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Règles de la méthode sociologique

Publié le 30/03/2013

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Parmi les autres oeuvres de Durkheim, il faut citer : De la Division du travail social (1893), Le Suicide (1897), La Sociologie dans l'enseignement secondaire et Les Formes élémentaires de la vie religieuse (1912). Durkheim fut par ailleurs le fondateur de la revue L 'Année sociologique, qui commença à paraître en 1898. Dans Le Suicide, fidèle à sa méthode, Durkheim explique qu'il faut chercher la cause du suicide dans les facteurs sociaux, l'individu étant dominé par une réalité morale et collective qui le dépasse. Il a certes, là aussi, ignoré les causes psychologiques et même psychiatriques, mais il a eu le mérite, le premier, d'exposer le suicide en tant que phénomène explicable par des lois.

« .·.· Tentative de suicide de Samory, roi du Dahomey Durkheim explique pourquoi, selon lui, le fait social doit être traité comme une « chose ».

Cette explication est évidemment l'un des fondements de la sociologie scientifique La proposition d'après laquelle les faits sociaux doivent être traités comme des choses -proposition qui est à la base même de notre méthode -est de celles qui ont pro- voqué le plus de contra­ dictions.

On a trouvé pa­ radoxa,/ et scandaleux que nous assimilions aux réa­ lités du monde extérieur celles du monde social.

C'était se méprendre sin­ gulièrement sur le sens et la portée de cette assimi­ lation, dont l'objet n'est pas de ravaler les formes supérieures de l'être aux formes inférieures, mais, au contraire, de revendi­ quer pour les premières un degré de réalité au moins égal à celui que tout le monde reconnaît aux secondes.

Nous ne di- ' sons pas, en effet, que les faits sociaux sont des choses matérielles, mais sont des choses au même titre que les choses matérielles, quoique d'une autre manière.

Qu'est-ce qu'une chose ? La choses' oppose à l'idée comme ce que l'on connaît du de­ hors à ce que l'on connaît du dedans.

Est chose tout objet de connaissance qui n'est pas naturellement compénétrable à l' intel­ ligence, tout ce dont nous ne pouvons nous faire une notion adéquate par un simple procédé d'analyse mentale, tout ce quel' es­ prit ne peut arriver à comprendre qu'à condition de sortir de lui-même, par voie d'observations et d'expérimentations, en passant progressivement des caractères les plus extérieurs et les plus immédiatement accessibles aux moins visibles et aux plus profonds.

Traiter des faits d'un certain ordre comme des choses, ce n'est donc pas les classer dans telle ou telle catégorie du réel ; c'est observer vis-à-vis d'eux une cer­ taine attitude mentale.

Dans Le Suicide, Durkheim insiste sur la perte des valeurs et des repères traditionnels chez l'individu Les progrès anormaux du suicide et le ma­ laise général dont sont atteintes les sociétés contemporaines dérivent des mêmes causes.

Ce que prouve ce nombre exceptionnel­ lement élevé de morts volontaires, c'est l'état de perturbation profonde dont souffrent les sociétés civili­ sées et il en atteste la gra­ vité.

On peut même dire qu'il en donne la mesure.

Quand ces souffrances s'expriment par la bouche d'un théoricien, on peut croire qu'elles sont exagé­ rées et infidèlement tra­ duites.

Mais ici, dans la statistique des suicides, elles viennent comme s'en­ registrer d'elles mêmes, sans laisser de place à /'appréciation personnelle.

On ne peut donc enrayer ce courant de tristesse col­ lective qu'en atténuant, tout au moins, la maladie collective dont il est la résultante et le signe.

Nous avons montré que, pour at­ teindre ce but, il n'était nécessaire ni de res­ taurer artificiellement des forme's sociales surannées ( ...

), ni d'inventer de toutes pièces des formes entièrement neuves et sans ana­ logies dans l'histoire .

« Un suicide étrange ...

,.

NOTES DE L'ÉDITEUR « Certes, le fondateur de la sociologie n'a guère quitté son cabinet de travail.

Il n'a point entrepris d'investigations directes auprès de populations non européennes.

Pourtant, si l'on y regarde de plus près, il est aisé de constater que Durkheim a réellement participé à une expérience sociale d'une ampleur considérable: celle des changements qui affectent la plupart des pays européens au moment de la grande industrialisation.

Le « terrain » de recherches de Durkheim, c'est la trame de la vie collective où son existence d'intellectuel est insérée.» Jean Duvignaud, Durkheim, sa vie, son œuvre, PUF , 1965.

« Le livre que Durkheim a consacré au problème du suicide se rattache étroitement à l'étude de la division du travail.

Durkheim, dans l'ensemble, approuve le phénomène de la division organique du travail.( ...

) Il considère comme bonne la différenciation des métiers et des individus, la régression de l'autorité de la tradition, l'empire croissant de la raison, le développement de la part laissée à l'initiative personnelle.

» Raymond Aron, Les Étapes de la pensée sociologique, Gallimard, 1967.

«Quel que puisse être le sort que l'avenir réserve à sa doctrine, son intervention marque un moment décisif dans l'histoire de la sociologie : il ne semble pas que son rôle vis-à-vis d' Auguste Comte soit moins important que celui de Comte vis-à-vis de Saint-Simon.

» A.

Bayet, Histoire de la Morale en France, 1930-1931.

1 Lauros-Oiraudon /B.

N.

2 dessin de Meyer , Le Petit Journal , 1891 / Edimédia 3 dessin de Meaullc, Le Petit Journal, 1899 / Edirnédia 4 dessin de Carrey, Le Petit Parisien, 1902 / Edimédia DURKHEIM02. »

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