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La Raison A-T-Elle Toujours Raison ?

Publié le 22/07/2010

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Pour les Grecs, le mot logos fait jouer de concert pensée et parole. La vérité se dégage des mots et le dialogue se veut être la recherche du sens véritable des choses à deux. Avec le latin ratio, la vérité prend son sens dans les mathématiques.  Avoir raison, cela signifie être dans « le vrai «, ne pas se tromper. Or l’homme tend spontanément à assimiler ce qui est conforme à la raison avec ce qui est vrai.  Dès lors, le terme « toujours « répond-t-il a une exigence d’absoluité du vrai – ce qui semble à première vue un abus de langage pour tout autre chose que le vrai, uniment vrai et qui exclut l’étranger au vrai – ou seulement au fait d’avoir raison par qualité de son argumentation ?  On se propose dans un premier temps après un effort de définition, de constater que la raison n’a raison que dans son rapport avec l’homme qui la juge. Ainsi, on distinguera deux raisons, celle du scientifique, celle des sciences naturelles – qui est nous, le verrons est celle de la majorité –.  Enfin, on tentera d’analyser d’autres instances que la raison, qui permettraient de donner raison à l’individu notamment quant aux effets que produit la rhétorique.    L’ambigüité de l’expression « avoir raison « est le premier obstacle à notre réflexion. Le souci est de savoir si on considère le fait d’avoir raison comme un absolu rapport au vrai, ou seulement comme l’illusion de vrai par la logique, voire le fruit du hasard.  Par définition, il semblerait vain de penser que la raison dans sa globalité est immergée dans le vrai, sinon elle ne serait plus raison mais bien vérité. Cette hypothèse est donc à exclure.  En revanche, la toute-puissance qu’on lui accorde est elle bien effective ? Le constat est que l’homme tend à s’en remettre à son jugement par habitude, parce que ce dernier lui est fidèle. La croyance en la raison dans toute son efficacité se justifie par sa constance et sa fiabilité. Cet à dire qu’elle produit sans cesse pour une cause un et un seul effet, elle est déterministe ; mais elle est aussi déductive, comme l’a bien identifié Descartes dans le Discours de la Méthode.  Si nous saisissons par la raison une information, il est aisé pour l’esprit d’en saisir la cause et l’origine. Et si par un hasard imprévu, la raison se trouve dans le vrai, qu’elle ait raison sans que nous en ayons la mesure, que nous n’en percevons pas les causes et donc la justification, ce n’est pas parce qu’elle n’en possède pas, c’est parce que nous n’avons pas la manière de les saisir. Ainsi d’abord nous pouvons concevoir la raison, celle qui se fonde en partie sur l’intuition.  Cependant, celle-ci ne fait pas preuve de vérité, elle se contente d’avoir toujours raison pour l’esprit humain. Le fait est qu’un raisonnement valide, qui est le propre de la raison, et des prémisses erronées peuvent aboutir à des conclusions fausses. La raison peut donc avoir raison par hasard, c’est dire que le rapport qu’elle a avec la vérité n’est pas nécessairement conscient. C’est à ce risque que cette raison s’expose.    Or « avoir raison «, ne s’apparente pas tant à un rapport à la vérité tant qu’à une croyance. « Avoir raison « n’est-il pas l’assentiment de l’esprit humain au raisonnement valide de la raison ?  Dès lors, une osmose dans le vrai n’est pas tant nécessaire que suffisante, du moins, le vrai pour l’homme dans les faits.  Avant de préciser, on voit déjà que s’il n’y a pas de nécessité à ce que la raison ait raison, cette contingence mise en lumière ne permet pas affirmativement de répondre à la question : si la raison prise dans son sens général peut avoir tort, elle n’a pas toujours raison.  Lorsque des millénaires durant, la science a établi que la terre était au centre de l’univers, ce n’est pas sans avoir développé une réflexion convaincante – qui touche la raison –, une démonstration scientifique de leurs propos. Pourtant lorsque Copernic énonce en 1514 les bases de l’héliocentrisme dans son Commentariolus, il se propose d’appliquer l’astronomie de Ptolémée et d’Ibn al Shatir en prenant pour hypothèse le soleil à la place de la terre comme centre de l’univers. Ses calculs coïncident, il les publie. La rigueur de sa démonstration est elle aussi à la hauteur, voire supérieure à celle de l’ancienne conception de l’univers. Or on sait bien actuellement il n’existe pas deux conceptions de l’univers.  Quelles sont donc les propos qui peuvent se prétendre porteurs de vérité ? Face à au jugement de l’homme, on ne peut pas le dire. Cet homme qui juge de la validité d’un raisonnement au vu des faits s’en contente, si pour lui les faits ne l’infirme pas, lui, le confirme.  Si bien qu’il est encore aujourd’hui impossible d’absolument affirmer que le soleil est bien au centre de notre galaxie. On rencontre ici la barrière de l’hypothèse qui ne permettra à première vue jamais de prouver que notre science naturelle est ou non en adéquation avec la vérité.    