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N'y a-t-il de réel que le présent ?

Publié le 09/03/2004

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En d'autres termes, pour comprendre le présent, pour tenter de voir s'il est contradictoire ou au contraire, possible, de vivre au présent, il est bel et bien nécessaire de saisir cet ensemble où présent, passé et futur forment une unité indissociable. Or, en mon « immédiateté « d'aujourd'hui, s'opère bel et bien un dépassement vers l'avenir et le passé : le présent les « touche « littéralement, encore que cette métaphore spatiale du toucher soit peut-être inadéquate. Le présent est acte, union, unification. Loin de désigner une ligne idéale, une limite, il s'identifie à un ensemble actif. Le présent est organisation de thèmes, fusion intime des états. Loin d'être instant, il est mouvement et progrès continu. Écoutons ici Matière et Mémoire : « Vous définissez arbitrairement le présent ce qui est, alors que le présent est simplement ce qui se fait. Rien n'est moins que le moment présent, si vous entendez par là cette limite indivisible qui sépare le passé de l'avenir. Lorsque nous pensons ce présent comme devant être, il n'est pas encore ; et quand nous le pensons comme existant, il est déjà passé. Que si, au contraire, vous considérez le présent concret et réellement vécu par la conscience, on peut dire que ce présent consiste en grande partie dans le passé immédiat.

  • I) Le présent est réel.

a) Seul le présent existe. b) Le passé et l'avenir ne sont que des néants. c) Le présent est le seul temps de l'action.

  • II) La réalité existe dans la durée.

a) Le présent n'a pas plus d'épaisseur que de réalité. b) Le présent est lui aussi un néant (Saint Augustin). c) tout passe: on ne peut suspendre le cours de l'instant présent.

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« la conscience et de l'attente, ordre qu'il renverse quand il analyse ce qu'est pour le sujet le déroulement dutemps.

«L'objet de l'attente passe par celui de l'attention à celui de la mémoire.» Le temps n'a donc pasd'existence réelle : «Si donc le présent n'est un temps que parce qu'il s'écoule et devient un temps passé,comment pouvons-nous dire qu'une chose soit, laquelle n'a d'autre cause que son être, sinon qu'elle ne seraplus? De sorte que nous ne pouvons cire avec vérité que le temps soit, sinon parce qu'il tend à ne pas être.

»L'être du temps est de tendre au non-être : c'est le langage même de Sartre.

Le temps est l'acte de laconscience, qui se déploie à la fois sur le passé et sur l'avenir comme sur le présent.

Les trois modes dutemps «sont bien dans l'âme et, dit saint Augustin, je ne les vois pas ailleurs».

Attente, attention, mémoire,c'est toujours l'acte d'un même esprit. § 2.

Intérêt philosophique Cette idée qu'il n'y a pas trois temps, mais trois formes de présence à la conscience, anticipe de plus dequinze cents ans les analyses contemporaines par lesquelles la phénoménologie et l'existentialisme en uneétonnante rencontre dégagent la notion de temporalité.

A vrai dire, elles étaient préparées dans la philosophiemoderne par la pensée hégélienne.

En effet, selon l'opinion commune, et c'est aussi le point de vue de tascience qui fait abstraction du sujet, le présent est la conséquence du passé et l'avenir la conséquence duprésent et cet ordre est conforme aux principes du déterminisme et de la causalité.

Mais s'agissant de l'actionhumaine, le cours du temps est ordonné au principe de finalité.

Par suite, si ce sont les relations temporellesque forme la conscience du sujet qui donne leur signification aux événements, alors les rapports du temps serenversent, et c'est Hegel qui, dans la Phénoménologie de l'esprit, a mis au clair te premier ce renversementfondamental.

Non seulement c'est la pensée de l'homme qui fait la liaison entre les différents états del'univers, mais l'univers n'est que moyen pour l'avenir humain.

Il n'y a de temps que s'il y a histoire, c'est-à-dire existence humaine.

L'homme est dans le temps et le temps n'existe pas en dehors de l'homme.

L'homme,seul être historique, vit dans un temps où prime l'avenir, car il est mû par ce désir créateur qui lui est propreet qui engendre son histoire et l'histoire.

Dès lors, le mouvement ne va plus du passé vers l'avenir en passantpar le présent, mais il naît dans l'avenir et va vers le passé en passant par le présent.C'est cette réflexion qu'a développée la pensée contemporaine.

En premier lieu, comme l'avait vu saintAugustin, la temporalité est globale, elle ne considère pas le passé, le présent et l'avenir comme unecollection de données dont il faudrait faire la somme, elle est, dit Sartre, «une totalité qui domine sesstructures secondaires et leur confère leur signification».

En second lieu, et c'est l'idée de base du texte desaint Augustin, la réalité du temps ne peut être que pensée.

Le temps est l'unité d'une multiplicité qui sedéveloppe.

Chacune des phases du temps est irréductible et elle ne cesse de se convertir selon un ordreirréversible dans celle qui suit, de telle sorte que le temps n'est dans aucune de ces phases prisesséparément, mais dans la relation qui les unit.

Ce qu'ajoute proprement la pensée contemporaine, c'est queles perspectives du temps sont commandées par le projet.

Le temps est moins la succession de nosperceptions que la nécessité pour les trois phases du temps d'être tour à tour la possibilité, l'existence et lesouvenir.

Et ce qu'on appelle l'historicité est cette solidarité de fait et de signification qui unit le passé etl'avenir au présent.

Pour aller du passé à l'avenir, il suffit de se laisser porter comme une chose, mais le sensvrai du temps exprime la condition d'un être dont l'essence est de faire.

Il est la direction du désir et duvouloir, la démarche d'une liberté qui cherche à produire l'avenir par un acte créateur. Passé et avenir ne peuvent pas être réelsSi quelqu'un revivait son passé, celui-ci viendrait se mêler au présent et ne serait plus identifié comme passé.Un tel homme aurait, à la lettre, perdu la mémoire.

Parallèlement, celui qui verrait le soleil se lever avant qu'ilne paraisse au dessus de l'horizon serait un visionnaire perdu dans son délire.

Le passé et le futur ne sont pasde purs néants mais ce ne sont pas non plus des existants.

Le seul existant réel, c'est le présent.. »

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