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La raison est-elle facteur de liberté ?

Publié le 22/01/2004

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On peut identifier deux sources de la connaissance : les sens et la raison. Elles semblent à la fois distinctes et inséparables. Distinctes car elles sont contraires par un aspect essentiel : les sens saisissent immédiatement leur objet, alors que la raison ne peut saisir un objet qu'à travers des médiations, de façon indirecte. Mais en même temps inséparables, car il est tout aussi difficile de comprendre ce que serait une raison pure - un raisonnement sans objet donné - que de comprendre ce que serait une perception pure - une sensation à laquelle ne se mêlerait aucun raisonnement, ni aucune pensée. L'expérience de l'attention, par exemple, nous montre comment nous ne percevons parfois que ce que nous voulons bien percevoir. La raison se distingue à la fois de l'intuition et de la sensation par son aspect volontaire, conscient et donc libre. On peut penser que la raison laisse échapper tout un domaine de la vie humaine : celui de la conscience esthétique, et plus généralement la vie affective et les sentiments. D'autre part la raison est conditionnée par divers éléments culturels et éducatifs qu'elle ne sait plus interroger. Mais peut-elle faire l'économie de l'acceptation, de la confiance a priori, de l'acte de foi, et tout remettre en question ? La raison peut toutefois s'efforcer de mettre sous son pouvoir, sous sa juridiction, les autres facettes du psychisme.

« il est issu.

La nature, qui obéit à des raisons dont elle n'a pas conscience, n'est pas libre.] L'animal n'est pas libreL'animal obéit aveuglément à ses instincts.

Il ignore les raisons pour lesquelles il vit, se nourrit, se reproduit.

Al'inverse, l'homme cherche à comprendre ce qui le détermine.

La finalité de cette recherche est la liberté.Connaître l'origine et la nature de mes passions me permet de les contrôler, de ne pas être soumis à leurtyrannie. La raison me dit ce que je dois faire pour être libreQu'il s'agisse de mes désirs, de mon rapport à autrui ou des règles morales, je dois suivre les lumières de laraison.

Tel est le principe sur lequel se fonde toute la morale de Kant.

C'est la raison, et elle seule, qui peutjuger du bien et du mal.

Agir en conformité avec le bien, c'est être libre au sein de la communauté deshommes.

En effet, je ne suis pleinement libre qu'en respectant autrui et les liens qui m'unissent à lui. • Pour Kant, l'homme est soumis aux lois naturelles (comme, par exemple, la loi de la gravitation des corps) etsi, en ce sens, il n'est pas libre, en revanche, en tant que sujet doué de raison, sa découverte dudéterminisme de la nature lui permet de décréter librement les lois auxquelles il obéira. • Ainsi, la loi morale n'est pas une loi extérieure à laquelle on se soumet, mais une loi que l'homme, en tantqu'être raisonnable, s'impose à lui-même.

C'est en ce sens que la liberté kantienne est autonomie (du grec :autos, "soi-même" et nomos, "loi").

Ainsi, la loi morale, loin de nier la liberté, la postule. • Dès lors, être libre c'est accomplir son devoir PAR devoir, c'est-à-dire agir toujours de telle sorte que monaction puisse servir d'exemple à autrui : telle est la formule kantienne du devoir et de la dignité humaine.

Laraison rend l'homme libre et responsable. Les progrès de la liberté sont aussi ceux de la raisonPlus ma raison est grande, plus il m'est aisé de mettre de l'ordre dans mes sentiments, dans mes relationsavec autrui.

Plus il m'est simple également de déterminer quels sont les principes en concordance avec maraison morale, avec ma propre nature. • D'après Spinoza, est libre celui qui se soumet aux lois naturelles.

Il s'oppose donc à l'opinion commune quicroit que les lois sont synonymes de contraintes et que la liberté consiste à s'en affranchir. • Spinoza considère ainsi que l'homme n'est pas « un empire dans un empire », mais fait partie de la Nature, età ce titre lui obéit.

Faire acte d'allégeance envers la Nature, c'est acquiescer à la nécessité qui règne et c'estlà, la liberté authentique. • Dès lors, plus l'homme se soumettra à cette nécessité, plus il fera acte de raison, ayant compris l'ordreprofond de toutes choses.

Ainsi, la science, en dévoilant progressivement les lois de la nature, nous rendcapables de les utiliser et d'accroître du même coup notre liberté.

[La raison est imparfaite.

Ses décrets contredisentbien souvent les libres aspirations de l'instinct.Une raison trop vigilante est esclave d'elle-même. L'homme libre doit suivre ses élans vitaux.] La raison n'a pas toujours raisonLa raison morale peut faire preuve d'une déraisonnable tyrannie.

Nietzsche, parlant de la «morale desprêtres», montre à quel point elle a pu affaiblir la vie, la nier.

L'homme a des instincts qui exigent satisfaction.Si la raison contredit systématiquement cette exigence, un dépérissement progressif du corps et de l'esprits'ensuit. Nietzsche, enfin, a sonné le glas de la raison, dont il faisait remonter l'acte de naissance à Socrate etl'apparition de la dialectique.

Philosophe "à coups de marteaux", la valeur de la raison sonne creux.

C'est aussidans son berceau que le nihilisme voit le jour.

Le culte de la raison exprime un affaiblissement de la vie qui,. »

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