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La raison peut-elle être au service du mal ?

Publié le 28/02/2004

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Elle est une étincelle de la divinité dans l'homme, qui lui permet d'accéder à la connaissance de l'absolu. Comme Dieu est le bien absolu, la raison ne saurait être mise au service du mal. Le mal, l'injustice découlent au contraire de l'absence de raison, de l'ignorance. Nul n'est méchant volontairement (Platon).                 C'est dans le « Gorgias » de Platon que l'on trouve exposé le paradoxe socratique : « Nul n'est méchant volontairement ». Cette thèse surprenante de prime abord doit être reliée aux deux autres : « Commettre l'injustice est  pire que la subir » ; « Quand on est coupable il est pire de n'être pas puni que de l'être ». L'injustice est un vice, une maladie de l'âme, c'est pourquoi, nul ne peut vraiment la vouloir (on ne peut vouloir être malade), et la punition, qui est comparable à la médecine, est bénéfique à celui qui la subit. L'attitude commune face à la justice est résumée par Polos dans « Gorgias » et Glaucon au livre 2 de la « République ». Les hommes souhaiteraient être tout-puissants et pouvoir commettre n'importe quelle injustice pour satisfaire leurs désirs. Il vaut donc mieux, selon eux, commettre l'injustice que la subir.

 

Le mal peut-il avoir une raison d’être ? Qu’est-ce que le mal ? Le mal est le contraire du bien. Mais quel critère nous permet de différencier ce qui est bien de ce qui est mal ? Est associé au mal tous les événements ou éléments qui font naître des sentiments négatifs en l’homme. La douleur, par exemple, est un sentiment négatif, donc tout ce qui est cause de douleur est un mal. Puis l’Etat a dû normer, réglementer, autrement dit émettre des lois sur ce qui est bien et mal, afin que ce dernier soit évité. Mais alors, comment la raison pourrait-elle vouloir le mal ? La raison est ce qui en l’homme permet la réflexion et la délibération : par la raison, l’on évalue, l’on élabore des plans, l’on cherche le meilleur moyen d’atteindre son but. Mais le mieux que cherche la raison, n’est-il le mieux que dans l’ordre du bien ? Un voleur par exemple use de sa raison pour tenter de voler le mieux possible, c'est-à-dire sans se faire prendre. Le paradoxe d’une raison au service du mal, c’est que la raison est aussi bien le raisonnement que la justification par la raison (donner raison). Comment peut-on rendre raison d’une action mauvaise ? Si l’on peut en rendre raison, alors c’est que le mal a été fait consciemment. Peut-on faire le mal en connaissance de cause ?

 

« Tite-Live », et, en particulier, dans le chapitre XV du « Prince » : « Car qui veut entièrement faire profession d'homme de bien, il ne peut éviter sa perte parmi tant d'autres qui ne sont pas bons.

Aussi est-il nécessaire auPrince qui se veut conserver qu'il apprenne à pouvoir n'être pas bon, et d'en user ou n'user pas selon lanécessité. ». Après avoir, dans les premières pages du « Prince », envisagé les différentes formes de gouvernement, Machiavel décide de centrer son propos sur la situation qui peut paraître la plus précaire, celle d'un prince nouveau et qui a été mis en place par une armée étrangère.

Quels principes doit mettre en oeuvre ce prince pour seconserver et pour conserver son pouvoir ? Le « Prince » tout entier se propose de répondre à cette question. Machiavel pense que l'on peut tirer des leçons de l'histoire.

En étudiant le comportement des grands hommes, en analysant les causes de leurs échecs ou de leurs succès, il est possible de dégager les principes sur lesquels pourra se fonder une action politique.

Sa conclusion estclaire : on ne fait pas de bonne politique avec de bons sentiments. Il n'est pas important pour le « Prince » d'être bon ou de ne pas l'être.

Celui-ci doit avoir la ruse du renard « pour connaître les filets » et la force du lion « pour faire peur aux loups ».

L'exemple à suivre est celui de l'empereur Sévère qui « fut un très féroce lion et un très astucieux renard ». « Il faut donc savoir qu'il y a deux manières de combattre, l'une par des lois, l'autre par la force ; la première forme est propre aux hommes, la seconde propre aux bêtes ; comme la première bien souvent ne suffit pas, il fautrecourir à la seconde.

