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Est-il raisonnable de croire en dieu?

Publié le 11/03/2005

Extrait du document

dieu
  IV. J'entends par attribut ce que la raison conçoit dans la substance comme constituant son essence. V. J'entends par mode les affections de la substance, ou ce qui est dans autre chose et est conçu par cette même chose. VI. J'entends par Dieu un être absolument infini, c'est-à-dire une substance constituée par une infinité d'attributs dont chacun exprime une essence éternelle et infinie. Explication : Je dis absolument infini, et non pas infini en son genre ; car toute chose qui est infinie seulement en son genre, on en peut nier une infinité d'attributs ; mais, quant à l'être absolument infini, tout ce qui exprime une essence et n'enveloppe aucune négation, appartient a son essence. »   Dieu est, chez Spinoza, défini, et non pas déduit. Il ne s'agit pas non plus d'un pétition de principe (c'est-à-dire, son existence, qu'on cherche à démontrer, n'est pas simplement posée sans justification). Il s'agit plutôt d'une définition au sens mathématique du terme : sous le terme « Dieu », Spinoza place ce qui suit un certain ensemble de propriétés (voir ci-dessus l'extrait).

Analyse des notions du sujet :

 

  • « raisonnable « peut s'interpréter de deux manières : premièrement, est raisonnable le choix qui paraît à un moment donné être le plus opportun, ou apporter le plus de bénéfices. C'est le sens courant du mot. Deuxièmement, « raisonnable « se rapporte à « raison « : est raisonnable ce qui résulte d'un calcul de la raison, et non par exemple d'un caprice de la sensibilité.

  • La croyance est une acceptation sans preuve, du moins, sans preuve complète. Elle se meut donc dans le probable, et repose parfois sur une illusion. Ainsi, une part de doute demeure toujours dans la croyance, ce qui est un moyen de la différencier de la foi, qui est une croyance absolument ferme.

  • Enfin, « Dieu « peut être le dieu des religions ou celui des philosophes

Problématisation

Croyance et raison semble s'exclurent mutuellement : comment en effet la raison qui veut rester honnête peut-elle accepter une proposition (par exemple : « Dieu existe «) alors qu'un doute demeure ? Aussi nous posons nous dans un premier temps la question suivante, qui englobe celle de notre sujet :

  1. Est-il raisonnable de croire (en quoi que ce soit ?)

Si notre enquête montre que non, alors, a fortiori, il sera déraisonnable de croire en Dieu. Si, en revanche, il est raisonnable de croire, alors, nous serons amenés à nous poser une seconde question :

  1. En quel Dieu est-il raisonnable de croire ?

 

dieu

« Référence : Nietzsche, Gai savoir « Notre sérénité.

- Le plus grand récent événement - à savoir que "Dieu estmort", que la croyance au Dieu chrétien est tombée en discrédit - commencedès maintenant à étendre son ombre sur l'Europe.

Aux quelques rares, tout aumoins, doués d'une suspicion assez pénétrante, d'un regard assez subtil pource spectacle, il semble en effet que quelque soleil vienne de décliner, quequelque vieille, profonde confiance se soit retournée en doute : à ceux-lànotre vieux monde doit paraître de jour en jour plus crépusculaire, plusméfiant, plus étranger, "plus vieux".

