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Est-il raisonnable de faire confiance à ses intuitions ?

Publié le 22/01/2004

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B. L'intuition rationnelle ou intellectuelle consiste dans la perception de rapports entre les données des sens ou de la conscience. Les animaux, qui ont des intuitions empiriques, n'ont pas d'intuitions rationnelles. Ainsi ils perçoivent comme l'homme les lignes formant un polygone régulier : ils ne perçoivent pas dans cette figure la régularité résultant du rapport des lignes entre elles. Ils perçoivent des choses semblables, mais non leur ressemblance, car on ne les voit pas s'étonner comme l'enfant au spectacle des objets d'une ressemblance frappante. Ils ne s'étonnent pas quand ils sont témoins d'un événement dont l'antécédent est invisible, car, dans leur esprit, il n'y a pas de liaison nécessaire entre l'idée de commencement et celle de cause. C. Au sens le plus usuel, on entend par intuition l'intuition divinatrice, par laquelle un esprit cultivé ou expérimenté découvre la solution d'un problème avant de pouvoir démontrer rationnellement qu'elle est juste. Ce mode de pensée joue un rôle capital : a) aussi bien dans la vie pratique (c'est sur des intuitions de ce genre que se fonde la confiance ou la défiance que nous inspirent nos semblables) que b) dans la recherche scientifique (l'hypothèse du savant est une donnée de l'intuition divinatrice).Ces trois sortes d'intuition semblent bien réaliser la notion d'intuition en général : connaissance d'un objet de pensée en lui-même.

« l'existence de rapports, mérite aussi une confiance absolue.

S'il s'agit de rapports de fait (j'ai devant moi un livre), lacertitude de cette intuition est du même ordre que celle de la réalité des phénomènes en rapport (dans l'exempledonné, la réalité de la représentation du livre).

Pour les rapports de droit (le tout est plus grand que la partie) ,cette intuition se présente avec une évidence qui ne laisse place à aucun doute, et si nous voulons la mettresystématiquement en doute, nous constatons que nous devons renoncer à penser. B.

Au contraire, l'intuition divinatrice ne mérite pas une confiance absolue ; aussi ses trouvailles doivent-elles êtrecontrôlées parce que ne résultant pas d'une intuition véritable.Tout d'abord, elle ne présente pas les caractères de clarté, d'évidence communicable de la véritable intuition.Tandis que le géomètre peut donner à tout homme cultivé l'intuition rationnelle qui lui permettra de voir la logiqued'un théorème, la lecture d'un dossier judiciaire ne donnera pas à tous les juges et à tous les avocats la mêmeintuition.Ensuite, une analyse plus approfondie découvre dans l'intuition divinatrice des éléments discursifs.

Souvent, on sefonde sur une analogie entre le problème actuel et des problèmes résolus antérieurement.

Parfois, c'est sur un indicequ'on hasarde une hypothèse.

Le plus souvent, il se produit un travail de réflexion et de discussion à demi conscientqui affleure à un moment donné sous la forme d'un éclair subit, semblable à une révélation.Dans tous ces cas, il n'y a pas intuition véritable : on atteint, non l'objet de pensée en lui-même, mais des faits quin'en sont que les signes, et dans l'interprétation desquels on peut se tromper. Conclusion.

-- L'intuition divinatrice elle-même n'en garde pas moins une valeur inappréciable : c'est elle qui fait les grands savants et les grandes découvertes.

Sans doute, ses données doivent être contrôlées par le raisonnement,qui est fait d'intuitions rationnelles.

Mais c'est l'intuition divinatrice qui prend les devants et conquiert le terrain quela pensée discursive se contente d'organiser.

A elle aussi il faut faire confiance et, si l'on peut ainsi parler, lui laisserparfois la bride sur le cou, quitte à vérifier ensuite ses trouvailles. BERGSON : Penser intuitivement, c'est penser en durée.

L'intelligence part ordinairement de l'immobile, et reconstruit tant bien que mal le mouvement avecdes immobilités juxtaposées.

L'intuition part du mouvement, le pose ou plutôtl'aperçoit comme la réalité même, et ne voit dans l'immobilité qu'un momentabstrait, instantané pris par notre esprit sur la mobilité.

L'intelligence se donneordinairement des choses, entendant par là du stable, et fait du changement unaccident qui s'y surajouterait.

Pour l'intuition, l'essentiel est le changement :quant à la chose, telle que l'intelligence l'entend, c'est une coupe pratiquée aumilieu du devenir et érigée par notre esprit en substitut de l'ensemble.

La penséese représente ordinairement le nouveau comme un nouvel arrange-mentd'éléments préexistants ; pour elle rien ne se perd, rien ne se crée.

L'intuition,attachée à une durée qui est croissance, y perçoit une continuité ininterrompued'imprévisible nouveauté.[...] Le concept qui est d'origine intellectuelle est tout de suite clair, au moinspour un esprit qui pourrait donner l'effort suffisant, tandis que l'idée issue d'uneintuition commence d'ordinaire par être obscure, quelle que soit la force de notrepensée.

C'est qu'il y a deux espèces de clarté.Une idée neuve peut être claire parce qu'elle nous présente, simplementarrangés dans un nouvel ordre, des idées élémentaires que nous possédionsdéjà.

Notre intelligence, ne trouvant alors dans le nouveau que de l'ancien, sesent en pays de connaissance ; elle est à son aise ; elle « comprend Telle est la clarté que nous désirons, que nous recherchons, et dont nous savons gré à celui qui nous l'apporte.

Il en est uneautre, que nous subissons, et qui ne s'impose d'ailleurs qu'à la longue.

C'est celle de l'idée radicalement neuve etabsolument simple qui capte plus ou moins une intuition.

Comme nous ne pouvons la reconstituer avec des élémentspréexistants, puisqu'elle n'a pas d'éléments, et comme, d'autre part, comprendre sans effort consiste à recomposerle nouveau avec de l'ancien, notre premier mouvement est de la dire incompréhensible.

Mais acceptons-1aprovisoirement, promenons-nous avec elle dans les divers départements de notre connaissance : nous la verrons,elle obscure, dissiper des obscurités.

Par elle, des problèmes que nous jugions insolubles vont se résoudre, ou plutôtse dissoudre, soit pour disparaître définitivement soit pour se poser autrement. Avez-vous compris l'essentiel ? 1 Qu'est-ce qui distingue l'intuition et la connaissance rationnelle lorsqu'il s'agitde penser le temps ?2 La connaissance rationnelle ou intellectuelle est-elle plus claire que l'intuition ?3 La connaissance rationnelle est-elle plus simple que l'intuition ? Réponses: 1 - L'intuition pense la durée et le mouvement, le devenir, alors que la connaissance rationnelle préfère s'en tenir àl'instant, à la fixité, à l'immobile.. »

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