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Est-il raisonnable de donner un sens à tout ?

Publié le 24/02/2005

Extrait du document

Pour ce faire, il faut cesser de penser l'absolu sur le mode de la fixité, mais l'interpréter comme un mouvement. Le réel consiste en un processus de différenciation, et ces choses que l'on ressent comme différentes ne sont en réalité que les différents moments d'un mouvement. Toutes les formes de la vie spirituelle, qu'elle soit philosophique, religieuse ou artistique ne sont donc pas incompatibles, elles constituent différentes étapes dans le déploiement du réel. Le passage de l'un à l'autre, et donc en quelque sorte le saut vers la chose en soi est possible, pour peu que l'on respecte les différents instants du déploiement du réel. b) Kant n'a ainsi pas vu ce que Hegel nomme le travail du négatif. Pour Kant, le saut métaphysique vers la chose en soi est seulement porteur de contradictions. Mais Hegel souligne que la contradiction est porteuse de sens, non en tant que telle, mais en tant qu'elle opère un travail. Ce travail est un travail par la négation, mais il amène petit à petit le réel à l'être. Ce n'est que le moment négatif du déploiement du réel, mais c'est un moment nécessaire et fructueux. Il faut comprendre pour accepter cela que, ainsi que Hegel l'écrit dans les Principes de la philosophie du droit, « le réel est rationnel, et le rationnel est réel.

Analyse du sujet :

 

-          On remarque que l’adjectif raisonnable sous-entend la notion de raison

-          Aussi on peut en déduire que s’il s’agit de donner un sens, il doit s’agir d’un sens rationnel.

-          En effet, il semble déraisonnable de donner un sens irrationnel aux choses.

-          Il apparaît aussi qu’à vouloir donner un sens à tout nous risquerions de donner un sens qui dépasserait notre raison, puisque nous sommes des êtres limités.

-          D’un autre côté, l’homme semble avoir besoin du sens, et ce faisant, le non-sens est peut-être plus déraisonnable que le mauvais sens.

-          Il semble aussi que renoncer à donner du sens, ce soit renoncer à tenter la chance d’accroître notre connaissance. En effet, nous ne savons pas jusqu’où s’étend ce que nous pouvons savoir puisque par définition, nous ne savons pas encore en quoi consiste ce que nous cherchons, or il est certain que nous ne pouvons trouver qu’à condition de chercher.

-          Par ailleurs, l’on peut se demander si une erreur n’est pas plus profitable qu’un renoncement à la vérité puisque l’erreur constitue un cheminement vers la vérité.

 

 

Problématisation :

 

Il peut apparaître à première vue plutôt naïf de donner un sens à tout, tant on entend d’absurdités sur nombre de sujets. On a alors le sentiment que « ces gens feraient mieux de se taire. « Pour autant, considérer qu’il faille se taire aussitôt qu’on doute de ce qu’on a à dire, c’est courir le risque de ne plus jamais rien dire du tout. Alors finalement, c’est comme si on avait le choix entre « donner un sens à tout « ou « ne donner de sens à rien. « L’usage de la raison permet-il que le sens que l’on donne aux choses et aux événements soit toujours un sens en adéquation avec le réel ?

« 2.

La quête de sens doit éviter la défaite du sens qu'est la métaphysique.

a) Malheureusement pour Platon, il semble que son enseignement n'ait faitque continuer le problème qu'il combattait lui-même.

En s'en remettant à unmonde intelligible garant de l'unité de la raison, il a invité tous les espritsspéculatifs à s'extraire du monde sensible et à verser dans un monde détachéde toute réalité.

Libérés de toutes entraves, leurs raisonnements aboutirent àdes résultats contraires, si bien qu'au lieu de se rapprocher de la vérité, ilss'en écartèrent.b) D'où la nécessité d'une critique de la raison.

C'est ce à quoi s'est attachéKant dans la Critique de la raison pure .

Dans cet ouvrage, Kant entend définir les limites de la raison pour que celle-ci avance vers la vérité et ne se perdeplus hors d'elle-même.

Il écrit ainsi qu'il faut établir un tribunal de la raison quidonnerait à celle-ci « assurance en ses justes prétentions, mais qui, enrevanche, puisse en finir avec ses présomptions non fondées.

» ( Critique de la raison pure , préface de la première édition).

La raison a en effet tendance à dépasser les cadres dans lesquels elle dispose d'un pouvoir de connaître,comme en témoignent les points de vue contraires auxquels elle aboutit.

C'estce qui se traduit dans la métaphysique, où la raison recherche les raisonspremières des choses.

