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A quoi tient le plaisir de la représentation ?

Publié le 27/02/2008

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Une représentation, soit mentale, soit matérielle, se définit par rapport à un objet, dont elle propose une image alors qu’il est actuellement absent.

Le plaisir est une sensation ou une émotion agréable, liée à la satisfaction d’un besoin ou d’un désir. Il faut bien distinguer entre besoin et désir, car ces deux concepts dessinent deux sources distinctes du plaisir. Lorsque j’éprouve du plaisir à la satisfaction d’un désir, j’éprouve une satisfaction liée à ce que Spinoza nomme dans l’Ethique « l’accroissement de ma puissance d’agir «. En effet, je jouis non seulement de l’objet que j’ai atteint mais également de ma faculté à l’atteindre. Lorsque j’éprouve du plaisir à la satisfaction d’un besoin, ce plaisir provient du sentiment que je viens de faire quelque chose d’indispensable à la perpétuation de ma vie.

Si nous nous demandons à quoi tient le plaisir de la représentation, nous cherchons à savoir si le plaisir de la représentation provient de la satisfaction d’un désir ou d’un besoin. Nous tenterons de répondre à cette question en distinguant entre l’auteur de la représentation et son spectateur.

 

« "La poésie semble bien devoir en général son origine à deux causes, etdeux causes naturelles.

Imiter est naturel aux hommes et se manifestedès leur enfance (l'homme diffère des autres animaux en ce qu'il esttrès apte à l'imitation et c'est au moyen de celle-ci qu'il acquiert sespremières connaissances) et, en second lieu, tous les hommesprennent plaisir aux imitations.Un indice est ce qui se passe dans la réalité : des êtres dont l'originalfait peine à la vue, nous aimons à en contempler l'image exécutée avecla plus grande exactitude ; par exemple, les formes des animaux lesplus vils et des cadavres.Une raison en est encore qu'apprendre est très agréable auxphilosophes, mais pareillement aussi aux autres hommes ; seulementceux-ci n'y ont qu'une faible part.

On se plaît à la vue des images parcequ'on apprend en les regardant, et on déduit ce que représente chaquechose, par exemple que cette figure c'est un tel.

Si on n'a pas vuauparavant l'objet représenté, ce n'est plus comme imitation quel'oeuvre pourra plaire, mais à raison de l'exécution, de la couleur oud'une autre cause de ce genre.L'instinct d'imitation étant naturel en nous, ainsi que la mélodie et lerythme (car il est évident que les mètres ne sont que des parties desrythmes), dans le principe ceux qui étaient le mieux doués à cet égard firent petit à petit des progrès, et la poésie naquit de leurs improvisations." ARISTOTE. Aristote soutient ici que l'art, y compris dans son aspect imitatif, fait partie des conditions d'une vie harmonieuse,parce qu'il est une virtualité que la vie humaine doit réaliser pour être complète.

Ces propos peuvent être lus commeune critique de la position de son maître Platon. Aristote traite ici de la poésie ; cependant, l'argumentation, dans un premier temps, se développe à propos del'imitation par l'image.Tout d'abord, Aristote porte sur l'homme un regard de biologiste : il le compare aux autres animaux.

Comme eux, ilpossède une nature et sa perfection consiste dans l'achèvement de cette nature, conçue comme harmonieuse, noncontradictoire.La propension à l'imitation, loin de flatter de bas instincts, fait partie des potentialités que l'homme se doit deréaliser.

C'est pourquoi, avant d'être considérée dans son résultat, comme une image de la réalité, l'imitation estprésentée comme une activité : son premier résultat est l'apprentissage, l'enfant apprend en imitant les adultes.Cette activité est volontaire car suivre un penchant naturel est agréable.Cependant, le plaisir pris à l'imitation est aussi celui de la contemplation : mais la contemplation n'est pas ici unentraînement passif, elle est aussi une activité.

En effet, tout en sachant que ce que nous percevons n'est pas laréalité même, nous identifions ce qui est représenté, nous exerçons à son propos une activité intellectuelle, autreexpression de la nature humaine : « on déduit ce que représente chaque chose ».

N'oublions pas, en effet, quel'artifice, malgré son pouvoir d'évoquer une réalité, en est intrinsèquement très éloigné (voir texte 91.

Il ne s'agitdonc pas simplement d'identifier un sujet de la représentation, mais de jouir de l'imitation et de ses procédés, dupoint de vue qu'elle nous donne sur la réalité.

Aristote envisage d'ailleurs le cas d'objets désagréables par eux-mêmes et dont on peut faire une belle représentation ; il évoque aussi la situation d'un individu qui découvre unereprésentation sans avoir vu l'original.Le don de créer, qui se traduit à l'origine, avant l'existence d'un savoir-faire codifié, par la faculté d'improvisation,est réservé à certains, mais la même disposition naturelle, possédée à un degré moindre, permet néanmoinsd'apprécier les oeuvres d'art. III. La satisfaction des désirs et des besoins se retrouvent chez l'auteur et le spectateur de la représentation a.

Le désir d'immortalité de l'auteur Cependant, le plaisir de la représentation tient également pour l'auteur à la satisfaction d'un désir, et non passeulement d'un besoin.

Hannah Arendt dans « Condition de l'homme moderne » définit l'œuvre comme l'artefact quiéchappe au devenir, c'est-à-dire, comme un artefact pérenne, par opposition aux productions du travail qui nevisent qu'à la reproduction de l'énergie humaine et sont constamment détruites, puis de nouveau produites, aucours du cycle ininterrompu de la vie.

Ce qu'un artiste attend d'une œuvre d'art, c'est que son nom, le souvenir desa propre existence, acquiert la pérennité qui est la caractéristique intrinsèque de l'œuvre d'art.

En d'autres termes,le plaisir de la représentation chez l'artiste tient à un désir d'immortalité. b.

Le besoin de divertissement du spectateur De même, le spectateur de la représentation éprouve un plaisir qui tient à un besoin intime de divertissement.

Pardivertissement, nous entendons à la fois le concept pascalien de fuite devant la conscience de la mort et lesentiment de vacuité de la vie ; mais également, dans un sens plus moderne, le concept d'amusement ressenti lorsd'une activité qui agrée.

Il s'agit là de deux besoins intimes de l'homme, à la réalisation desquels tient le plaisir de la. »

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