Pourtant, le « langage moderne de la raison «, les mathématiques ne rencontrent pas cet obstacle. La raison mathématique, logique, ou de quelque manière que l’on puisse la caractériser, est bien dans le vrai, étant donné que ses hypothèses intelligibles sont vraies – elles ne peuvent pas être remises en question –. Comme l’explique Spinoza, les trois angles d’un triangle ne cesseront jamais de faire deux droits. Ils ne subissent aucuns changements, ils sont absolument vrais. De fait, la raison mathématique, celle qui produit par les mathématiques des énoncés clairs et distincts se veut profondément vraie par essence. Le langage de cette science a raison.  Ici, on distingue clairement la raison de la science mathématique, de celle des sciences naturelles. Cette dernière en effet apporte un second problème.  En effet, chacune des théories de l’univers énoncées ci-dessus est dans son époque largement considérée comme vraie. On retrouve bien ici l’idée d’assentiment de l’esprit à des explications bien menées. Aucunes n’étaient dans le vrai – l’absolue vérité que nous ignorons encore – et pourtant chacune en son temps avait raison. Et il fallut de même que l’une fut réfutée pour que l’autre ait raison à sa place.  « Avoir raison «, est-ce donc convaincre les esprits par une argumentation irréfutable ?  ***  Il semblerait qu’avoir raison soit avant tout une affaire de sens, d’interprétation. Avoir raison passe par un double processus. C’est d’abord le développement d’une argumentation qui ne permet en aucun cas à l’interlocuteur de rétorquer. C’est pouvoir se targuer d’avoir une argumentation qui provoque chez l’autre un assentiment de son esprit a notre propos.  Or, on peut mettre en lumière deux manières de provoquer chez l’interlocuteur une telle réaction. L’argumentation convaincante et l’argumentation persuasive.  La première est une preuve qui touche la raison. Une preuve qui s’apparente à celle du biologiste qui démontre à partir de prémisses non démontrées, des énoncés de la raison que l’homme tend spontanément à accepter. Pourquoi ? Car cette preuve, mise en évidence par un procédé de la raison, universel – déductif, inductif… –, ne peut provoquer que l’assentiment de la raison d’autrui. Celle-ci s’identifie à ce raisonnement puisqu’elle aussi peut produire à partir des mêmes hypothèses les mêmes conclusions.  On parle ici donc d’un raisonnement logique, qui permet aisément de comprendre en quoi la science de Ptolémée avait raison, aussi bien que celle de Copernic.    La seconde manière de procéder, c’est toucher les sentiments. Celle-ci plus encore se rapproche de la croyance. Persuader, c’est convaincre les sens.  On voit bien là que l’on s’éloigne de la raison ; on peut donc avoir raison sans la raison.  Les Grecs avaient bien vu en quoi l’exercice de la rhétorique permettait d’avoir raison. Elle est le moyen le plus adéquat pour formuler des énoncés à partir d’une stratégie, de telle sorte à toucher les sens de l’adversaire. Il ne s’agit pas de changer le sens de sa raison, mais d’exposer de manière catégorique des arguments de sorte que son opinion s’en voit déstabilisée.  Conséquence, l’argumentation ici n’est pas en adéquation avec le vrai mais bien plutôt pertinente. C’est à dire le bien fondé de son raisonnement – on voit bien ici que celui-ci ne nécessite qu’une fondation, pas nécessairement une vraie fondation « un raisonnement peut bien tenir sur du sable « Descartes –.    Dans une autre mesure, Schopenhauer dans son ouvrage, l’art d’avoir toujours raison, avait bien mis en évidence un procédé, certes un peu rude, mais non pour autant moins intéressant pour notre analyse : l’idée d’adopter pour chaque situation, une stratégie, de sorte que celle-ci soit la mieux optimisée pour une situation donnée – lorsque votre interlocuteur risque d’avoir raison par exemple –.  C’est bien là le credo des hommes politiques, lors de débats. Le but n’étant pas que ces derniers détiennent la vérité, mais feignent d’avoir raison pour persuader l’auditoire.  Avoir raison, c’est donc bien possible sans la raison. L’usage discipliné de mots et attitudes suffisent bien souvent à faire passer pour exact une assertion a qui l’on ne tient pas rigueur de ne pas être dans le vraie.  L’exemple de la grippe A est le support qui a permis à des individus d’avoir raison auparavant, mais qui face au déroulement des faits: se sont vu ôté ce privilège. Il y a une fluctuation dans le fait d’avoir raison qui exclut la vérité du champ de celui qui a raison (« commençons par écarter tous les faits « Rousseau). Si bien que qu’avoir raison, c’est apprécier a posteriori la pertinence d’une réflexion que l’homme dans les faits tend à vérifier. On peut avec recul relever que Copernic avait raison, mais trop tôt.  La vérité à cet égard peut être considérée dans sa définition classique, l’adéquation entre les faits et l’idée que l’on a du fait.    ***  En ayant mis en lumière ce qui donne raison, on a pu distinguer plusieurs raisons, par leur assentiment plus ou moins subjectif à une argumentation. Parmi elles s’élève la raison mathématique, qui ne doute pas, qui a toujours raison par elle-même.  Pour les autres, avoir raison c’est en quelque sorte détenir la société à sa cause, au moyen de l’éloquence, du moins tant que celle-ci n’ait pas trouvé de croyance préférable.  En outre, le fait d’avoir raison ne peut être perçu que rétrospectivement, ce qui sera spécifié comme le fait d’avoir eu raison trop tôt. C’est ce qu’Aristote à appelé le fait de tomber juste, et ce n’est pas précisé par le fait d’une argumentation juste, mais d’une opinion vraie qui tombe par chance.

