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La raison peut-elle s'accommoder de la croyance ?

Publié le 21/12/2010

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N'y a-t-il rien de rationnel dans la croyance ? Peut-on rendre raison de la foi ? La croyance peut-elle avoir un sens et une fin raisonnable ? Croyance (religieuse) et raison peuvent-elles cohabiter ?

« l'existence à l'unité de la règle (le devoir dans la vie conjugale, familiale, professionnelle, confessionnelle, la vieéthique selon Hegel).

Continuité du devoir, fidélité à lui-même et aux autres, il se conforme à l'universel et vit dansla durée.

Si la figure de la vie esthétique est celle du séducteur, celle de la vie éthique prend les traits de l'époux,de l'homme marié.

Passage de l'homme à femmes à l'homme d'une femme.

Mais, ce dernier peut bien y trouverquelque joie mais il lui échappe que l'existence est rebelle à l'alignement.

Ainsi à vouloir pérenniser l'amour dansl'institution du mariage, l'homme éthique met en place les conditions du désamour (édulcoration du sentiment dans laroutine).

D'une manière ou d'une autre l'existence rappelle l'homme éthique à sa contingence : l'erreur, la trahison, lasouffrance, la maladie, la mort...

rompent le bel édifice de l'existence éthique.

On le verra avec encore plus d'acuitédans la troisième et dernière sphère, la religieuse : exister, n'est pas naviguer sur un long fleuve tranquille ! Maisaffronter les tempêtes.

Toutes les tempêtes ! Par l'humour, l'individu peut prendre ses distances par rapport à ladérision de l'existence éthique L'humoriste s'élève au-dessus de tout et de lui-même, il prend conscience de sonnéant.

Il Sa révision des valeurs est plus complète que celle de l'ironiste qui jamais ne doutait de son moi et envoulait faire la norme absolue du monde.

L'ironie voulait marquer la domination absolue de la subjectivité, du moi, ceque ne veut pas l'humour qui rit là où attendait des larmes (le sérieux derrière la plaisanterie).L'humour est une prise de conscience de la limite de la condition humaine, de la rencontre entre notre finitude et laconscience de notre éternité.

L'humoriste est celui qui est conscient de l'infirmité de la raison, de l'insuffisante dugénéral pour réaliser toutes les aspiration de l'individu.La foi est le saut qualitatif qui introduit et constitue l'existence religieuse.

Le paradigme de la foi est le dramed'Abraham qui reçut de Dieu l'ordre d'immoler son fils Isaac sur une montagne de Moriyya (« Crainte & Tremblement»).

Scandale absolu.

Injustifiable par la théologie rationnelle, car toute tentative de justification fait de Dieu undonneur de leçon soumettant la foi à l'épreuve, et d'Abraham un ratiocineur spéculant sur les intentions divines.

Lesens de la foi est d'être une obéissance sans condition, envers et contre les certitudes de l'homme éthique et au-delà de toute supputation.

L'Absolu est étranger à tout compromis entre foi et raison, foi et monde : Dieu estétranger à tout ce qui est mondain.

D'un point de vue objectif, sous l'angle du général et de la morale du stadeéthique, fidèle au devoir, la conduite d'Abraham paraît celle d'un meurtrier, même si le meurtre n'est pas accompli(cf.

formalisme kantien).

D'un point de vue moral, on dira d'Abraham qu'il a voulu tuer Isaac.

D'un point de vuereligieux, qu'il a voulu le sacrifier.

Morale et foi ne se superposent pas : la foi est passion de l'infini et la morale estraison du fini.

Cette exigence du devoir absolu envers Dieu prime sur la morale et en suspend la validité, ce queKierkegaard appelle la « suspension téléologique de la morale ».

L'homme qui, comme Abraham, opte pour la foi, parle rapport absolu avec l'Absolu répond à l'ordre divin au risque d'entrer en rupture avec les autres hommes et avecla morale.

Le religieux est le domaine de la solitude.

Celui qui a opté pour la foi est habité par les mêmesappréhensions qui animèrent Abraham durant son voyage vers la montagne du sacrifice.

La foi n'est pas la conditiondu bien-être et du bonheur mais incertitude, « Crainte et tremblement », condition terrible du Christ souffrant sa «Passion »...

