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La raison peut-elle rendre raison de tout ?

Publié le 05/02/2004

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Mais de telles ambitions dépassent les possibilités de la Raison. Tandis que pour les innéistes (Descartes & Platon) la raison pouvait, grâce à ses intuitions et aux idées qu'elle trouvait en elle, atteindre la réalité profonde et penser l'absolu, pour Kant, la raison qui est constituée par des cadres a priori, mais qui n'a pas d'idées innées, peut seulement mettre en ordre les matériaux fournis par l'intuition sensible. Si l'on veut restaurer la certitude de la science, il faut que sa méthode parvienne à concilier la nécessité rationnelle et le caractère toujours en partie contingent de l'expérience. Ce sera l'une des préoccupation centrale de Kant. Il s'efforcera de montrer comment les connaissances dignes de ce nom sot toujours le produit d'une rencontre entre les données de l'expérience sensible et le travail conceptuel de l'entendement. Ce dernier reçoit de l'extérieur, par le moyen de la sensibilité, une matière des connaissances sur laquelle il opère une mise en ordre conceptuelle dont la nécessité est interne à l'esprit. Par exemple : les relations de causalité s'instaurant nécessairement entre les phénomènes de la nature ne renvoient pas forcément à un ordre des choses, mais à un ordre nécessaire de leur mode de manifestation à notre esprit. La connaissance objective 'est donc jamais connaissance des choses en soi mais connaissance de l'ordre nécessaire (rationnel) des phénomènes. Très schématiquement, on peut donc dire que Kant échappe ainsi à l'idéalisme du rationalisme pur. La connaissance ne peut exister que dans le domaine de l'expérience possible ; au-delà, la raison « ratiocine », cad qu'elle raisonne à vide, elle outrepasse ses droits, comme le montre la « Dialectique transcendantale » de la « Critique de la raison pure » ; ainsi lorsqu'elle prétend démontrer l'existence d'un créateur qui ne peut être que postulée, car l'expérience n'en est pas possible.
La raison peut-elle tout penser, tout comprendre, tout expliquer ? Quelle est l'étendue de son pouvoir, sa sphère de légalité ? Connaît-elle des limites, des impuissances ?
Notre plan sera dialectique. Dans un premier temps, nous verrons, qu'en droit, la raison peut tout connaître. Ensuite, avec l'empirisme que son pouvoir est limité à l'expérience sensible. Puis, en guise de synthèse, nous étudierons les limites de la raison grâce au criticisme kantien.

« aux choses aucune nécessité ; mais, au contraire, parce que la nécessité de la chose même, à savoir de l'existencede Dieu, détermine ma pensée à le concevoir de cette façon.

Car il n'est pas en ma liberté de concevoir un Dieusans existence (cad un être souverainement parfait sans une souveraine perfection), comme il m'est libre d'imaginerun cheval sans ailes ou avec des ailes.

» Descartes, « Méditations métaphysiques ». Descartes avait tout d'abord, dans son « Discours de la méthode », montréque les idées que nous concevons clairement et distinctement, qui s'imposentdonc à nous avec évidence, sont innées (antérieures à notre proprenaissance) et vraies (auxquelles par conséquent nous pouvons nous fier).

Parla suite, dans les « Méditations métaphysiques », l'auteur avait avancé unargument a posteriori de l'existence de Dieu : j'ai en moi l'idée (claire etdistincte) de parfait ; moi qui suis un être imparfait, je ne peux l'avoir poséeen moi-même ; seul un être parfait peut donc être la cause de la présence enmoi de cette idée de parfait (« Méditation troisième »).Dans le présent texte (« Méditation cinquième ») , Descartes double cetargument a posteriori d'un argument ontologique, purement conceptuel.

Parmiles idées innées, se trouvent les nombres et figures mathématiques, maisaussi l'idée de Dieu, que l'auteur définit comme « un être souverainementparfait et infini ».A partir de cette définition, Descartes développe sa version de l'argumentontologique : il déduit l'existence de Dieu de son essence même.

En effet,Dieu est par définition doté de toutes les perfections ; or l'existence est uneperfection : l'existence en tant que perfection fait partie de sa définition.Dieu ne peut donc pas ne pas exister.

La distinction entre essence etexistence ne convient pas au sujet de Dieu.Descartes associe ces deux arguments, l'un qui remonte de l'effet à la cause, l'autre qui déduit l'existence del'essence, pour démontrer l'existence de Dieu, « être parfait ». Ces théories ont en commun d'affirmer que l'homme possède les principes indépendamment de l'expérience et que laraison peut rendre raison de tout.

Ce sont diverses formes de ce qu'on appelle rationalisme.

2) La raison ne peut rendre raison de rien (le scepticisme) Le scepticisme est défini par Lalande comme : « La doctrine d'après laquelle l'esprit humain ne peut atteindre avec certitude aucune vérité ».

L'esprit se déclare incapable d'affirmer ou de nier quoi que ce soit. 1° Scepticisme antique et doute cartésien. On sait que les « Méditations » de Descartes commencent, elles aussi, par l'exercice d'un doute absolu : Descartes rejette le témoignage des sens (en rêve on croit voir, entendre, bouger et ce n'est qu'illusion).

Il rejette même les vérités mathématiques (car il peut se faire qu'un « malin génie » tout-puissant s'amuse à me tromper dans toutes mes pensées). Mais ce doute cartésien s'oppose radicalement au doute sceptique.

D'abord le doute cartésien est provisoire (ilprend fin lorsque Descartes s'aperçoit qu'il peut douter de tout sauf du fait même qu'il pense et qu'il doute : et cette évidence invincible : je pense donc je suis est une première vérité d'où bien d'autre vont jaillir). C'est un doute volontaire, un doute « feint », dit Descartes dont la fonction est d'accoutumer « l'esprit à se détacher des sens » (« abducere mentem a sensibus ») et même de tout objet de pensée pour révéler en sa pureté l'acte même de penser.

Le doute cartésien a la valeur d'une pédagogie de l'ascèse qui vise à nous délivrerprovisoirement des pensées pour révéler que nous avions l'esprit que nous sommes.

Le doute cartésien estméthodique (le malin génie n'est lui-même qu'un « patin méthodologique » ( Gouhier ), c'est une technique mise au service de la recherche du vrai. Le doute cartésien est un doute optimiste et héroïque, un déblaiement préalable qui précède la construction del'édifice philosophique, une décision volontaire de faire table rase de toutes les connaissances antérieures pour bâtirune philosophie nouvelle. 2° Les arguments des sceptiques grecs. Tout au contraire, le scepticisme absolu des pyrrhoniens et de leurs disciples n'est pas un point de départ mais uneconclusion –la conclusion d'échec- au terme de l'aventure du savoir. Enésidème avait groupé les arguments sous dix titres ou « tropes que Sexus Empiricus réduisit à cinq.

Il faut connaître ces arguments qu'on retrouve chez Montaigne , chez Pascal et chez Anatole France .. »

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