La relation à autrui est-elle forcément conflictuelle ?

« autre.

» 3ème partie : La relation à autrui est aussi une relation affective, et elle peut souder les individus plutôt que les opposer.

- En fait, le sujet et autrui atteignent ensemble la dignité, ils s'élèvent ensemble.

C'est l'autre aspect de la"reconnaissance" : même s'il le conteste, même s'il s'oppose au sujet, autrui provoque chez le sujet un sentiment degratitude puisque c'est grâce à lui que qu'il peut s'élever au-dessus de l'être égocentrique et égoïste. « Pour être heureux, il faut penser au bonheur d'un autre », écrit Bachelard,dans La Psychanalyse du feu . Ainsi, la reconnaissance du sujet par autrui est nécessaire à sa constitution,et à son développement, car cette reconnaissance prenant la forme durespect, augmente son amour-propre, et contribue à sa bonne vie sociale età son bonheur.- Le conflit n'est pas la seule forme de relation à autrui.

Au contraire, leconflit devrait même être l'anti-relation par excellence, car il ne crée pas delien, mais sépare les individus.

Ce qui relie les êtres, c'est l'affect, et lessentiments.

Les individus entrent en relations par sympathie, puis ils sedécouvrent des points communs, et se créer alors des liens d'amitié, decomplicité, voire d'amour.

La relation d'amitié ou d'amour entre deux êtres estloin d'être un conflit.

Au contraire, elle suppose une certaine fusion entredeux personnes, qui sont prêtes à se donner l'une pour l'autre, à partager leurbien, leur expérience, leur vie.

La relation à autrui peut être une relationcommunautaire, solidaire, fondée sur l'échange, le partage la philanthropie etl'altruisme.- Quand bien même l'amour de l'humanité ne saurait se commander et setrouver chez tous les hommes, il n'empêche que si l'homme obéit à l'injonctionmorale de Kant, la relation a autrui doit être fondée sur le respect de l'autre.L'impératif catégorique kantien stipule : « Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne d'autrui, toujours en même temps comme fin, jamaissimplement comme moyen » ( Fondements de la métaphysique des mœurs ).

La relation à autrui ne doit pas être conflictuelle si elle est soumise à la loi morale, mais elle est au contraire respectueuse de la liberté d'autrui.

Conclusion : La relation à autrui n'est conflictuelle qu'avant la reconnaissance effective de l'un par l'autre.

En effet, ce quioppose un sujet à autrui, c'est son aspect mystérieux, son altérité radicale qui résiste au déchiffrement.

Il estimportant de comprendre l'opposition fondamentale entre deux sujets, car c'est ce qui permet à chacun de seconstruire comme individualité, mais il n'est pas nécessaire cependant que cette distinction prenne la forme d'unconflit.

Certes, entrer en conflit avec autrui, c'est affirmer sa puissance et sa supériorité, mais dès lors quej'accepte d'y voir un alter ego , alors autrui ne peut apparaître que comme un bien, une aide, un compagnon, indispensable à la vie sociale, et la puissance de deux êtres liés peut alors être supérieure à celle d'un seul.

Enoutre, puisque c'est grâce à autrui que le sujet peut se connaître lui-même, car c'est à travers le regard d'autruiqu'il fait l'expérience de sa propre existence, il est nécessaire que la relation à autrui ne soit pas conflictuelle pourque l'individu ai une bonne image de soi, et ne soit pas dévalorisé vis-à-vis de son semblable.

Si la relation à autruipeut-être conflictuelle, et tend naturellement au conflit (originaire), il est préférable néanmoins que le conflit soitdépassé pour que la relation devienne fructueuse.. »