Ce pourquoi est nécessaire au Prince de savoir bien pratiquer la bête et l'homme. » La même idée que la fin justifie les moyens est exprimée dans les « Discours » : « Un esprit sage ne condamnera jamais quelqu'un pour avoir usé d'un moyen hors des règles ordinaires pour régler une monarchie oupour fonder une république.

Ce qui est à désirer, c'est que si le fait l'accuse, le résultat l'excuse. » Ce réalisme, bien loin de la morale humaniste ou de la morale chrétienne, apparaît, à première vue, tout à fait dénué de machiavélisme.

Dans son acception courante, ce terme évoque, en effet, des manoeuvres tortueuses, lerecours au secret.

Rien de tout cela ici, mais seulement un exposé lucide dans lequel il n'est pas toujours facile depercevoir la marge d'ironie.

Ce « machiavélisme » apparaît cependant dans les conseils complémentaires.

Le prince doit « savoir entrer dans le mal s'il y a nécessité », mais il veillera cependant à sauver sa réputation.

Il fera prendre les mesures impopulaires par quelqu'un d'autre, se réservant celles qui ont la faveur du peuple.

Il sera renard :« Mais il est besoin de savoir bien colorer cette nature, bien feindre et bien déguiser. » Machiavel ajoute que les hommes sont si simples et tant soumis aux nécessités du présent que celui qui trompe trouvera toujours quelqu'unprêt à se laisser tromper.

Il importe donc avant tout de préserver ce que l'on n ‘appelait pas encore son « image de marque » : « il n'est donc pas nécessaire à un Prince d'avoir toutes les qualités dessus nommées, mais bien il faut qu'il paraisse les avoir. » Un exemple parmi d'autres de ces pratiques, qui laissa Machiavel frappé de stupeur, mais sans doute aussi admiratif : César Borgia , pour faire régner l'ordre en Romagne , donna toute puissance à l'un de ses hommes de confiance connu pour être cruel & expéditif.

La paix établie, pour éviter que l'opprobre ne s'attache à sa proprepersonne, il fit exécuter l'officier, exposant son corps coupé en deux morceaux sur une place publique.

Bel exemplede duplicité et de détermination.

Borgia possédait la « virtù ». Le Prince ne se souciera donc pas de ce qu'exige la morale, mais il veillera à manipuler l'opinion pour asseoir sa réputation.

La chose est aisée du fait de la crédulité du peuple.

« Les hommes, en général, jugent plutôt aux mains qu'aux yeux. » « Qu'un Prince donc se propose pour but de vaincre, et de maintenir l'Etat ; les moyens seront toujours estimés honorables et loués de chacun ; car le vulgaire ne juge que de ce qu'il voit et de ce qui advient ; or en cemonde il n'y a que le vulgaire ; et le petit nombre ne compte pour rien quand le grand nombre a de quoi s'appuyer. » Rousseau estime que ce penseur politique a été encore plus subtilement machiavélique qu'on ne le pense.

En faisant semblant de donner des conseils à un prince sur la façon de manipuler les foules, il aurait en fait dévoilé aux peuples la manière dont ils sont grugés : « En feignant de donner des leçons aux rois, il en a donné de grandes aux peuples.

Le Prince de Machiavel est le livre des républicains. » Spinoza pensait déjà de même : « Peut-être Machiavel a-t-il voulu montrer qu'une masse libre doit, à tout prix, se garder de confier son salut à un seul homme [...] Cette dernière intention est, quant à moi, celle que je serais porté à prêter à notre auteur.

Car il est certain que cethomme si sagace aimait la liberté et qu'il a formulé de très bons conseils pour la sauvegarder. » Le crime peut être rationnelLes scientifiques qui construisent les bombes atomiques ou les armes bactériologiques mettent leur savoir et leurraison au service du mal.

Les dictateurs qui planifient l'oppression de tout un peuple et l'extermination méthodiquede leurs opposants et ennemis mettent la raison au service du mal.. »

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