Le problème qui se pose alors, c'est que la raisons'élève à des objets dont aucune expérience n'est possible.

En effet, lesraisons premières des choses, ce sont des choses qui ne sont conditionnéespar rien, comme Dieu, la liberté et l'immortalité.

Il est donc légitime d'en avoir l'intuition, mais non de les fonder enraison.c) Kant va donc établir une distinction fondamentale en exposant que tout ce que nous pouvons connaître ce sontles phénomènes, et non les choses en soi.

Phénomène et chose en soi sont en fait les deux faces de la mêmechose, à la différence que la chose en soi est la face irreprésentable du phénomène.

Le phénomène provient de lachose en soi, il est sa manifestation qui nous est donnée dans la sensibilité, que nous pouvons conceptualiser et quireste conforme à l'organisation de l'esprit humain.

Si donc il y a un amour de la connaissance irrépressible auquel ilfaut souscrire, il convient de se prévenir de la tentation métaphysique qui ne ferait que nous emmener vers demauvais chemins.

Pour cela, il faudrait tourner notre désir de connaissance vers le phénomène, et non vers la choseen soi.

Transition : Le projet kantien soulève toutefois un autre problème : en se murant derrière les limites de la raison, ne s'occupant plus que du « phénomène », cette philosophie ne cantonnerait-elle pas la réflexion sur le réel à uneréflexion sur soi-même, une réflexion en système clos ? Le sens qu'on donne au phénomène est-il encore réel s'il sedésintéresse de la chose en soi d'où il provient ? 3.

La critique de la métaphysique doit elle-même se dépasser pour comprendre la réalité rationnelle duréel.

a) En créant une dichotomie entre chose en soi et phénomène, Kant a instauré une séparation entre intériorité etextériorité, entre le savoir et la réalité, entre l'absolu et sa manifestation.

Pour mettre fin à cette pensée dudualisme, Hegel a considéré qu'il fallait revenir à une unité de la réalité.

Pour ce faire, il faut cesser de penserl'absolu sur le mode de la fixité, mais l'interpréter comme un mouvement.

Le réel consiste en un processus dedifférenciation, et ces choses que l'on ressent comme différentes ne sont en réalité que les différents moments d'unmouvement.

Toutes les formes de la vie spirituelle, qu'elle soit philosophique, religieuse ou artistique ne sont doncpas incompatibles, elles constituent différentes étapes dans le déploiement du réel.

Le passage de l'un à l'autre, etdonc en quelque sorte le saut vers la chose en soi est possible, pour peu que l'on respecte les différents instants dudéploiement du réel.b) Kant n'a ainsi pas vu ce que Hegel nomme le travail du négatif.

Pour Kant, le saut métaphysique vers la chose ensoi est seulement porteur de contradictions.

Mais Hegel souligne que la contradiction est porteuse de sens, non entant que telle, mais en tant qu'elle opère un travail.

Ce travail est un travail par la négation, mais il amène petit àpetit le réel à l'être.

Ce n'est que le moment négatif du déploiement du réel, mais c'est un moment nécessaire etfructueux.

Il faut comprendre pour accepter cela que, ainsi que Hegel l'écrit dans les Principes de la philosophie du droit , « le réel est rationnel, et le rationnel est réel.

» Ainsi tout ce qui concerne le réel est un déploiement de la raison, et tout ce qui est rationnel se déploie dans le réel.

De la sorte, il faut laisser au réel le temps de se déployerpour pouvoir en rendre raison.

C'est ce que Hegel exprime lorsqu'il affirme dans les Principes de la philosophie du droit que : « La chouette de Minerve ne prend son vol qu'à la tombée de la nuit » (Minerve étant la déesse de la sagesse).c) Ce travail du négatif permet ainsi de donner sens à toutes les dimensions de l'existence, car s'il s'exprime enlogique par cette effectivité de l'antithèse (moment négatif de la réflexion), il s'exprime dans le réel par le sens a posteriori qu'on peut donner aux diverses épreuves qu'a dû surmonter l'humanité, comme à celles que doivent surmonter les individus.

Si « le réel est rationnel et le rationnel est réel », alors les souffrances de l'existence nesont pas vaines, il y a une leçon à en tirer.

Ainsi on peut prendre l'exemple de la seconde guerre mondiale : si celle-ci a exprimé le mal à un niveau très élevé, elle a aussi permis de s'acheminer vers la construction de l'Europe, quisera peut-être un moyen d'éviter d'autres guerres.

Il y a ainsi un travail de la raison dans l'Histoire qui a toujours unmoment négatif, et il en est de même à un niveau individuel.

Il n'est donc pas inconséquent de chercher à donner. »

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