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Qu'est-ce que le réel pour un esprit scientifique ?

Publié le 20/08/2013

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esprit

 THÈMES DE RÉFLEXION

Consulter le commentaire du sujet « Objet réel, objet scien¬tifique «.

Méditer ce texte de Blanché :

« Le réel, c'est, d'une part, ce qui tombe sous l'expérience immédiate, ce qui, résistant à ma fantaisie, s'impose à ma perception, bref, le donné concret. C'est aussi, d'autre part, ce qui existe indépendamment de la connaissance que vous ou moi pouvons en prendre, c'est ce sur quoi toute connaissance devra se régler pour avoir une valeur objective. Or voici que, cessant de se combiner harmonieusement, ces deux caractères tendent à devenir antagonistes... Il devient en effet de plus en plus manifeste que l'objectivité de la connaissance physiqne ne s'obtient qu'en dépouillant les choses de leur revêtement sensible. Le mot de « réel « s'entend maintenant

 

selon deux acceptions, qui non seulement ne voisinent plus, mais qui vont au contraire se situer aux deux extrémités du processus de la connaissance : d'un côté le donné immédiat, point de départ nécessaire de toute connais¬sance de la nature, de l'autre monde objectif auquel tend comme à son idéal la connaissance scientifique. Entre le concret et l'objectif, il faut désormais choisir. Le réel du physicien ne peut plus être, comme cela avait été le cas jusque-là, le même que celui du sens commun. De l'un à l'autre la rupture est consommée. «

Le réel pour un esprit scientifique, ne serait-ce pas le mesurable? (par exemple, l'instauration de la physique scien¬tifique ne commencerait-elle pas selon l'idée fondamentale de Galilée par « mesurer tout ce qui peut se mesurer et faire en sorte qu'on puisse mesurer ce qui ne peut pas l'être direc¬tement «).

Observer qu'on ne peut mesurer que des variations (et seulement les unes par rapport aux autres).

« La force « en physique est un principe de variations.

« Le temps « et « l'espace « pour entrer dans l'ordre des concepts physiques ont cessé d'être des grandeurs géométriques pour devenir des grandeurs mesurées. (C'est ainsi qu'en physique relativiste le temps et l'espace sont des « forces « c'est-à-dire des « principes de variations (mesurables) «.)

Dans la mesure où il est fait de plus en plus recours aux lois statistiques (aux lois de probabilité) dans « la science « ne pourrait-on dire que « le réel « visé par l'esprit scienti¬fique tend à être non l'Être « réel « mais l'Être probable comme le dit Ortega y Gasset?

Réfléchir au fait que ce dont parle la physique relativiste (et plus spectaculairement la physique quantique) est trans¬cendant à toute intuition (sensible) et n'admet de représen¬tation qu'analytique, algébrique.

Le réel pour un esprit scientifique est-ce ce qui répond à des critères d'intelligibilité, à des modèles logiques ou est-ce ce qui résiste précisément à ces opérations?

« Le réel « de l'esprit scientifique relève-t-il de ce que Nietzsche appelle « la fable du monde intelligible « et qui reposerait sur la croyance et l'exigence (d'une certaine méta¬physique) d'un monde du vrai.

« Avec quelle naïveté nous transportons nos évaluations morales dans les choses, par exemple quand nous parlons de lois naturelles! II pourrait être utile d'essayer pour une fois d'un mode d'interprétation entièrement

 

différent afin de comprendre par ce contraste absolu à quel point notre canon moral (primauté de la vérité, de la loi, de la raison, etc.) régit toute notre prétendue science. «

Volonté de Puissance, tome II, livre HI, § 305..

« Rendre le monde calculable, exprimer en formules tout ce qui s'y passe est-ce vraiment le concevoir? Qu'aurait-on saisi de la musique, une fois que l'on aurait calculé tout ce qui est calculable en elle et tout ce qui peut être abrégé en formules? «

Volonté de Puissance, tome I, livre I, § 344.

INDICATIONS DE LECTURE:

Le Nouvel Esprit Scientifique de Bachelard (PUF).

L'Évolution de la théorie déductive de Ortega y Gasset

(Gallimard).

(Notamment les chapitres II et IV.)

Le problème de la Vérité dans la philosophie de Nietzsche de J. Granier (Seuil).

La Généalogie de la morale III § 24 de Nietzsche. « En quoi, nous aussi, nous sommes encore pieux «

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