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LE RATIONALISME, SES FORMES DIVERSES

Publié le 02/07/2011

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A) La maïeutique de Socrate. — Enseigner, ce n'est pas communiquer la vérité toute faite aux esprits, c'est la leur faire trouver. Donc les esprits portent en eux-mêmes la vérité ou du moins le germe de la vérité, les principes de la science.

B) La réminiscence de Platon. — L'âme se souvient, à l'occasion des faits de l'expérience, des idées éternelles qui fournissent l'explication de ces faits.

C) L'innéité cartésienne. —A vrai dire, il n'y a pas, selon Descartes, d'idées innées en nous, il n'y a d'inné que la faculté d'acquérir certaines idées.

D) Théorie de Leibniz. — Les idées innées sont inconscientes ; ce sont de simples préformations ou prédispositions de la pensée. Elles surgissent dans l'esprit à l'occasion de l'expérience, mais elles ne sortent pas de 1 expérience ; l'esprit les tire de son propre fonds.

« rationalistes.En définissant la raison la faculté de percevoir des rapports, et la pensée la perception et l'affirmation d'un rapport,nous nous en sommes tenu à l'acte élémentaire de la raison et à la forme la plus simple de la pensée.

La penséeréelle, telle qu'elle se déroule au long de nos journées, est plus complexe.

L'analyse ne saurait la réduire à' une sériede jugements affirmant des rapports : elle est une chaîne de jugements, ou mieux tout un réseau, d'unecomplication extrême, de jugements qui se rattachent les uns aux autres : la pensée est faite de raisonnements, etla raison est la faculté de raisonner.

Or, le raisonnement ne suppose pas seulement des données sensorielles entrelesquelles on perçoit des rapports; il implique aussi la perception de rapports entre les jugements eux-mêmes et laconnaissance implicite des principes rationnels sur lesquels se fonde le raisonnement : le principe de contradiction,armature nécessaire de tout raisonnement; le principe de raison suffisante, ressort de toute recherche del'explication des choses.

Ces principes, disent les rationalistes, étant universels et nécessaires, ne peuvent pasrésulter de l'expérience, qui, aussi longue qu'elle soit, reste particulière.

Pour les expliquer, il faut admettre unefaculté des principes, du moins une faculté de former les principes : c'est la raison.Enfin, le rationalisme s'efforce de bannir de la pensée tout ce qui n'est pas rationnel, c'est-à-dire logique,rigoureusement enchaîné comme la suite des théorèmes en géométrie.

Non seulement l'intervention du sentimentdans le jeu de la pensée est sévèrement prohibée, mais on n'y tolère même pas ces démarches mystérieuses que lesens commun a appelées du nom d'intuition ou d'inspiration.

Il ne suffit pas de parvenir à la clarté : c'est par deschemins clairs qu'il faut y aboutir.

Les rationalistes de cette espèce font un grand cas de la méthode et en viennentà dire, comme DESCARTES et BACON, qu'elle est presque tout.Le rationalisme cosmologique d'après lequel tout, dans le monde, est rationnel est une conséquence dit rationalismepsychologique.

En effet, les principes qui régissent notre pensée se présentent comme la loi de toutes choses.

Sinous cherchons naturellement la raison des choses, c'est que nous sommes convaincus de l'explicabilité de tout leréel, de la rationalité du monde.Ce rationalisme a été professé, dès l'aurore de la philosophie grecque, sous une forme mathématique : ratio signifieaussi calcul et les livres de comptes s'appelaient autrefois « livres de raison ».

PYTHAGORE, en particulier, avait étéfrappé par la simplicité de certains rapports étudiés en mathématiques et en physique : qu'on se rappelle lethéorème du carré de l'hypoténuse et les intervalles des sons musicaux qui forment un accord consonant.

Poussépar la tendance naturelle de l'esprit et se fondant sur des observations de ce genre, PYTHAGORE avait dit que lesnombres gouvernent le monde.

Plus tard, PLATON affirmait que dans toutes ses oeuvres Dieu fait de la géométrie.Cette conception du monde se heurta à pas mal d'exceptions, et l'homme dut constater pas mal d'irrationnels.PYTHAGORE avait été acculé, à son grand scandale, à reconnaître l'incommensurabilité de PI.

Qu'il n'y ait pas unemesure, aussi petite soit-elle, qui permette d'établir un rapport précis entre le diamètre et la circonférence était unetelle défaite pour un adepte du rationalisme que la Maître, dit-on, faisait jurer à ses disciples de ne jamais révélercette anomalie.Depuis lors, on a reconnu beaucoup d'autres « irrationnels », mais on a découvert encore plus de rapportsrationnels, si bien que les mathématiques sont devenues de plus en plus l'instrument indispensable pour interpréterle monde.Une forme plus commune de rationalisme cosmologique est le déterminisme, d'après lequel tous les événements quise produisent s'expliquent par leurs antécédents, dont ils ne sont qu'une transformation.

Par suite, suivant unedéclaration célèbre de LAPLACE, « une intelligence qui, pour un instant donné, connaîtrait toutes les forces dont lanature est animée et la situation respective des êtres qui la composent, si d'ailleurs elle était assez vaste poursoumettre ces données à l'analyse, embrasserait dans la même formule les mouvements des plus grands corps del'univers et ceux du plus léger atome : rien ne serait incertain pour elle, et l'avenir, comme le passé, serait présent àses yeux.

»Il n'est pas à croire que l'hypothèse de LAPLACE se réalise jamais.

Mais peut-être l'homme connaîtra-t-il un jour lanature intime des éléments dont est fait le monde.

Alors, il pourra, au lieu d'observer patiemment les propriétés deschoses, les déduire des propriétés des éléments dont elles sont formées.

Alors la connaissance du monde seracomplètement rationnelle et la physique sera déductive comme la géométrie.

Ainsi avait tenté de procéder DESCARTES : tentative audacieuse et prématurée, mais qui marquait la voieaux savants des temps modernes.On peut appeler rationalisme moral les formes normatives du rationalisme,c'est-à-dire les doctrines d'après lesquelles la grande loi morale est d'êtrehomme de raison : pour le rationalisme moral, rationalité est synonyme demoralité.L'essentiel du rationalisme moral se trouve dans la morale rationnelle classiqued'après laquelle la raison est le fondement de la moralité.

Dans cetteconception, le bien, c'est ce que la raison nous montre tel; l'obligation, c'estla raison qui la fonde en reconnaissant qu'il est de l'essence d'un êtreraisonnable et libre de mettre son pouvoir de choisir au service de ce qui a leplus de valeur; l'idéal, c'est une vie tout entière conforme à la raison.Ces thèses sont à la base de la morale théologique elle-même, si on lescomprend bien.

La morale théologique se fonde sur Dieu : le bien est dans laconformité à la volonté divine; l'idéal, dans la ressemblance la plus grandepossible avec la divinité.

Mais, il ne faut pas l'oublier, comment le philosopheconnaît-il Dieu, sinon par la raison P D'autre part, Dieu ne doit pas être conçucomme un être imparfait dont les volontés sont mêlées de caprice : il est laRaison même et il n'y a rien en lui qui ne soit rationnel; par suite, en luiobéissant, c'est à la raison que nous obéissons; en l'imitant, c'est à la Raisonsuprême que nous nous conformons.

Enfin, comment la philosophie morale. »

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