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N'y a-t-il de réel qu'interprété ?

Publié le 27/01/2004

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Réalité / Réel Réalité: * Caractère de ce qui a une existence concrète, par opposition aux apparences, aux illusions ou aux fictions de notre imagination. * Ensemble des choses et des faits réels. Réel: * Comme adjectif : qui existe effectivement, et pas seulement à titre d'idée, de représentation ou de mot (exemple : un pouvoir réel). * Comme nom : l'ensemble des choses qui existent, le monde extérieur (synonyme : réalité). INTERPRETATION:: Interpréter, c'est donner une signification à un phénomène. L'interprétation est un des moments fondamentaux de la compréhension.

E. Kant, à la fin de la « déduction des concepts purs de l'entendements « de la Critique de la raison pure affirme que l'entendement est le « législateur de la nature «, c'est à dire qu'il lui impose ses lois. Kant reconnaît que cette conception est étrange puisque nous avons l'impression que les lois de la nature ne dépendent pas de nous mais que nous nous contentons de les découvrir. Pourtant il affirme aussi que la nature, que le réel tel que nous le concevons organisé en objet ne serait pas possible si nous ne l'interprétions pas, c'est à dire si nous ne l'organisions pas nous-mêmes. Kant est ainsi confronté à une question, n'y a t il de réel qu'interprété ?

Alors que nous avons l'impression que le réel nous est livré il s'agit ainsi de savoir si ce que nous prenons comme donnée, le réel, n'est pas le fruit d'une construction. Plus encore le sujet demande si le réel n'existe pas que lorsqu'il est interprété. Il s'agira donc de savoir si le réel n'est qu'une construction ou s'il préexiste à notre interprétation.

Pour répondre à cette question nous montrerons tout d'abord qu'une faculté réceptive est nécessaire pour être en prise avec le réel mais nous verrons ensuite qu'elle ne suffit pas à nous livrer un réel organisé et qui a du sens, ce qui nous conduira enfin à établir que le sens du réel est une construction ce qui ne signifie pas que cette construction soit purement subjective pour autant.

« constituons un objet qui s'appelle « pomme ». 3.

Par conséquent le réel n'est pas une donné que nous recevons mais nous le constituons A ce stade de notre réflexion nous avons donc montré que s'il était indéniable que nous possédions une facultéréceptive, la sensibilité, qui nous livre la matière du réel mais que pour autant cette passivité ne nous mettait pasen rapport avec un réel déjà organisé.

Nous en avons ainsi conclu que nous possédions une activité face au réel etque la perception constituait une entreprise herméneutique en ce qu'elle permettait d'organiser le réel.

L'un despremiers « sens » possibles du réel est ainsi son organisation qu'il nous est nécessaire de posséder pour régler notrepratique.

En effet, il s'agit d'organiser le monde pour savoir par exemple ce que nous pouvons et ne pouvons pasmanger.

La perception est donc une investigation d'un réel qui nous est livré sans posséder de sens, est-ce à direque le sens du réel est toujours construit ? Etymologiquement, l'Histoire est le fait de « chercher à savoir » ou de « rapporter ce que l'on fait », pour autantaucun historien n'écrit un livre dans lequel il ne fait que recenser ses sources ou des faits, il les interprète afin deleur trouver un sens, de les mettre en relation les uns avec les autres, d'étudier les causes et les conséquences detel événement etc.

Le sens de l'Histoire provient donc du « commentaire » des documents historiques et même de lasélection et de la constitution de ce qui va être un fait historique.

On voit ainsi au travers du temps que la méthodehistorique change, que les événements sont réinterprétés et que des éléments qui n'avaient pas fait l'objet d'uneinvestigation deviennent dignes d'intérêts.

Le sens de l'histoire est ainsi une construction, ce qui soulève unequestion : soutenir qu'il n'y a de réel qu'interprété, c'est à dire le réel ne livre pas son sens mais qu'il ne devient réelpour nous, c'est à dire compréhensible que lorsque nous y introduisons un sens, ne revient-il pas à perdrel'objectivité du sens du réel et à soutenir que le sens du réel est contingent et illusoire ? Si la perception est une investigation du réel pour y trouver une organisation ou un sens, il en est de même pour lascience.

En effet, le scientifique « interroge » la nature en établissant des hypothèses qu'il va tester parl'expérimentation.

Si le scientifique n'organisait pas le réel en sélectionnant les éléments à tester et en fixant unehypothèse il ne produirait aucune connaissance puisque ses résultats seraient contingents.

Nous rejoignons ainsi laposition de Gaston Bachelard dans La formation de l'esprit scientifique où l'auteur montre que la science est une investigation du réel et que cette investigation est productrice de sens.

Pour autant, ceci ne signifie pas uneréduction à la subjectivité de l'entreprise scientifique.

En effet, les hypothèses peuvent être testés par tous et lareproductibilité de l'expérimentation permet de parvenir à une objectivité.

Nous aurions pu croire que si nous avionssimplement reçus le réel nous aurions reçu son sens qui aurait été objectif puisque nous aurions reçu ce sens sansle modifier mais l'introduction de notre activité dans la constitution du sens du réel ne signifie pas la ruine del'objectivité.

Par la fixation de protocoles la science atteint à l'objectivité et comme le montre Emmanuel Kant laperception conduit à l'objectivité car le réel est organisé selon de règles qui sont communes à tous les êtreshumains. Conclusion Nous possédons par conséquent une faculté passive, la sensibilité, sans laquelle nous ne pourrions avoir consciencedu réel.

Dès lors, cette faculté montre que nous ne créons pas l'existence du réel mais que nous la percevons.Pourtant elle ne nous met en relation qu'avec le divers, avec un réel qui n'est pas organisé et qui du coup ne permetpas la pratique.

Si nous voulons trouver un sens au réel, c'est à dire l'organiser, il s'agit pour nous de constituer cesens, c'est à dire d'interpréter le réel puisque ce sens ne nous est pas donné par la sensibilité. Nous possédons ainsi une faculté active, l'entendement, qui applique des règles au réel pour l'organisons et cetteentreprise d'organisation du réel se retrouve dans les pratiques humaines telles que l'Histoire et la science quiinvestiguent le réel afin d'en découvrir le sens. Par conséquent nous ne provoquons pas l'existence du réel en le percevant et c'est en ce sens que le réel n'attendpas notre interprétation pour exister mais le réel qui nous est ainsi livré n'est pas « utilisable » et nous n'avons alorsaucune connaissance, le réel tel que le concevons organisé en objets, régulé par des lois est ainsi le fruit d'uneinterprétation.

C'est en ce sens qu'il n'y de réel qu'interprété.. »

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