« même que l'une fut réfutée pour que l'autre ait raison à sa place.« Avoir raison », est-ce donc convaincre les esprits par une argumentation irréfutable ?***Il semblerait qu'avoir raison soit avant tout une affaire de sens, d'interprétation.

Avoir raison passe par un doubleprocessus.

C'est d'abord le développement d'une argumentation qui ne permet en aucun cas à l'interlocuteur derétorquer.

C'est pouvoir se targuer d'avoir une argumentation qui provoque chez l'autre un assentiment de son esprita notre propos.Or, on peut mettre en lumière deux manières de provoquer chez l'interlocuteur une telle réaction.

L'argumentationconvaincante et l'argumentation persuasive.La première est une preuve qui touche la raison.

Une preuve qui s'apparente à celle du biologiste qui démontre àpartir de prémisses non démontrées, des énoncés de la raison que l'homme tend spontanément à accepter.

Pourquoi? Car cette preuve, mise en évidence par un procédé de la raison, universel – déductif, inductif… –, ne peutprovoquer que l'assentiment de la raison d'autrui.

Celle-ci s'identifie à ce raisonnement puisqu'elle aussi peutproduire à partir des mêmes hypothèses les mêmes conclusions.On parle ici donc d'un raisonnement logique, qui permet aisément de comprendre en quoi la science de Ptoléméeavait raison, aussi bien que celle de Copernic. La seconde manière de procéder, c'est toucher les sentiments.

Celle-ci plus encore se rapproche de la croyance.Persuader, c'est convaincre les sens.On voit bien là que l'on s'éloigne de la raison ; on peut donc avoir raison sans la raison.Les Grecs avaient bien vu en quoi l'exercice de la rhétorique permettait d'avoir raison.

Elle est le moyen le plusadéquat pour formuler des énoncés à partir d'une stratégie, de telle sorte à toucher les sens de l'adversaire.

Il nes'agit pas de changer le sens de sa raison, mais d'exposer de manière catégorique des arguments de sorte que sonopinion s'en voit déstabilisée.Conséquence, l'argumentation ici n'est pas en adéquation avec le vrai mais bien plutôt pertinente.

C'est à dire lebien fondé de son raisonnement – on voit bien ici que celui-ci ne nécessite qu'une fondation, pas nécessairementune vraie fondation « un raisonnement peut bien tenir sur du sable » Descartes –. Dans une autre mesure, Schopenhauer dans son ouvrage, l'art d'avoir toujours raison, avait bien mis en évidence unprocédé, certes un peu rude, mais non pour autant moins intéressant pour notre analyse : l'idée d'adopter pourchaque situation, une stratégie, de sorte que celle-ci soit la mieux optimisée pour une situation donnée – lorsquevotre interlocuteur risque d'avoir raison par exemple –.C'est bien là le credo des hommes politiques, lors de débats.

Le but n'étant pas que ces derniers détiennent lavérité, mais feignent d'avoir raison pour persuader l'auditoire.Avoir raison, c'est donc bien possible sans la raison.

L'usage discipliné de mots et attitudes suffisent bien souvent àfaire passer pour exact une assertion a qui l'on ne tient pas rigueur de ne pas être dans le vraie.L'exemple de la grippe A est le support qui a permis à des individus d'avoir raison auparavant, mais qui face audéroulement des faits: se sont vu ôté ce privilège.

Il y a une fluctuation dans le fait d'avoir raison qui exclut lavérité du champ de celui qui a raison (« commençons par écarter tous les faits » Rousseau).

Si bien que qu'avoirraison, c'est apprécier a posteriori la pertinence d'une réflexion que l'homme dans les faits tend à vérifier.

On peutavec recul relever que Copernic avait raison, mais trop tôt.La vérité à cet égard peut être considérée dans sa définition classique, l'adéquation entre les faits et l'idée que l'ona du fait. ***En ayant mis en lumière ce qui donne raison, on a pu distinguer plusieurs raisons, par leur assentiment plus ou moinssubjectif à une argumentation.

Parmi elles s'élève la raison mathématique, qui ne doute pas, qui a toujours raisonpar elle-même.Pour les autres, avoir raison c'est en quelque sorte détenir la société à sa cause, au moyen de l'éloquence, du moinstant que celle-ci n'ait pas trouvé de croyance préférable.En outre, le fait d'avoir raison ne peut être perçu que rétrospectivement, ce qui sera spécifié comme le fait d'avoireu raison trop tôt.

C'est ce qu'Aristote à appelé le fait de tomber juste, et ce n'est pas précisé par le fait d'uneargumentation juste, mais d'une opinion vraie qui tombe par chance.. »

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