La raison peut-elle rendre raison de tout ?

« 2 3 - Synthèse : textes d’Einstein (1- obligatoire - 2-3- complémentaires) A lire de très près et à bien comprendre.

Texte classique, dont la dernière phrase est aussi traduite par : « Ce qui est incompréhensible, c’est que l’univers soit compréhensible ». Ce n’est pas un jeu de mots, mais c’est, de la part du physicien une réflexion dont il sait que la portée dépasse sa compétence strictement scientifique à savoir la physique, c’est une question métaphysique , justement.

Métaphysique veut dire au delà de la physique, de la « nature », au delà de la raison « calculante ». Ce qui émerveille Einstein comme cela angoissait Pascal avant lui, c’est que l’homme puisse dominer ainsi de plus en plus l’univers, par sa pensée, en tout cas.

Cela réintroduit de la métaphysique à partir de la physique, ce qui veut dire qu’il ne peut éviter de se poser les questions en amont de sa science : quelle est la place de l’homme dans l’univers ? Cette question est précisément posée à partir du rapport entre la raison et le réel : la maîtrise par la science et la technique humaines du monde matériel démontre l’emprise de la raison sur le réel, quoi qu’il en soit de ce qu’elle ignore et ne parvient pas encore à expliquer à ce niveau.

Il n’empêche qu’Einstein pose dans ce texte la question du sens, de la signification pour l’homme de cette maîtrise.

Sa position resta agnostique (« je ne sais pas »), mais il parlait d’un « ailleurs absolu », en quelque sorte, un réel au delà du réel … Dans le texte 1, on lit qu’ Einstein reconnaît à Kant le mérite d’avoir montré qu’il n’y aurait pas de sens de poser un monde réel sans la compréhensibilité du monde lui-même.

Le monde et sa compréhensibilité sont donc tous deux réels . Pour Kant , nous le savons, « la chose en soi est inconnaissable », c’est ce qu’il appelle le « noumène » et la vérité n’est que la cohérence de mes représentations, sans possibilité d’évaluer si elles sont ou non conformes au « réel » supposé exister hors de moi…. Mais, pour Einstein , c’est la correspondance intangible entre les mathématiques (création de notre intelligence) et les structures réelles de l’univers (objet des sciences physiques) qui pose question, car cela met en évidence le fait que l’univers est structuré d’une manière rationnelle , en correspondance avec notre intelligence rationnelle (sinon, les prévisions mathématiques et les technologies ne pourraient pas fonctionner). C’est donc cette correspondance qui pose la question d’une source commune entre la réalité qui s’avère rationnelle et notre rationalité (en grec, cela se dit : le Logos).

Einstein ne va pas jusque là, il écrit seulement : « C’est un miracle » (c’est incompréhensible). Autrement dit, à partir de la physique, il se pose la question métaphysique : Le rationnel serait aussi réel que le réel est rationnel… (Par ailleurs, le texte 3 fera comprendre que pour les physiciens contemporains, « être matérialiste » est une expression qui n’a plus beaucoup de sens… A reprendre à l’occasion du cours sur Matière et Esprit.). »