Mais sous le rapport essentiel on peutdire : l'événement en soi est beaucoup trop considérable, trop lointain, tropau-delà de la faculté conceptuelle du grand nombre pour que l'on puisseprétendre que la nouvelle en soit déjà parvenue, bien moins encore, qued'aucuns se rendent compte de ce qui s'est réellement passé, comme de toutce qui doit désormais s'effondrer, une fois ruinée cette croyance, pour avoirété fondée sur elle, et pour ainsi dire enchevêtrée en elle : par exemple notremorale européenne dans sa totalité. Cette longue et féconde succession de ruptures, de destructions, de déclins,de bouleversements, qu'il faut prévoir désormais : qui donc aujourd'hui ladevinerait avec assez de certitude pour figurer comme le maître,l'annonciateur de cette formidable logique de terreurs, le prophète d'unobscurcissement, d'une éclipse de soleil comme jamais il ne s'en produisit en ce monde [...] ? D'où vient que mêmenous autres, nous envisagions la montée de cet obscurcissement sans en être vraiment affectés, et surtout sanssouci ni crainte pour nous-mêmes ? Subirions-nous trop fortement peut-être l'effet des conséquences immédiatesde l'événement - conséquences immédiates qui pour nous autres ne sont, contrairement à ce que l'on pourrait peut-être en attendre, nullement affligeantes ni assombrissantes, mais bien plutôt comme une lumière, une félicité, unsoulagement, un égaiement, un réconfort, une aurore d'une nouvelle sorte qui ne se décrit que difficilement... En effet, nous autres philosophes, nous autres "esprits libres", à la nouvelle que le "vieux dieu est mort", nous noussentons comme touchés par les rayons d'une nouvelle aurore : notre coeur, à cette nouvelle, déborde dereconnaissance, d'étonnement, de pressentiment, d'attente - voici l'horizon à nouveau dégagé, encore qu'il ne soitpoint clair, voici nos vaisseaux libres de reprendre leur course, de reprendre leur course à tout risque.

» Le texte de Nietzsche répond en apparence de manière radicale, non pas à la question : « la raison peut-ellecroire ? » mais à celle du sujet.

Il faudrait pourtant se garder de dire qu'avec Nietzsche, puisque Dieu est mort, ilest déraisonnable d'y croire.

« Dieu est mort » signifie plutôt que l'évaluation « Dieu » (tout est interprétation ouévaluation selon Nietzsche), n'est plus une commodité utile.

Autrement dit, nous n'en avons plus besoin.

Il est aucontraire temps de créer, et c'est désormais possible, de nouvelles valeurs (c'est le sens du dernier paragraphe). Les valeurs, ce que nous croyons être vrai, sont toujours des commodités pour la raison (au sens large, c'est-à-direpour l'esprit).

Ce sont certes des illusions ; pourtant, la raison ne saurait s'en passer.

Autrement dit : la raison nepeut pas ne pas croire (en la validité ou vérité d'une valeur).

Raison et croyance ne s'excluent donc pas.

Lacroyance devient au contraire le mode normal de fonctionnement de la raison : il n'est pas déraisonnable de croire,tant que, pour Nietzsche, nous croyons (ou évaluons) de manière à toujours affirmer notre force, à ne jamais nier lemouvement de la vie. Nietzsche affirme la mort de Dieu en tant qu'évaluation, il ne démontre toutefois pas que Dieu n'existe pas.

Notreseconde question conserve donc sa pertinence : II – En quel Dieu est-il raisonnable de croire ? Avec Nietzsche, nous avons affirmé la mort de Dieu, c'est-à-dire, l'inutilité de l'évaluation « Dieu ».

Nous n'avonspourtant pas démontré qu'il n'existait pas, ce qui est impossible.

Le doute subsistera donc toujours.

C'est en cesens que l'on peut trouver raisonnable le fameux pari de Pascal (in : Les Pensées ) « — Examinons donc ce point, et disons : «Dieu est, ou il n'est pas.» Mais de quel côté pencherons-nous ? La raisonn'y peut rien déterminer : il y a un chaos infini qui nous sépare.

Il se joue un jeu, à l'extrémité de cette distanceinfinie, où il arrivera croix ou pile.

Que gagerez-vous ? Par raison, vous ne pouvez faire ni l'un ni l'autre; par raison,vous ne pouvez défaire nul des deux. Ne blâmez donc pas de fausseté ceux qui ont pris un choix; car vous n'en savez rien. — Non; mais je les blâmerai d'avoir fait, non ce choix, mais un choix; car, encore que celui qui prend croix et l'autresoient en pareille faute, ils sont tous deux en faute : le juste est de ne point parier. — Oui, mais il faut parier; cela n'est pas volontaire, vous êtes embarqué.

Lequel prendrez-vous donc ? Voyons.Puisqu'il faut choisir, voyons ce qui vous intéresse le moins.

(...) .Votre raison n'est pas plus blessée, en choisissant. »

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