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La recherche de la justice doit-elle se contenter de satisfaire le sentiment du juste et de l'injuste ?

Publié le 09/10/2005

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justice

JUSTICE (lat. justifia, conformité au droit; sentiment d'équité)

Gén. Terme qui connaît maintes acceptions : il faut en effet d'abord distinguer la justice comme institution de fait (droit positif) de la justice en tant que conformité au droit naturel ou rationnel. La justice institution peut régir de façon injuste une société donnée : ce qui est légal n'est pas forcément légitime. Or, la justice peut encore se définir comme équité, c.-à-d. non plus simplement comme conformité au droit, mais comme juste application de la règle générale au cas particulier : elle est alors la vertu même de celui qui juge. Dr. L'institution judiciaire, composée des institutions publiques (tribunaux, ...) et des individu dont la fonction sociale est d'appliquer le droit positif. Mor. Si le droit positif peut être injuste, il faut distinguer légalité et légitimité ".La justice se définit alors plutôt comme respectueuse et garante de la dignité humaine. moralité. Phi. Aristote définit la justice comme cette vertu civique ou « disposition à accomplir des actions qui produisent et conservent le bonheur pour une communauté politique ». Or, la perfection de la justice est alors l'équité qui se soucie plus de l'esprit de la loi que de sa lettre. La vraie justice peut ainsi modifier la règle générale pour y substituer un décret. Elle est donc corrective en son essence. Voir: justice distributive.

SENTIMENT (lat. sentire, sentir)

Gén. Soit action de sentir, soit ce qui est senti. Phi. État affectif, le sentiment par opp. à la connaissance est source d'émotions. Ainsi Malebranche établit avec netteté la différence qui existe « entre la lumière de nos idées et l'obscurité de nos sentiments », et donne à cette distinction sa couleur philosophique. Par son immédiateté, le sentiment s'oppose au raisonnement. S'il peut alors être conçu paradoxalement comme une forme de connaissance, ce sera pour désigner un savoir donné sans médiation, sans analyse ni justification autre que cette impression même dont le caractère vague n'implique pas nécessairement la faiblesse de notre conviction. Ainsi, pour Pascal, le coeur sent ce que la raison est impuissante à prouver. C'est pourquoi Hegel définira le sentiment comme l'élément même du religieux. Mor. Inclination altruiste, préréflexive et spontanée, par opp. à l'égoïsme qui procède d'un calcul de la raison. On appelle morale du sentiment des doctrines comme celle de Rousseau ou d'Adam Smith qui considèrent que les distinctions morales du bien et du mal ne sont pas connues par la raison, ou acquises par réflexion, mais dérivent des sentiments immédiats de plaisir ou de douleur communs à tous les êtres vivants.

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« 1° La justice trouve son origine dans le sentiment Rousseau défend l'idée qu'il existe en chaque homme un principe inné de justice et de vertu.

Ce principe est ancré dans la loi naturelle, inscritedans le cœur de l'homme : c'est ce sentiment inné qui règle, à l'état denature, le rapport de l'homme avec ses semblables, et qui rend possiblel'empathie, c'est-à-dire l'identification à la souffrance d'autrui, et la pitié, quiest la répugnance naturelle devant cette souffrance.

Ce sentiment seraitainsi à l'origine du principe de justice : Rousseau affirme que quelles quesoient les coutumes et les idées dominantes d'une nation, chaque hommeéprouve un sentiment d'horreur face à l'oppression des faibles par les forts etface au meurtre d'un de ses semblables.

Si un tel principe est universel, c'estparce qu'il ne provient pas d'idées acquises qui relèveraient de la raison, maisd'un sentiment naturel gravé en chacun, et qui reste présent même quanddes idées acquises viennent le contredire.

C'est ce sentiment qui nous permetde reconnaître le bien du mal et nous donne la volonté de réaliser le premieret de fuir le second.

L'origine de la notion de justice ainsi que notre volontéet notre capacité pour l'exercer sont donc ancrées dans la sphère dusentiment, de que l'on éprouve, plaisir pour la justice et horreur et répulsiondevant toute forme de souffrance subie par autrui et toute forme d'injustice. 2° La justice est une vertu qui relève de la raison Dans la perspective platonicienne, une distinction stricte est opérée entre le domaine de l'âme, qui est la partie de l'homme immortelle, qui provient du monde intelligible, et qui constitue la véritable essence de l'homme, etle domaine du corps, ou encore du sensible, qui relève du changeant et n'est qu'une pâle copie de l'intelligible.

Lavertu consiste à reconnaître comme éphémères et illusoires les désirs sensibles pour s'élever au désir de sagesse del'âme.

La vertu de justice au sein de la cité est comprise sur le modèle de la justice au sein de l'âme: de même queles différentes fonctions de l'homme, le courage et l'appétit, doivent être dirigées par la raison, dans la cité, lesgardiens doivent faire régner l'harmonie entre les différentes fonctions exercées par les citoyens, notamment celledes paysans et des marchands, qui représente l'appétit, et celle des guerriers, qui représente le courage.

Or, ceuxqui sont à même de faire régner la justice dans la cité sont ceux qui sont justes dans leur âme, les philosophes.

Lesphilosophes sont donc l'équivalent, dans la cité, au rôle de la raison dans l'âme.

C'est la raison qui dirige les autresparties de l'âme, liées au sentiment, pour exercer la vertu de justice.

En ce sens, on ne peut donc dire que lajustice pourrait relever du sentiment, puisqu'elle relève à l'inverse d'une subordination des fonctions de l'âme ou dela cité liées au sentiment et au sensible à la raison, liée à l'intelligible. 3° Ce n'est pas le sentiment qui nous fait connaître ce qui est juste, mais il peut toutefois jouer un rôle dans l'exercice de la justice Selon Kant, la vertu de justice est fondée sur la loi morale, qui est universelle et donnée à chacun de manière innée.

Or, cette loi morale ne peutselon lui provenir du sentiment, et le raisonnement qui affirme cela est fondésur une erreur : en effet, affirmer que notre disposition à la justice viendraitd'un sentiment de répulsion devant ce qui est injuste et de contentement devant le juste ne peut expliquer l'origine de la notion de justice, car pouravoir une répulsion devant l'injuste, il faut déjà savoir que cela est injuste, etdonc il faut déjà posséder la notion de juste.

Ce que l'on éprouve ne peutdonc être à l'origine ce que nous reconnaissons comme juste, mais est plutôtle résultat de ce que nous dit la raison qui possède la loi morale : c'est laraison qui est à l'origine de la notion de justice.

Cependant, cela ne signifiepas que le sentiment ne joue aucun rôle dans la justice, car il faut distinguer,d'une part, la question de l'origine de notre notion de justice, et d'autre partnotre capacité à exercer la justice en utilisant cette notion dans nos actions.Or, si l'origine de notre notion de justice ne peut se trouver dans lesentiment, ce dernier joue un rôle dans l'exercice de la justice : ce sentimentse nomme alors « sentiment moral », et contribue à renforcer notre volontéd'exercer la justice. Conclusion Il semble tout d'abord possible d'affirmer que la justice relève du sentiment, au sens où elle trouverait son origine. »

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