans les limites de la bienséances. En effet le spersonnages ne disnet que ce que la politesse leur permet et ne vont pas au delà.

Enfiin, elle n'a pas oublié d'écrire son roman dans le but de « plaire et instruire « son public, comme il en demandé d'une oeuvre classique. Elle nous décrit des scènes plaisantes telles celles des tournois, ou des cérémonies de mariage, ou encore les histoires galantes entre les habitans de la Cour. Cependant La Princesse de Clèves n'a pas comme seul but de nous divertir et a aussi une porté morale. L'auteur nous pousse à réfléchir sur les dangers et les influences de la Cour et aux puissances des passions devant lesquelles l'Homme eput parfois être trop faible. A travers les réflexions internes de certains personnages, elle nous montre la compléxité des sentiments comme l'amour ou la jalousie et à quel point il est difficile, et parfois même impossible, de lutter contre eux.

 

La Princesse de Clèves peut être appelée un roman classique (en tant que roman appartenant au mouvement du classicisme) car la structure Du récit est identique à celle d'une tragédie classique et l'auteur, en l'écrivant, s'est souciée de respecter les règles de vraisemblance, de bienséance et de « plaire et instruire « son public, qui sont trois règles importantes dans le courant classique. En publiant ce roman, Mme de Lafayette en a fait le premier roman classique mais aussi le premier roman d'analyse psychologique. C'est ainsi que va naître une nouvelle tradition littéraire dans laquelle le roman va être utilisé pour atteindre la conscience des personnages et la vérité psychologique de l'âme humaine.

 

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