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La raison peut-elle assigner à notre action des fins, ou bien ne peut-elle que calculer les moyens d'atteindre une fin donnée

Publié le 20/03/2004

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On ne saurait, évidemment, reconnaître de valeur morale à des fins poursuivies pour des motifs aussi intéressés. Ce que nous venons de dire d'une morale strictement théologique vaut aussi, à plus forte raison, d'une morale de genre sociologique, que la société qui assigne les fins de notre action soit la nation, la patrie, la race, l'humanité... En effet, cette assignation donne lieu aux mêmes pourquoi, et c'est aussi la raison qui les pose et qui y répond. Ici encore, de pourquoi en parce que et de parce que en pourquoi, nous sommes amenés à reconnaître le dernier mot à la force, mais si la force peut nous contraindre à certaines actions, elle ne saurait nous assigner des fins à poursuivre librement. Il n'y a donc rien, en dehors de la raison, qui puisse, au sens précis de la formule, « assigner des fins » à notre action. Les nécessités de cette action nous obligent à réviser notre position première.  III. - C'EST UNE RAISON TRANSCENDANTE, DONT PARTICIPE NOTRE RAISON, QUI NOUS ASSIGNE DES FINS Lorsque j'estime que l'individu sobre qui reste maître de ses paroles et de ses actes vaut mieux que l'ivrogne devenu esclave de la boisson et qui pérore inconsidérément, j'ai conscience de ne pas exprimer un sentiment personnel, mais d'émettre un jugement d'une valeur absolue. Ce n'est donc pas moi seul qui juge, mais avec moi, ou plutôt au-dessus de moi, une autorité normative à laquelle je me réfère et à laquelle j'invite à se référer ceux qui, d'aventure, ne partageraient pas mon avis. Sans doute, c'est notre raison individuelle qui nous fait connaître les exigences de la Raison absolue dont elle n'est qu'un écho ; et, on le sait, l'écho ne renvoie qu'imparfaitement les paroles qui lui sont lancées.

« la force, mais si la force peut nous contraindre à certaines actions, elle ne saurait nous assigner des fins àpoursuivre librement.Il n'y a donc rien, en dehors de la raison, qui puisse, au sens précis de la formule, « assigner des fins » à notreaction.Les nécessités de cette action nous obligent à réviser notre position première.

III.

- C'EST UNE RAISON TRANSCENDANTE, DONT PARTICIPE NOTRE RAISON, QUI NOUS ASSIGNE DES FINS Lorsque j'estime que l'individu sobre qui reste maître de ses paroles et de ses actes vaut mieux que l'ivrogne devenuesclave de la boisson et qui pérore inconsidérément, j'ai conscience de ne pas exprimer un sentiment personnel,mais d'émettre un jugement d'une valeur absolue.

Ce n'est donc pas moi seul qui juge, mais avec moi, ou plutôt au-dessus de moi, une autorité normative à laquelle je me réfère et à laquelle j'invite à se référer ceux qui, d'aventure,ne partageraient pas mon avis.Sans doute, c'est notre raison individuelle qui nous fait connaître les exigences de la Raison absolue dont elle n'estqu'un écho ; et, on le sait, l'écho ne renvoie qu'imparfaitement les paroles qui lui sont lancées.

Du moins en renvoie-t-il quelque chose et ces paroles sont-elles reconnues.

Il en est de même des fins que les penseurs qui s'interrogentsur le sens de la vie assignent à l'action de l'homme.Certes, les théories morales s'opposent, mais moins qu'il ne paraît à première vue.

D'abord parce qu'on ne peutguère se poser qu'en s'opposant.

Ensuite, parce que cette opposition se réduit bien souvent à centrer d'une manièrenouvelle la doctrine reçue : le code pratique de la morale d'Épicure est-il bien différent de celui des stoïciens, parexemple ? Enfin, parce qu'elles reconnaissent toutes la réalité de fins qu'il nous appartient de découvrir.Sans doute, pourrait-on citer, à l'encontre de cette dernière affirmation, des amoralistes qui rejettent la notionmême de fins assignées à l'activité humaine ; mais ils rejettent aussi celle d'une raison capable de transcender ledonné expérimental et de concevoir, d'après ce qui est, ce qui doit être.

Ils sont donc étrangers au minimum derationalisme hors duquel il n'y a plus de sens à demander ce que peut la raison.

Aussi n'avons-nous pas à discuteravec eux. Conclusion. — Les progrès de la technique contemporaine nous le manifestent d'une façon éclatante : la raison triomphe dans le calcul des moyens d'atteindre une fin donnée.

Quant à la question de savoir quelles fins assigner ànotre action, ses réponses n'ont pas la même clarté et la même certitude.

Néanmoins c'est toujours elle qu'il fautinterroger et écouter, mais avec le sentiment d'entrer, par elle, en rapport avec une Raison supérieure d'où ello tientla consistance qui la caractérise.. »

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