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La raison et la passion s'opposent-elles indubitablement ?

Publié le 11/03/2005

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Transition : La vision pascalienne de la raison nous porte à considérer que celle-ci est un vain mot. Pourtant, ne sommes-nous pas régulièrement témoins d'actes qui nous semblent raisonnés et raisonnables ? La vraie vertu consiste en une action rationnelle qui comble le désir. a) Il semble spécieux de ravaler la raison à un simple apparat de la passion, mais de même serait-il évasif de prétendre qu'elle puisse à elle seule conférer une parfaite maîtrise de soi. En réalité, il faut reprendre Aristote pour accéder à une lecture plus fine de son oeuvre. Dans la définition donnée plus haut de la prudence (« une disposition pratique, accompagnée d'une règle vraie, concernant ce qui est bon et mauvais pour l'homme ») nous avons rappelé que celle-ci devait être « accompagnée d'une règle vraie », mais il nous faut maintenant souligner que la prudence résulte d'une « disposition pratique ». Or, qu'est-ce qu'une telle « disposition » ? C'est, pour le dire en termes simples, une « bonne habitude ». Car la vertu éthique est issue d' « un état habituel qui pousse à choisir » (Ethique à Nicomaque, livre II, 1106b36). Il y a donc une éducation de l'individu, apte à orienter sa raison sur le chemin de la vertu, et qui pourrait être le moyen par lequel on oriente le « coeur ».
L’opposition de la raison et de la passion constitue un poncif de la morale qui semble aller de soi. Pourtant, ainsi que l’affirme Chesterton, le fou n’est-il pas « celui qui a tout perdu, excepté la raison « ? Témoin le personnage mythique du savant fou qui, assurément, ne manque pas de raison, mais chez qui pourtant une passion déraisonnable s’affirme immodérément. Ainsi constatons-nous que notre culture, pourtant friande d’opposer la raison à la passion, ne manque cependant pas d’exemples où cette opposition ne fonctionne pas bien. Comment devons-nous en rendre raison ?

« qu'entériner une opinion préexistante.

Quelle assurance avons-nous d'une telle opposition, dans la nature même del'homme, de la passion et de la raison ? La raison n'est qu'une esclave des passions.

2. a) « Tout notre raisonnement se réduit à céder au sentiment.

(...) La raison s'offre mais elle est ployable à toussens.

Et ainsi il n'y en a point.

» écrit Pascal dans ses Pensées (Pensée 530).

En effet, ne constate-t-on pas que l'on arrive toujours à justifier nos actions, et ce quelles qu'elles soient ? En fin de compte, ne fait-on jamais autrechose que suivre notre première impulsion ? Effectivement, il apparaît bien souvent que nos délibérations ne nousamènent jamais ailleurs que là où notre envie nous portait en premier lieu.

Aussi faut-il constater la faiblesse de laraison, qui semble n'être que l'esclave des passions.b) Il en est ainsi parce que la raison, qui passe son temps à parcourir des chaînes de causalité, ne parvient mêmepas à fonder ses principes, ces bases à partir desquelles elle organise son parcours.

Les principes en effet viennentdu « cœur », c'est-à-dire de l'intuition, or « le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point » comme le rappellePascal ( Pensées , pensée 423).

Ainsi, on finit toujours par se donner le principe qui convient à notre désir, et alors la passion reprend le dessus sur la raison.c) Entendu de la sorte, le problème de l'opposition de la raison et de la passion semble se résorber : il n'y a pasd'opposition car, en définitive, la raison n'est que l'aboutissement d'un processus initié par la passion.

C'est notredésir qui nous guide, et notre raison se contente d'aménager son voyage.Problème : Il n'en reste pas moins que nous avons toujours l'impression que certaines personnes parviennent à desactions justes parce qu'elles ont usé de leur raison alors que leur désir les portait dans une direction inverse.Considérer que la raison est la stricte esclave des passions reviendrait à nier toute responsabilité humaine, ce quisemble difficile à soutenir.

Transition : La vision pascalienne de la raison nous porte à considérer que celle-ci est un vain mot.

Pourtant, ne sommes-nous pas régulièrement témoins d'actes qui nous semblent raisonnés et raisonnables ? La vraie vertu consiste en une action rationnelle qui comble le désir.

3. a) Il semble spécieux de ravaler la raison à un simple apparat de la passion, mais de même serait-il évasif deprétendre qu'elle puisse à elle seule conférer une parfaite maîtrise de soi.

En réalité, il faut reprendre Aristote pouraccéder à une lecture plus fine de son œuvre.

Dans la définition donnée plus haut de la prudence (« une dispositionpratique, accompagnée d'une règle vraie, concernant ce qui est bon et mauvais pour l'homme ») nous avons rappeléque celle-ci devait être « accompagnée d'une règle vraie », mais il nous faut maintenant souligner que la prudencerésulte d'une « disposition pratique ».

Or, qu'est-ce qu'une telle « disposition » ? C'est, pour le dire en termessimples, une « bonne habitude ».

Car la vertu éthique est issue d' « un état habituel qui pousse à choisir » ( Ethique à Nicomaque , livre II, 1106b36).

Il y a donc une éducation de l'individu, apte à orienter sa raison sur le chemin de la vertu, et qui pourrait être le moyen par lequel on oriente le « cœur ».

On pourrait ainsi considérer que de bonnespassions forgent la raison en un acier solide.b) Mais il faudrait encore ajouter cette assertion d'Aristote selon laquelle la prudence requiert « qu'il y ait identitéentre ce que la règle affirme et ce que le désir poursuit » ( Ethique à Nicomaque, Livre VI, 1139a), ce qui signifie qu'il est bon que l'action effectuée selon la raison de l'individu réponde au désir de ce dernier.

Il n'y a pas lieu deblâmer l'action vertueuse sous prétexte que son auteur y aurait trouvé du plaisir, il faut au contraire que cetteaction comble un désir chez celui qui en est responsable pour que cette action soit réellement vertueuse.

La vertuconstitue en effet l'excellence de quelque chose, et chez l'homme, parvenir à cette excellence procure le bonheur.Aussi est-il normal que l'homme prudent soit heureux, et ainsi l'usage de la raison procure-t-elle le bonheur.c) De la sorte, il n'y a pas lieu, en approfondissant les thèses d'Aristote, de conclure à partir d'elles à une oppositionentre raison et passion.

Par ailleurs, nous ne pouvons pas non plus nous contenter avec Pascal d'affirmer que laraison n'est que l'esclave des passions.

Il existe bien une raison indépendante de la passion, qui doit êtredéveloppée par l'éducation, mais cette raison apporte le bonheur qui est une forme de passion.

Ainsi passion etraison semblent composer un alliage et être en perpétuelle interaction car, chez un individu pourvu de bonnesdispositions, raison et passion convergent l'une vers l'autre.

De mauvaises habitudes affaibliront la raison etcharrieront avec elles des passions tristes, alors que de bonnes habitudes renforceront la raison et pourvoiront ainsiau bonheur de l'individu.

Conclusion :Dans une première partie, nous avons exposé le point de vue traditionnel selon lequel raison et passion s'opposentcomme la vertu s'oppose au vice.

Ensuite, nous avons constaté que cette conception avait quelque chosed'illusoire, tant il est courant que la passion détermine la raison.

Enfin, nous avons finalement affiné et pondéré laperspective pascalienne en montrant que la raison restait indépendante de la passion, mais que cette dernièrepouvait renforcer ou affaiblir la raison.. »

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