S'efforcer de devenir chrétien, c'est accepter d'être attisé par la tempête.

Toutes les tempêtes.

Aufond de cette solitude, de cette souffrance, nulle voix humaine.

Il n'y a guère que l'angoisse qui soit une certitude.La foi est à la fois certitude angoissée et angoisse certaine d'elle-même.

Croire ou ne pas croire, telle que laquestion que pose Kierkegaard.

La foi est décision, incertitude inhérente au choix subjectif, vérité pour moi : « Ils'agit de trouver une vérité qui soit une pour moi, de trouver l'idée pour laquelle je veux vivre ou mourir ».

Puisquel'existence est désespérée (le désespoir naît de l'excès ou du manque de possibilité qui s'offre au moi dans saconfrontation à l'être), la foi est une espérance désespérée envers celui à qui tout est possible: « Espérant contretoute espérance, il crut...

» dit saint Paul d'Abraham, le Chevalier de la foi (« Epîtres aux romains ») Elle est unmouvement en vertu de l'absurde, car c'est précisément lorsqu'il n'y a plus de raison de croire qu'elle prend tout sonsens et sa valeur.

C'est pourquoi la foi ne se prouve pas, elle s'éprouve dans l'épreuve sans que jamais on puissesavoir qu'il s'agit bien d'une épreuve.

L'épreuve n'est rien d'autre que l'existence elle-même.

Et puisqu'il n'y a pasd'existence sans croyance (en général), l'existence authentique est une croyance passionnée.

L'expériencereligieuse est la passion de l'intériorité comprise comme tension irréductible entre doute &foi.

Alors que la théologierationnelle tentait de surmonter le doute par une dialectique de la raison et de la foi, Kierkegaard place le doute aucoeur de l'expérience religieuse en opposant la raison et la foi.

La parole de Dieu elle-même s'évanouit dans lesilence de l'intériorité.

La foi ne vit plus de la réitération publique de ses incarnations, elle perd la parole de Dieuelle-même s'évanouit dans le silence de l'intériorité.

La foi ne vit plus de la réitération publique de ses incarnations,elle perd la parole pour faire place au silence terrible où l'individu ne sait plus distinguer entre le commandementdivin et l'intimité personnelle.

C'est donc dans « la crainte et le tremblement » que la décision éthique trouvera sonfondement.

Fondement sans fond...

abîme de l'intériorité.

Mais le paradoxe ne s'arrête pas là.

Car une existencelivrée à l'angoisse en recevrait encore la signification.

Kierkegaard rappelle que la foi est espérance.

La révélationchrétienne, distincte du spiritualisme païen, appréhende le sentiment de culpabilité comme la conscience d'une fautecommise envers Dieu.

Mais le sens du péché est aussi celui de la rédemption.

La foi apporte donc l'heureuseespérance du salut et le sentiment intime de la béatitude.

D'où la « contradiction religieuse : se trouver sur 70000brasses d'eau et tout de même être heureux en même temps » (« Etapes »).

« Etre tranquillement assis dans unbateau par un temps calme n'est pas une image de la foi, mais quand il y a une voie d'eau dans le bateau, alors,dans l'enthousiasme, maintenir le bateau en état à l'aide de pompes et pourtant ne pas chercher à rentrer dans leport : voilà l'image de la foi.

Si l'image ne peut exprimer la longueur du temps, cela tient à son imperfection, mais lafoi dure.

Pendant que l'intelligence, comme un passager désespéré, tend ses bras vers la terre ferme, mais en vain,la foi travaille de toutes ses forces en profondeur : joyeusement et triomphalement elle sauve l'âme contrel'intelligence.

» (« Post-scriptum »).Le cri de Kierkegaard, l'espérance désespérée, retentit dans le ciel intelligible du rationalisme.

Mais c'est un cri bientempéré...

D'une part, il se fait l'écho de l'intériorité luthérienne et répercute à sa manière le « Credo quia absurdum» des Pères de l'église.

Cette filiation historique n'exclut pas la spontanéité, mais la réinsère dans le concert d'unetradition irrationaliste où l'individu n'est plus si seul.

D'autre part, serait-ce trahir l'irrationalisme que de dire que lesens et la valeur de la foi sont inversement proportionnels aux raisons de croire ? L'équation est subversive, mais. »

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