Devoir de Philosophie

Reconnaître le vrai, est-ce perdre sa liberté ?

Publié le 24/01/2004

Extrait du document

C'est donc la question de la rationalité du réel, de la nature qui est ici mise en question. La question implique bien sûr de ne pas s'en tenir à une conception trop restrictive de la notion de nature. II - UNE DEMARCHE POSSIBLE. A - LA NATURE MIXTE D'ORDRE ET DE DESORDRE.C'est la conception traditionnelle de la nature qui en fait un mixte d'ordre et de désordre. En d'autres termes, la nature comporte de la régularité : le mouvement des astres, la reproduction des espèces animales, la régularité des saisons, autant de signes de la régularité et de la présence d'ordre dans la nature. Toutefois, cet ordre apparent fait toujours apparaître en contrepoint ce qui est hors d'ordre. Qu'on songe à l'étymologie du mot "planète" qui en grec signifie les "aberrantes" ou astres errants. B - L'ABSOLUE RATIONALITE DE LA NATURE.Il n'y a rien qui ne soit totalement hors d'ordre.

« «Les hommes ont accoutumé d'appeler ouvrage divin, c'est-à-direouvrage de Dieu, un ouvrage dont la cause est ignorée du vulgaire; levulgaire pense en effet que la puissance et la providence de Dieun'apparaissent jamais plus clairement que lorsqu'il semble arriver dansla Nature quelque chose d'insolite et de contraire à l'opinion qu'il en aen vertu d'habitudes acquises; surtout si cet événement est pour luil'occasion d'un gain ou d'un avantage; et il estime que nulle preuveplus claire ne peut être donnée de l'existence de Dieu qu'une apparentedérogation à l'ordre de la Nature.

Pour cette raison, ceux-là luisemblent supprimer Dieu ou au moins la providence de Dieu, quiexpliquent les choses et les miracles par des causes naturelles ous'appliquent à les connaître clairement.

Il estime, autrement dit, queDieu n'agit pas aussi longtemps que la Nature agit suivant l'ordreaccoutumé; et au contraire que la puissance de la Nature et les causesnaturelles sont inactives quand Dieu agit.

Il imagine donc deuxpuissances numériquement distinctes l'une de l'autre : la puissance deDieu et celle des choses naturelles, cette dernière déterminéecependant par Dieu en une certaine manière ou créée par Dieu (commela plupart aiment mieux croire aujourd'hui).

Quant à ce qu'il entend parl'une et l'autre et aussi par Dieu et par Nature, il n'en sait rien, sinon qu'il imagine la puissance de Dieu semblable au pouvoir d'une majesté royale, celle de la Nature semblableà une force déchaînée.

» SPINOZA ANALYSE FORMELLE DU TEXTE « Les hommes ont accoutumé d'appeler ouvrage divin...

un ouvrage dont la cause est ignorée du vulgaire; levulgaire pense en effet que...

n'apparaissent jamais plus clairement que lorsque...

contraire à l'opinion qu'il en a...;surtout si...; et il estime que...

Pour cette raison...

Il estime, autrement dit, que Dieu n'agit pas aussi longtempsque...; et au contraire que...

quand Dieu agit.

Il imagine donc...

Quant à ce qu'il entend par...

il n'en sait rien, sinonqu'il...

» QUESTIONNEMENT INDICATIF • Quel est le fondement de l'opinion du « vulgaire »?• Pourquoi apparaît-il au vulgaire que ceux « qui expliquent les choses et les miracles par des causes naturelles ous'appliquent à les connaître clairement » suppriment « Dieu ou au moins la providence de Dieu »?• En quoi la position du vulgaire implique-t-elle « que Dieu n'agit pas aussi longtemps que la Nature agit suivantl'ordre accoutumé » et que « la puissance de la Nature et les causes naturelles sont inactives quand Dieu agit »?• En quoi cela implique-t-il qu'il imagine « deux puissances numériquement distinctes l'une de l'autre »?— Importance de « numériquement » pour comprendre la position de Spinoza et l'enjeu du texte ?• Comment comprenez-vous que ce que le vulgaire « entend par l'une et l'autre et aussi par Dieu et par Nature, iln'en sait rien » ? Ce que montrent ces auteurs, c'est qu'un phénomène apparemment aberrant n'est jamais la preuve d'uneintervention surnaturelle : rien ne prouve qu'une logique sous-jacente n'explique pas un phénomène non encoreexpliqué. Mais on pourrait retourner l'argumentation en montrant que, au fond, c'est le regard posé sur le réel par l'esprithumain qui s'interdit dès l'abord la supposition d'un désordre ou de rupture de continuité. Comme le montre Kant dans La Critique de la Raison Pure : "la raison n'aperçoit que ce qu'elle construit d'après sespropres plans". «Nous ne connaissons a priori des choses que ce que nous y mettons nous-mêmes.» Kant, Critique de la raison pure(1789). • La «révolution copernicienne» opérée par Kant est la suivante: le réel connaissable n'est pas indépendant del'esprit, c'est l'esprit qui lui donne sa forme.

Nous ne sommes pas passifs face au monde: c'est nous qui lui donnonsles formes sous lesquelles nous le connaissons. Dans la Critique de la Raison Pure, Kant compare sa méthode à celle de Copernic.

Le savant polonais mit enfinl'astronomie sur la voie de la science moderne lorsqu'il plaça le soleil au centre de son astronomie et en délogea laTerre (héliocentrisme).

Kant compare le décentrement opéré par Copernic au sien propre: jusqu'alors, on a cherchéà résoudre le problème de la connaissance en faisant tourner le sujet autour de l'objet.

Décentrons l'objet, replaçonsau centre le sujet qui connaît et mettons l'objet connu à la périphérie.

Ainsi, affirme Kant, nous pourrons savoir enquoi la connaissance consiste au juste et quelles en sont les limites. • Dans cette perspective, Kant distingue la raison de l'entendement: l'entendement est l'ensemble des catégories. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles