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Reconnaître que la liberté ne peut se prouver, est-ce reconnaître que la liberté n'existe pas ?

Publié le 27/02/2005

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EXISTENCE (lat. existere, sortir de, s'élever de)

Gén. Le fait d'être. En ce sens existence s'oppose à néant (il y a quelque chose plutôt que rien) et à essence. Exist. L'opposition de l'existence et de l'essence est, pour l'existentialisme, fondamentale. En effet, ek-sistere, c'est être en dehors de soi-même, en quête de soi. C'est précisément, selon Sartre, ne pas avoir de nature a priori , ne pas savoir à l'avance ce qu'on est, chercher ce que l'on veut être. Alors que les choses sont conçues avant d'exister, ont une essence avant d'avoir une existence, l'homme est libre de se choisir (en lui « l'existence précède l'essence »). L'angoisse fondamentale de l'existence n'est donc pas celle du néant qui s'exprime dans Hamlet (« être ou ne pas être »). Elle est plutôt pour chacun celle du sens qu'il lui revient de donner à sa vie, d'une essence à construire sans aide et sans appui.

LIBERTÉ (lat. libertas, condition de l'homme libre)

Gén. La liberté au sens primitif s'oppose à l'esclavage et se définit alors négativement comme absence de contrainte extérieure. On appelle ordinairement liberté physique le fait d'agir sans entrave ou de suivre spontanément les lois correspondant à sa nature propre comme le fait une plante qui se développe sans tuteur. Appliquée à l'homme, cette expression semble inadéquate sauf à désigner strictement la possibilité matérielle de faire. Car, pour qu'un homme soit libre, il faut non seulement qu'il puisse matériellement, mais encore qu'il veuille : l'homme peut toujours s'interdire à lui-même de faire ce qu'il peut faire. Mor. État d'un être qui se décide après réflexion, en connaissance de cause, qu'il fasse le bien ou le mal. La liberté, au sens moral, caractérise l'homme en tant qu'être responsable. Ainsi, Kant distingue la volonté libre, qui suppose que celui qui agit sait ce qu'il veut et agit conformément à des raisons qu'il approuve, et l'arbitraire, qui ne suppose pas l'existence de la raison. La liberté morale est donc autonomie, obéissance à la loi de la raison (pouvoir de se déterminer par soi-même) et non soumission aux penchants de la sensibilité». Cependant, la liberté semble ici se confondre avec la Raison. Descartes, au contraire, considérait que la liberté se manifeste déjà dans tout acte de choisir, distinguant ainsi la liberté éclairée (qui sait ce qu'elle veut) de la liberté d'indifférence (définie comme l'indétermination de la volonté relativement à ses objets). On peut toujours choisir entre deux solutions alors même qu'on est indifférent. Pour Descartes, la liberté n'est donc pas toujours responsabilité, mais d'abord libre arbitre qui, en son plus bas degré, se définit comme simple puissance d'agir sans aucune raison ou sans autre cause que l'existence même de cette puissance de choisir arbitrairement.

CONNAISSANCE (lat. cognoscere, chercher à savoir)

Le terme de connaissance désigne d'abord l'acte par lequel la pensée s'efforce de saisir et de définir un objet qui se présente à elle. Il désigne ensuite le savoir résultant de cette action. On oppose principalement croyance et connaissance, non par le degré de certitude éprouvé soit par le sujet qui croit, soit par le sujet qui connaît, mais par le fait que la croyance n'est pas nécessairement fondée en raison, autrement dit n'implique pas nécessairement l'idée de vérité.

La liberté est  souvent rapportée à l’expérience d’une disposition intérieure qui marque la capacité de l’homme à agir comme il l’entend. La liberté d’une action s’oppose alors au déterminisme car selon ce principe l’homme agirait non en fonction de lui-même mais selon une cause qui le pousserait à agir sans qu’il y consente.

La liberté est une expérience évidente, lorsque je me livre à une inspection sur moi-même j’expérimente la liberté. Et cette expérience insigne de la liberté suffit à démontrer son existence. Mais l’expérience de la liberté est-elle la preuve suffisante de son existence ? Plus encore n’est-ce pas parce que la liberté se refuse à la preuve et à la démonstration que la liberté est possible ? Prouver, démontrer, expliquer la liberté n’est-ce pas en effet faire de la liberté une expérience qui s’insère dans l’espace et le temps, et risquer par là même de la réduire à un phénomène sensible soumis  donc au déterminisme physique. La liberté ne se révèle-t-elle pas d’ailleurs dans notre capacité à ne pas suivre l’ordre des phénomènes ? Mais la liberté devient indémontrable mais aussi invisible ? Comment alors garantir qu’elle est bien présente ? N’est-ce pas à la politique de la garantir ? La liberté ne doit-elle pas se montrer dans cette espace pour exister et se démontrer ?

« Kant pose que la liberté ne saurait être démontrée ni même expliquée.

Eneffet ramener l'expérience de la liberté à une cause c'est la réduire à undéterminisme c'est-à-dire à ce qui ne saurait tirer de soi-même la spontanéitéde son agir.Telle est la conclusion de la troisième antinomie de La critique de la raison pure, Dialectique transcendantale : en effet quoique je ne puisse pas connaître « la liberté comme propriété d'un être auquel j'attribue des effetsdans le monde sensible », je puis cependant « penser la liberté, ce qui veutdire que sa représentation ne contient à tout le moins aucune contradictionen elle ».

