Le raisonnement par analogie

« est la perception d'une ressemblance, or celle-ci (cf.

Psychologie de la perception) peut avoir tous les degrés de subjectivité ou d'objec­ tivité.

Nous nous en tiendrons ici aux analogies • objectives •, c'est-à-dire à celles qui impliquent un jugement de ressemblance objective et un jugement d'attribution de propriétés identiques à l'un et à l'autre objet.

C'est la succession de ces deux jugements qui forme le • raisonnement par analogie •.

- I - Le raillio:ilnement par analogie et le raisonnement transductif.

L'analyse des exemples de raisonnements par analogie montre qu'apparemment tout au moins, on passe d'un cas parti­ culier à un cas particulier.

• Le fer se dilate sous l'action de la chaleur, donc le cuivre doit se dilater aussi • - • On a extrait de la soude un métal, le sodium, donc on doit pouvoir extraire un métal de la potasse •· • Le son est une ondulation de l'air, la lumière, qui est ondulation aussi, suppose un millieu, ce sera l'éther•.

•La planète Terre a une atmosphère et elle est habitée, la planète Mars a une atmosphère, elle est donc habitée », - Des deux moments du raisonnement par analogie, le second ou transfert de propriétés, est fondé sur le premier qui est jugement, jugement de fait et jugement catégorique.

Or ce • transfert » de propriétés, constatées dans l'expérience pour un objet donné, à un autre obje donné présentant une analogie avec le premier, rappelle le raisonnement transductif.

Stern, puis Piaget ont donné naguère ce nom au raisonnement de l'enfant, qui est fondé sur l'analogie, l'Identité ou la différence.

Quand l'enfant dit: • La statue va prendre froid paree qu'elle est déshabillée-,, ou «Le vent est vivant parce qu'il court "• il raisonnt> par analogie.

Son jugement reste non-objectif parce que l'enfant pense par images et non par concepts, tout en opérant une véritable abstraction spontanée (que Burloud, contre Piaget, considère comme un équivalent fonctionnel de notre abstraction réfléchie) puisque ses jugements impliquent de véritables • majeures • universelles : • être nu c'est avoir froid •, « tout ce qui vit se meut spontanément • ; et surtout parce que le plus souvent le premier terme de l'analogie (qui suppose 2 objets) est l'enfant lui-même.

Nous pouvons dire que le raisonnement par analogie est du même type que le jugement transductif.

Comme lui, il consiste à passer d'un fait constaté à une affirmation concernant un autre fait ana­ logue au premier.

On voit tout de suite que les conditions logiques qui seules rendent un tel raisonnement valable sont : 1 -L'identité de nature entre les deux • analogues •· 2 - La nécessité de la relation entre la propriété observée et la nature réelle de l'objet.

C'est parce que ces 2 conditions font défaut que le raisonnement transductif n'est pas logiquement valable, et une erreur sur l'un de ces deux points suffit à disqualifier le raisonnement par analogie.. »