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La raison peut-elle faire l'économie de la croyance ?

Publié le 22/01/2004

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La croyance consiste en une attitude de l’esprit qui affirme quelque chose sans pouvoir en donner de preuves, avec un degré plus ou moins grand de probabilité. Cette définition générale comprend deux propriétés de la croyance, qui nous permettent de la distinguer d’emblée de la raison. Tout d’abord, elle se caractérise par sa subjectivité, alors que la raison se définit par l’objectivité de la preuve ou de la démonstration. Ensuite, elle suppose des degrés, si bien qu’il existe une diversité de croyances plus ou moins probables, et qui n’ont pas la même valeur. Au contraire, la raison se définit par le plus haut degré de certitude, et ne comprend pas de degrés de probabilité.

     Si la raison se caractérise ainsi par son objectivité, il semble alors que ses démonstrations font nécessairement l’économie du jugement purement subjectif que constitue la croyance. Cependant, elle semble faire appel à la croyance, lorsqu’elle est impuissante à démontrer ou à fonder certaines vérités qui n’en sont pas moins certaines. C’est parce que le domaine de la connaissance excède celui de la démonstration, que la raison ne peut faire l’économie de la croyance. Notre réflexion cherchera donc à déterminer cette limite où l’objectivité de la preuve n’est plus possible, et où la croyance est alors requise.

 

« Dans son Enquête sur l'entendement humain (Section 5), Hume mène une critique sceptique des vérités métaphysiques, qu'il assimile à descroyances.

L'idée de cause, sur laquelle repose les démonstrations de lamétaphysique, se réduit à celle de connexion nécessaire.

Or, nous nepouvons observer une connexion nécessaire entre deux objets naturels,mais seulement leur conjonction constante.

Par exemple, nous pouvonsobserver la conjonction du soleil et de la pierre échauffée, mais nous nepouvons expliquer rationnellement l'action du premier sur la seconde.L'idée de cause ou de connexion nécessaire est une croyance, car ellene repose sur aucune preuve rationnelle. b. La croyance est une certitude subjective, qui s'explique par un transfert de vivacité de l'impression présente à l'idée amenant uneattente de l'objet futur (cf.

Section 6). Hume la définit comme l'instinct naturel par lequel l'imagination conçoit un objet non actuel.

Par exemple,l'audition d'une voix connue amène à l'idée d'une personne, qui a plusd'intensité pour l'esprit que celle d'un manoir enchanté.

Le degré decroyance se définit par sa probabilité, car il est proportionnel à lafréquence d'un événement dans le transfert passé/futur.

Par exemple, lefait que le soleil se lèvera demain est une croyance se caractérisant parson haut degré de probabilité, en raison de la conjonction constante del'événement dans le passé.

Pour l'empiriste, la raison ne peut donc fairel'économie des croyances les plus probables. c. III.

La raison ne peut faire l'économie de la croyance concernant les vérités surnaturelles Certaines vérités peuvent s'avérer indispensable à l'homme, bien que la raison soit impuissante à en donner unepreuve objective.

Ainsi avions-nous considéré certaines vérités de fait dans notre première partie.

Dans notretroisième partie, nous traiterons des vérités surnaturelles, dont l'établissement excède le pouvoir de la raison.Cette dernière ne fait alors que les postuler, et par-là même ne peut faire l'économie de croyance. a. Le criticisme prend en compte les arguments de l'empirisme sceptique : la raison est impuissante à fonder lesvérités métaphysiques.

Dans la Critique de la raison pure (Dialectique transcendantale), Kant montre que les Idées de l'âme, du monde et de Dieu, impliquent des antinomies, c'est-à-dire des démonstrationscontradictoires de la raison quant à leur réalité.

Cependant, si l'on ne peut les démontrer rationnellement, ellesont un intérêt spéculatif ou théorique pour la raison.

En effet, elles ont un usage régulateur pour nosconnaissances, que Kant oppose à un usage constitutif. b. En outre, cet intérêt théorique se double d'un intérêt pratique.

Dès l'introduction de la Critique de la raison pure , Kant insiste en effet sur le fait que la limitation du pouvoir de la raison aux seules démonstrations ayant pour objet les phénomènes (les réalités sensibles), a pour fin de libérer le champ de la morale concernant lesnoumènes (les réalités intelligibles).

Dans la Critique de la raison pratique , il pourra ainsi montrer que les Idées de l'âme, du monde et de Dieu, doivent être postulées afin de préserver l'intérêt pratique de la raison.

Parconséquent, certaines vérités surnaturelles, qui constituent de simples croyances en ce qu'elles ne peuventêtre démontrées, s'avèrent nécessaires à la raison. c. Conclusion En conclusion, notre analyse nous a permis de montrer que la raison ne saurait faire l'économie de certainescroyances.

Il est vrai que les vérités mathématiques et scientifiques reposent sur des preuves objectives et desdémonstrations, de sorte que la raison n'a aucunement besoin du secours de la croyance en ce domaine.

Mais danscelui de la morale, elle éprouve son impuissance à donner un fondement objectif à nos connaissances, et faitlégitimement appel à la croyance.

Cependant, nous pouvons remarquer ici qu'il ne s'agit pas de prendre en comptetoutes les croyances.

En effet, la raison n'a recours qu'aux croyances ayant le plus haut degré de probabilité ou decertitude, ou encore à celles qui assurent son intérêt pratique.. »

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