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Le réel se réduit-il à ce qu'on en perçoit ?

Publié le 26/01/2004

Extrait du document

  [ Transition ] On ne peut donc qualifier de « réel » que ce que nous pouvons sentir par nos sensations conscientes. Pourtant si les objets ne sont que nos perceptions, disparaissent-ils quand nous ne les percevons pas ? Autrement dit, est-ce que l'existence des objets dépend de notre perception sensible et individuelle ? Ce que je ne perçois n'existe-t-il pas pour autant dans la mesure où, si je suis amené à les découvrir, ils peuvent me surprendre ?   [ II) OUI, mais ] Exister, c'est pouvoir être perçu et aussi percevoir.           [ A) parce que ] Réduire le réel à la perception sensible momentanée est trop radical Si les objets n'existent que dans la mesure où ils sont perçus, ils cessent d'exister quand personne ne les regarde. Pourtant, la table devant moi est-elle détruite quand je ferme les yeux ? Une telle position est peu crédible car je peux retrouver la table, ou un objet peut me surprendre sans que je n'ai eu l'intention préalable de le percevoir.              Øex) L'attentat du 11 septembre 2001 a surpris, mais a révélé la réelle menace de l'Al-Qaida sur les USA, menace qui jusqu'ici n'était pas connue du grand public, donc non réelle, négligeable et de fait négligée.           [ B) parce que ] Le réel est ce qui peut être perçu par un imperçu.

« Merleau-Ponty dira: « Il ne faut donc pas se demander si nous percevonsvraiment le monde […] il faut dire au contraire : le monde est cela que nouspercevons » Merleau-Ponty reprend ici une interrogation centrale au problème de laperception, celle du rapport entre la perception du monde et sa réalité.

End'autres termes, le monde est-il tel que nous le percevons ou notreperception est-elle une reconstruction, voire une déformation du monde ? Eneffet, nous pouvons nous demander ce qui nous assure que le monde est bientel que nous le percevons.

Si percevoir implique une activité de l'esprit, il sepourrait bien que notre perception comme construction modifie le monde.Face à cette question qui parcourt l'histoire de la philosophie, Merleau-Pontyva opérer un renversement : se demander si nous percevons vraiment lemonde, c'est poser l'existence d'un monde en soi, indépendant de nous etface à ce dernier un sujet qui perçoit.

Or, c'est ce postulat que Merleau-Ponty va renverser : le monde est en fait « cela que nous percevons ».

C'estdonc à partir d'une redéfinition du monde que Merleau-Ponty va penser laperception.

En faisant de la perception un jugement, on oublie une dimensionessentielle de nous-mêmes à savoir notre corps.

Notre exploration du mondese fait d'abord par notre corps qui n'est pas dans le monde comme les chosesmais qui est « au monde », qui l'habite ; l'homme n'est pas un sujet face à unobjet qu'il juge, mais il est d'emblée plongé dans le monde.

Exister, pour nous ne consiste pas à être un simple sujet pensant mais à pouvoir sortir de nous-mêmes.

Tel est le sens premier de lanotion d'existence : « être hors de soi ».

En tant que tel, nous habitons un monde dans lequel nous nous savonsfinis (nous sommes mortels).

Percevoir, c'est d'abord faire l'épreuve de notre finitude, de notre « être-au-monde ».Mais le monde ne prend sens, n'existe que parce que nous l'habitons avec notre corps.

C'est par lui que l'espaceexiste, puisqu'il est ce que mon corps me donne comme toujours déjà-là dans l'expérience du monde.

Notreperception nous donne ainsi la dimension de notre « être-au-monde ».

La dimension sensible et les sensations secoordonnent entre elles pour nous donner le monde.

C'est pourquoi c'est une erreur de se demander si nouspercevons vraiment le monde puisqu'il n'y a de monde que par la perception qui est le jaillissement d'un sensimmanent aux choses et dans lequel s'oriente le vécu.

La perception est notre savoir primordial du réel. [ B) parce que ] La connaissance de ce qui existe ne peut se faire au-delà du champ expérimental. Quel autre critère avons-nous de l'existence des choses ? Une chose qui ne serait ni vue, ni entendue, ni sentie, nitouchée, ni goûtée ne serait absolument rien pour nous :le fait qu'elle existe ou qu'elle n'existe pas ne ferait aucunedifférence pour nous. Øcf) Kant dans Critique de la raison pure : la connaissance, la prise de conscience des choses extérieures à l'homme dépend de la perception sensible de ces choses dans le champ expérimental ; au-delà de celui-ci, noustombons dans les représentations inconditionnées, voire dans les représentations dogmatiques. [ Transition ] On ne peut donc qualifier de « réel » que ce que nous pouvons sentir par nos sensations conscientes. Pourtant si les objets ne sont que nos perceptions, disparaissent-ils quand nous ne les percevons pas ? Autrementdit, est-ce que l'existence des objets dépend de notre perception sensible et individuelle ? Ce que je ne perçoisn'existe-t-il pas pour autant dans la mesure où, si je suis amené à les découvrir, ils peuvent me surprendre ? [ II) OUI, mais ] Exister, c'est pouvoir être perçu et aussi percevoir. [ A) parce que ] Réduire le réel à la perception sensible momentanée est trop radical Si les objets n'existent que dans la mesure où ils sont perçus, ils cessent d'exister quand personne ne les regarde.Pourtant, la table devant moi est-elle détruite quand je ferme les yeux ? Une telle position est peu crédible car jepeux retrouver la table, ou un objet peut me surprendre sans que je n'ai eu l'intention préalable de le percevoir. Øex) L'attentat du 11 septembre 2001 a surpris, mais a révélé la réelle menace de l'Al-Qaida sur les USA, menace qui jusqu'ici n'était pas connue du grand public, donc non réelle, négligeable et de fait négligée. [ B) parce que ] Le réel est ce qui peut être perçu par un imperçu. Les objets continuent d'exister quand nous ne les percevons pas.

Par conséquent, on ne peut identifier le réel et cequi est perçu, mais peut-être le réel et ce qui peut être perçu. Øex) Ce livre existe, bien que je ferme les yeux et ne le touche pas, parce qu'il peut être perçu : si j'ouvrais les yeux je le verrais ! Il n'y a donc de perception que si quelqu'un perçoit.

Or en tant que sujet je ne me perçois pas moi-même.

Celui quiperçoit est donc réel, sans être perçu.. »

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