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Les réalités de l'art ne reproduisent pas le visible, avec plus ou moins de tempérament, mais rendent visible (Klee)

Publié le 02/01/2005

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·         Platon : critique de l'art d'imitation (mimésis) dans La République. L'art illusionne, il ne révèle rien mais imite le réel de façon trompeuse.

·         Aristote, La Poétique : l'art imite la nature tout d'abord dans un désir de connaissance puis par plaisir de contempler des imitations. ·         Le réalisme : Stendhal :  « un roman : c'est un miroir que l'on promène le long du chemin «, c'est-à-dire une fidèle reproduction de la réalité.

·         Cependant, peut-on en rester à cette vision qui réduit l'art à l'état de simple copie du monde réel ? La production artistique n'est-elle pas une façon pour l'homme d'accéder à d'autres horizons ?  

2- En effet, cette position est à nuancer. L'art, loin de n'être qu'une simple copie est un moyen pour l'homme d'exprimer une approche particulière du monde et de la vie.

·         Hegel, L'Esthétique : l'art « idéalise la nature «, la beauté artistique est supérieure à la beauté naturelle parce qu'elle est l'incarnation de l'esprit humain et de la liberté. De plus selon Hegel l'art dévoile une réalité supérieure, la vérité.

Il s’agit ici de discuter cette affirmation afin de mettre en avant tous les enjeux soulevés par Paul Klee. L’intérêt est de mettre au jour la nature des relations entre l’art et le monde réel. On considère communément que l’œuvre d’art est une reproduction de ce que l’artiste voit, une sorte de compte-rendu de ses observations. La fidélité par rapport à la réalité extérieure et la répétition du monde définiraient donc en quelque sorte le rapport de l’artiste au monde. Or, selon Klee, les créations artistiques ne se contentent pas de recopier avec plus ou moins d’originalité le monde en prenant la réalité comme un modèle. Au contraire, il parle des « réalités « propres à l’art, autrement dit de réalités particulières qui différent de la réalité concrète et vécue telle qu’elle nous apparaît au quotidien. Pour Klee, la fonction de l’art, qui est aussi sa principale qualité, est de révéler la réalité en donnant à voir divers aspects du monde visible. Créer est l’acte de dévoiler le réel, de le rendre visible, c’est-à-dire de le faire exister autrement que dans un rapport de préoccupation, de faire exister le monde pour lui-même, pour ce qu’il est vraiment.

Ainsi, à travers ce sujet, il s’agit de déterminer si l’art a une fonction imitatrice ou révélatrice. En effet, l’art est-il capable de dévoiler une certaine réalité ? Les différentes oeuvres portent t-elles au regard et à la conscience ce qui d’ordinaire reste invisible, enfoui sous le poids du quotidien et de l’utile ? Ouvrent-elles de multiples portes sur le monde réel ?

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« · Aristote, La Poétique : l'art imite la nature tout d'abord dans un désir de connaissance puis par plaisir de contempler des imitations. · Le réalisme : Stendhal : « un roman : c'est un miroir que l'on promène le long du chemin », c'est-à-dire une fidèle reproduction de la réalité. · Cependant, peut-on en rester à cette vision qui réduit l'art à être un moyen de connaître le réel ? La production artistique n'est-elle pas une façon pour l'homme d'accéder à d'autres horizons ? 2- En effet, cette position est à nuancer.

L'art, loin de n'être qu'une simple copie est un moyen pourl'homme d'exprimer une approche particulière du monde et de la vie.

· Hegel, L'Esthétique : l'art « idéalise la nature », la beauté artistique est supérieure à la beauté naturelle parce qu'elle est l'incarnation de l'esprit humain et de la liberté. Hegel rompt avec Kant, pour qui la beauté naturelle tient une large part.

Lacontemplation de la belle nature accordemystérieusement l'imagination et l'entendement.

Hegel rejette la beauténaturelle, car la beauté artistique étant un produit de l'esprit lui estnécessairement supérieure.

C'est pour nous et non en soi et pour soi qu'unêtre naturel peut être beau.

L'imitation de la nature n'est donc pas de l'art,tout au plus un exercice d'habileté, par lequel on imite le Créateur.

Il y a plusde plaisir à fabriquer des outils ou des machines qu'à peindre un coucher desoleil.