La morale présuppose nécessairement la liberté « en mettant enavant comme données de notre raison a priori des principes pratiques originelsse trouvant en elle qui, sans la supposition de la liberté, seraient absolumentimpossibles ».

La critique de la raison pratique montre que cette liberté, si elle est inconnaissable, peut cependant être pensée sans contradiction.

A cetégard « la causalité inconditionnée de la cause dans le phénomène est laliberté », à la différence de la causalité conditionnée de la cause naturelle.Comme l'explique Kant dans la dialectique transcendantale de la Critique de la raison pure, cette liberté est envisagée comme un « commencement dynamique et non comme un commencement temporel de l'action ».L'homme n'est donc pas simplement un phénomène du monde des sens, mais ilse saisit lui-même, au moyen d'une pure aperception comme être capable depensée autant que de volonté, doué de spontanéité, dont les pouvoirs del'esprit ne sont pas sensibles.

En particulier, la raison de l'homme est distincte de toutes les facultés empiriquementconditionnées » car elle détermine ses objets simplement d'après des idées.

Et cette raison possède une« causalité ».

Le devoir « sollen » ordonne des actions dont le fondement est un simple concept et non un phénomène sensible.

Ici, la raison ne s'abandonne pas à la sensibilité, ne suit pas l'ordre des phénomènes ; c'est« avec une pleine et entière spontanéité qu'elle à crée un ordre propre d'après des idées ».La liberté est donc ce qui permet à l'homme de s'arracher au monde des phénomènes.

Celui-ci est régi, selon Kantpar un mécanisme pur.

La liberté est la condition de la morale, sans elle en effet l'homme suivrait l'ordre despassions et de ses appétits sans avoir maîtrise sur eux.

Mais la liberté comme nous le révélait la troisième antinomiene saurait être connue.

C'est la loi morale qui nous la fait découvrir comme un fait de la raison.Aussi explique Kant au cours du 5 ème paragraphe de La critique de la raison pratique , une volonté est libre (positivement) lorsque la pure forme législatrice de la maxime peut seule servir de loi.

« Ainsi, liberté et loi pratiqueinconditionnée se renvoient réciproquement l'une à l'autre » paragraphe 6.

Nous ne pouvons ni prendreimmédiatement conscience de la liberté, puisque le concept premier en est négatif ni la conclure de l'expérience,puisque celle-ci ne nous fait jamais connaître que la loi des phénomènes donc le mécanisme de la nature ».

C'est lamoralité qui nous fait découvrir le concept de liberté et qui nous l'impose.

Celui-ci dont la volonté est morale juge« qu'il peut quelque chose parce qu'il a conscience qu'il le doit, et il reconnaît en lui la liberté qui autrement sans laloi morale, lui serait restée inconnue », paragraphe 6.Cette liberté est « l'indépendance de la volonté à l'égard de toute loi autre que la loi morale ».

Ce n'est pas unepropriété psychologique mais un prédicat transcendantale de la causalité d'un être, dans la mesure où celui-ci n'estpas pensé comme phénomène déterminable dans le temps, mais comme noumène indépendamment desdéterminations temporelles et donc comme chose en soi.

La liberté doit se montrer, devenir action politique pour exister Mais Kant situe la liberté du côté de l'intelligible c'est-à-dire ce qui n'est pas sensible, de l'invisible, le problème estalors : comment être sûre de pouvoir la garantir si elle se refuse par définition à la preuve, à la démonstration outout simplement à la monstration ? N'est-ce pas à la politique de procurer à la liberté un espace tangible devisibilité ? Elle est pour Arendt l'expérience insigne de la liberté, la politique met à jour la liberté des hommes.

Ainsipour Hannah Arendt l'usage de notre liberté suppose l'existence d'un espace entre les hommes, pour la rencontredes singularités et c'est ce que constitue le cadre institutionnel de la politique.

Or cette liberté ne s'exprime que parl'action celle-ci étant pour Hannah Arendt l'expérience insigne de la véritable politique.

Car le pouvoir pour Arendtdésigne « l'aptitude de l'homme à agir de façon concertée.

Le pouvoir n'est jamais une propriété individuelle ; ilappartient aussi longtemps que ce groupe n'est pas divisé », Du mensonge à la violence . Elle précise dans un autre ouvrage que : « Avant de devenir un attribut de la pensée ou une qualité de la volonté,la liberté a été comprise comme le statut de l'homme libre, qui lui permettrait de se déplacer, de sortir de son foyer,d'aller dans le monde et de rencontrer d'autres gens en actes et en paroles (…) Manifestement, la liberté necaractérise pas toute forme de rapports humains et toute espèce de communauté.

Là où des hommes viventensemble mais ne forment pas un corps politique par exemple, dans les sociétés tribales ou dans l'intimité du foyerles facteurs réglant leurs actions leur conduite ne sont pas la liberté, mais les nécessités de la vie et le souci de saconservation.

En outre, partout, où le monde fait par l'homme ne devient pas scène par l'action et la parole parexemple dans la communautés gouvernées de manière despotique qui exilent leurs sujets dans l'étroitesse du foyeret empêchent la naissance d'une vie publique, la liberté n'a pas de réalité mondaine.

Sans une vie publiquepolitiquement garantie, il manque à la liberté l'espace mondain où faire son apparition.

Certes, elle peut encorehabiter le cœur des hommes comme désir, volonté, souhait ou aspiration ; mais le cœur humain, nous le savonstous, est un lieu très obscur, et tout ce qui se passe dans son obscurité ne peut être désigné comme fait. »

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