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LA RAISON - L'IRRATIONNEL

Publié le 29/05/2012

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Il faudrait ainsi reconnaître l'existence d'au moins quatre types différents de raisonnements auxquels il convient en outre d'ajouter ceux que mentionnent les chapitres de votre manuel portant respectivement sur l'acte volontaire et la délibération, les passions et la «logique« passionnelle, les morales dites «de l'intérêt, selon lesquelles, prévoyant et calculant à l'avance les avantages et les inconvénients d'une décision, nous pesons, comme on dit, le pour et le contre, afin d'obtenir la plus grande somme possible de satisfactions et le moins possible de désagréments, et enfin les notions de devoir, de droit, et de justice que l'on peut comprendre aussi à la lumière du rationalisme kantien....

« celle que DESCARTES établit- et que SPINOZA critique (1)- entre l'idée et le jugement, pour faire dépendre celui-ci d'un acte de la volonté qui affirme ou qui nie quelque chose de ses idées.

Le mot «raison» désigne alors uniquement ce pouvoir propre à l'homme de juger et de penser conceptuellement, de formuler par conséquent des énoncés tels que «Socrate est mortel», «mon ami est en retard», «il est peut-être malade ou il aura eu un accident», «la hauteur d'un triangle est la perpendiculaire tracée d'un sommet sur le coté opposé», etc ....

Il faut bien, en effet, reconnaître l'existence d'un tel pouvoir que seules, encore une fois, ont nié les philosophies empiristes et nominalistes comme celle de HUME mais sur lequel s'accordent en revanche, au-delà de leur vocabulaire propre et des interprétations particulières qu'elles nous en donnent, des doctrines aussi différentes que celles de DESCARTES, PLATON et KANT.

Il pourra apparaître, plus tard, que ces jugements eux-mêmes n'étaient encore que des préjugés ou des erreurs et qu'il n'est pas vrai que« les femmes sont moins intelligentes que les hommes», que «la nature a horreur de vide» ou que «la terre est un disque autour duquel tournent tous les astres».

Cela ne concerne en rien leurs propriétés formelles qui sont les mêmes que celles des jugements vrais et qui nous fournissent donc un moyen clair et indiscutable de caractériser la raison.

Remarque: En distinguant la compréhension et l'extension des concepts, votre manuel vous donne quelques indications sur les propriétés formelles de ceux-ci; il ne vous dit rien, en revanche, de celles des jugements, que l'« organon », c'est-à-dire la logique aristotélicienne- que KANT lui-même, et ce n'est pas peu, tenait pour une science« close et achevée»- a caractérisées.

ARISTOTE (2) a défini le jugement ou, plus exactement la proposition qui en est l'expression grammaticalement correcte et précise, comme «un discours par lequel on affirme ou on nie quelque chose de quelque chose» (3).

La proposition établit donc une relation entre une qualité ou une propriété générale et un objet déterminé, lequel est le sujet de la proposition, dont on affirme ou nie que cette propriété lui appartienne : «Socrate est mortel», «le triangle est un polygone de trois côtés», «tous les animaux ne sont pas des poissons» sont des propositions.

Elles sont toutes à la fois unes et multiples, unes par leur signification et multiples par les trois termes qui les constituent nécessairement à savoir: le sujet la copule du jugement (est) et le prédicat.

Tout jugement est, comme le remarque KANT, une synthèse de représentations, il est «la représentation de l'unité de différentes représentations ou la représentation de leurs rapports» (4).

On voit aussi, sans qu'il soit nécessaire d'entrer plus avant dans les conséquences théoriques importantes qui résultent de cette distinction, que tous ces jugements peuvent être interprétés soit du point de vue de la compréhension du sujet, soit du point de vue de l'extension du prédicat.

Si je dis en effet : «Tout A est B », soit : «Tout triangle est un polygone», cela signifie assurément qu'il faut nécessairement attribuer le concept ou la propriété B à la classe- et à toutes les classes -d'objets appelés A, donc ici, à tout triangle en général, qu'il soit rectangle, isocèle ou équilatéral.

B est donc une propriété que l'on pourra appeler essentielle de A puisque sans elle le concept A ne pourrait ni être ni être conçu.

Nous pourrons dire, pour reprendre la terminologie kantienne que nous avons déjà utilisée plusieurs fois, que le jugement« Tout A et B »est un jugement analytique qui ne fait qu'expliciter une propriété qui était implicitement contenue et pensée dans le concept A.

Mais cela signifie aussi, et c'est alors un tout autre point de vue que nous adoptons, que la classe des objets A est incluse ou comprise dans l'extension du concept B, autrement dit que la classe des polygones comprend en elle notamment tous les triangles.

Toutes les propositions pourront enfin être classées selon ce que la logique classique appelle la «quantité» du jugement, c'est-à-dire la forme du sujet lui-même, en propositions universelles- qui attribuent une propriété à tous les éléments d'une classe, comme : «Tout triangle est un polygone» -, particulières -par exemple : «quelques triangles sont équilatéraux -et singulières -dans lesquelles le sujet du jugement est un individu ou un objet singulier, comme lorsque je dis : «ceci est de la pyrite de fer» ou «Socrate est un sage» -.

Il faudra aussi distinguer les propositions selon leur« qualité» c'est-à-dire leur forme affirmative ou négative auxquelles KANT a ajouté celle des jugements qu'il appelait «indéfinis» dont la forme grammaticale est affirmative mais dont le prédicat comporte une négation, comme la proposition «l'âme humaine est immortelle».

Mais ce qui importe surtout ici c'est que (1) Voyez le chapitre de votre manuel portant sur l'idée et le jugement.

(2) Voyez, en particulier, le texte 9 de votre recueil.

(3) Premiers analytiques, 1,1, ligne 24 a 16, édition Vrin.

(4) Emmanuel KANT, logique, édition Vrin, page 110.. »

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