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A-t-on raison d'accuser la technique ?

Publié le 30/01/2004

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technique
et devient généralement aussi stupide et ignorant qu'il soit possible à une création humaine de la devenir. » (« La richesse des nations », 1776) Les formes modernes de travail consistent (si l'on s'en réfère à Taylor et à Ford) à décomposer les opérations nécessaires à la fabrication d'un objet & à attribuer chacune d'elles à un ouvrier. Cette forme de division du travail, si elle favorise la production dans des proportions exponentielles, fait que d'une part la conception de l'objet et son exécution sont deux tâches séparées, attribuées à des hommes bien distincts (ce qui suppose que certains ne sont plus que des exécutants purs & simples, travaillant avec des machines & à leur rythme), et que, d'autre part, l'objet n'est plus produit littéralement par personne. Non seulement un homme ne produit plus un objet du début jusqu'à la fin, mais on ne peut plus parler de travail d'équipe dans la mesure où l'organisation du travail est imposée de l'extérieur et que chacun exécute sa tâche isolément. Cet anonymat, cette séparation de la conception et de l'exécution, cette imposition d'une tâche abrutissante & répétitive, Marx la décrit en 1844 comme une véritable perversion du travail. L'ouvrier est dépossédé de son travail, et cela à plusieurs titres. D'une part en ce que son salaire ne correspond pas au travail fourni, mais permet seulement de restaurer la force du travail. D'autre part en ce que l'ouvrier ne peut en aucun cas reconnaître pour sien, comme son oeuvre, un objet fabriqué dot il n'a fourni qu'une partie infime. Non seulement nulle fierté n'est possible, mais nulle reconnaissance. « Le travail est extérieur à l'ouvrier [.
La technique est inhumaine, aliène l'homme et favorise l'exploitation de l'homme par l'homme. Mais, s'il est bien vrai qu'en toute réalisation technique l'on retrouve l'intelligence humaine, il ne faut pas oublier que l'objet technique n'est en lui-même aucunement doué de pensée. S'il faut accuser quelqu'un, c'est l'homme qui fait un mauvais usage mais pas la technique elle-même.

technique

« raison, mal outillée, cependant quand ils se mettaient en train, ils mettaient à boutde faire entre eux environ douze livres d'épingles par jour ; or, chaque livrecontient au-delà de quatre mille épingles de taille moyenne [...].

Mais s'ils avaienttous travaillé à part et indépendamment les uns des autres, et s'ils n'avaient pasété façonnés à cette besogne particulière, chacun d'eux assurément n'eût pas faitvingt épingles, peut-être pas une seule, dans sa journée, cad pas, à coup sûr, ladeux cent quarantième partie, et pas peut-être la quatre mille huit centième partiede ce qu'ils sont maintenant en état de faire, en conséquence d'une division etd'une combinaison convenables de leurs différentes opérations.

» SMITH , « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations ». Pour montrer l'efficacité de la division du travail, Smith prend comme exemple une fabrique qui produit des « objets de peu de valeur » et qu'il est donc utile de produire en grand quantité. Dans cet exemple, la division du travail possède deux aspects : d'une part,« fabriquer des épingles » devient un métier particulier alors qu'auparavant le forgeron fabriquait des épingles et aussi d'autres produits.

D'autre part ce métierlui-même est divisé en autant de métiers qu'il y a d'opérations à effectuer. L'habitude accroît l'habileté pour chacune de ces opérations, permettant ainsi uneplus grande rapidité dans le travail.

Mais la spécialisation a pour contrepartiel'incapacité à exercer le métier de forgeron dans toute sa diversité.

Et plus ladivision du travail augmente, plus chaque opération est simplifiée.

La dextéritéacquise par la répétition d'une tâche particulière n'est pas équivalente à l'habiletéde métier. Si Smith souligne ici l'utilité économique de la division du travail, à un autre endroit de son livre il en montrera la nocivité pour le travailleur : « Un homme dont toute la vie se passe à exécuter un petit nombre d'opérations simples [...] n'aaucune occasion de développer son intelligence ni d'exercer son imagination [...] Ildevient en général aussi ignorant et aussi stupide qu'il soit possible à une créaturehumaine de le devenir. » Au début du XX ième , Taylor invente « l'organisation scientifique du travail », qui vise à augmenter la productivité en rationalisant le travail.

Le travail est divisé de telle sorte que chacun n'effectue plus qu'uneparcelle de l'objet.

Le travailleur répète toujours les mêmes gestes.

Aucune habilité de métier n'est plusnécessaire, les tâches simplifiées peuvent être exécutées sans formation.

Ce qui entraîne pour l'ouvrier uneactivité dénuée de sens et ennuyeuse, simple moyen de gagner sa vie.

L'idée d'aliénation sembleparticulièrement adéquate pour désigner ces phénomènes.

La « rationalisation » du travail, est critiquée comme déraisonnable d'un point de vue humain. D'autre part, au nom de l'égalité entre les hommes, il est possible de reprocher à la rationalisation du travaild'accentuer la division entre travail intellectuel et travail manuel et entre tâches de commandement et tâchesd'exécution.

En effet, l'organisation de la fabrication du produit doit être pensée entièrement à l'avance et laproduction décomposée en un certain nombre de gestes : ce travail préalable de conception n'est pas le faitde ceux qui exécuteront le travail.

De plus, l'exécution d'une tâche dépendant de l'exécution d'une autre, lesrythmes de production doivent être strictement respectés et donc contrôlés. La technique aliène l'homme. »

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