La valeur de l'art est tout autre : c'est l'esprit à l'oeuvre, qui s'arrachede la nature en la niant.

Au moyen de l'art, l'homme se sépare de la nature etse pose comme distinct.

L'art peut donc faire l'objet d'une science, penseHegel, il suffit d'en montrer la nécessité rationnelle dans l'histoire del'humanité.

L'oeuvre d'art ne décrit pas une réalité donnée, elle n'est pas faitepour notre plaisir, mais l'art est en son essence une intériorité qui cherche às'exprimer, à se manifester ; c'est un contenu qui cherche une forme, un sensqui veut se rendre matériel.

On ne peut le condamner pour son apparence,car il faut bien à la vérité une manière de se montrer.

L'art étanthistoriquement la première incarnation de l'esprit, il se confond d'abord à lareligion : la religion grecque est l'art grec lui-même.

Ce sont Homère etHésiode qui ont inventé les dieux grecs.

Cet âge d'or de l'art, que Hegeldéfinit comme "classique", sera dépassé par l'art romantique avec l'apparitiondu christianisme.

La religion chrétienne est essentiellement anthropomorphique : le divin est le Christ, soit une pure individualité charnelle, qui a souffert et qui est morte encroix.

Seul l'art peut ici donner une représentation charnelle de ce divin, dont le passage historique a été fugitif, etsi l'art est mort dans notre société moderne, c'est probablement pour la raison que la spiritualité chrétienne ne suffitplus tout à fait aux besoins de l'esprit. Le beau est une idée, soit l'unité d'un concept et de la réalité.

Le concept est l'âme tandis que la réalité en estl'enveloppe charnelle.

Le beau est donc la manifestation sensible de cette unité ; il exprime une réconciliation.

Il estnaturel qu'il échappe à l'entendement qui sépare et qui divise, de même qu'à la volonté qui cherche à soumettrel'objet à ses propres intérêts.

Tout ce qui est libre, indépendant, infini, conforme à la seule nécessité de sonconcept, peut être dit beau.

De plus, un bel objet est vrai, puisqu'il est conforme à son être.

Cela implique qu'aucunorganisme vivant ne pourra être beau, parce que soumis au besoin, il n'a pas de véritable liberté.

Seule la beautéartistique peut être accomplie : elle représente l'idéal.

L'idéal est soustrait de la vie quotidienne imparfaite etinauthentique.

Il incarne l'universel dans l'individualité absolument libre et sereine : le symbole en est l'individualitéapollinienne, perfection d'harmonie et de forme, sérénité conquise sur la douleur.

En un sens, cette beauté idéaleest hors du temps et de l'histoire, symbole de l'éternité.

Si cet idéal de beauté est désormais révolu, alors qu'ilculminait dans l'art grec, c'est que l'organisation sociale et la production économique sont devenues prévalentes,soudant les individus dans des rapports de besoin, d'échange et de travail complexes et étroits.

L'Idéal ne peut pluss'incarner dans l'art, il s'est incarné dans l'État et la politique à la fin du xixe siècle et au cours du xxe siècle.

Onpeut toutefois remarquer qu'à notre époque présente, ces deux formations ne semblent plus animées par lesaspirations spirituelles les plus hautes des individus et de la collectivité.

Nous vivons dans l'ère du nihilisme queNietzsche avait diagnostiquée à la fin du xixe siècle. De plus selon Hegel l'art dévoile une réalité supérieure, la vérité.

L'œuvre d'art transcende, en l'inscrivant dansla durée, la réalité, sans cesse changeante et vouée à la finitude, que nous percevons quotidiennement.Par ailleurs, le travail de l'artiste est de donner à voir quelque chose qu'il traque éternellement, qui sort de lavision commune, quelque chose qu'on ne perçoit pas de prime abord dans le rapport habituel avec la vie.

Balzac, Le chef d'œuvre inconnu : « La mission de l'art n'est pas de copier la nature mais de l'exprimer » : l'artiste ne cherche pas à rendre ce que l'on peut voir mais ce que l'on ne voit pas.C'est ce que montre aussi la quête de vérité des poètes maudits : Rimbaud, Baudelaire : l'artiste est unvoyant, qui chercher à « dire l'indicible », ce qui par nature ne peut être dit.. »

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