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La religion est-elle l'opium du peuple ?

Publié le 13/03/2004

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religion
 
Dans le prolongement du siècle des Lumières qui l’a précédé, le XIXe siècle a été le théâtre de nombreuses objections formulées à l’encontre de la religion, à l’instar de celle de Marx, auteur de cette formule célèbre faisant de la religion « l’opium du peuple «.
Ce rapprochement entre l’opium, ce produit narcotique dont les effets provoquent chez son consommateur un engourdissement de l’esprit, une somnolence, et la religion, cet ensemble de croyances et de rites, pose toutefois question. Il nous invite à nous demander ce qui peut effectivement nous conduire à suspecter la religion au point d’affirmer qu’elle participe de l’endormissement général des consciences ? Mais ne peut-on pas au contraire considérer le phénomène religieux positivement ? La complexité de celui-ci tout comme son universalité ne doivent-ils pas nous conduire à une vision moins réductrice ? Enfin, l’accent social mis par Marx dans sa critique de la religion est-il d’ailleurs le seul biais par lequel on peut remettre en cause le phénomène religieux ?
1- Essayons dans un premier temps de déterminer quel est le sens de cette formule telle qu’elle a été formulée par Marx, afin de mieux la comprendre.
2- Cependant, cette objection, aussi pertinente soit-elle, semble être quelque peu réductrice. Comment peut-on dès lors relativiser cette idée de religion comme opium du peuple pour lui donner un contenu plus positif ?
3- Mais pourtant, à l’instar de Marx, de nombreux philosophes ont également, au XIXe siècle, largement remis en cause le phénomène religieux. Qu’on le considère en terme d’opium du peuple ou qu’on utilise d’autres axes négatifs, la défiance envers la religion est générale, comme nous le verrons notamment avec Feuerbach, Nietzsche et Freud.
 

religion

« situation réelle de l'homme. « L'abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple est l'exigence que formule son bonheur réel.

Exigerqu'il renonce aux illusions sur sa situation, c'est exiger qu'il renonce à une situation qui a besoin d'illusions.

Lacritique de la religion est donc en germe la critique de cette vallée de larmes dont la religion est l'auréole.

» Supprimer l'illusion religieuse, c'est donc exiger le bonheur réel des hommes.

Dépouiller « les chaînes des fleursimaginaires », c'est du même coup inviter l'homme à rejeter « les chaînes » et cueillir « les fleurs vivantes ».

Plusfondamentalement, détruire les illusions de l'homme, qu'elles soient religieuses ou autres, c'est le rendre à la vraieréalité « pour qu'il pense, agisse, façonne sa réalité comme un homme sans illusions parvenu à l'âge de la raison,pour qu'il gravite autour de lui-même, c'est-à-dire de son soleil réel ».

C'est donc d'une véritable «révolutioncopernicienne » qu'il s'agit : passer de la religion, « soleil illusoire qui gravite autour de l'homme » à l'homme quigravite « autour de lui-même ». La première tâche de la philosophie qui est au service de l'histoire, c'est, certes, de dénoncer « la forme sacrée del'auto-aliénation de l'homme », mais aussi de démasquer « l'auto-aliénation dans ses formes non-sacrées».« La critique du ciel se transforme par là en critique de la terre, la critique de la religion en critique du droit, lacritique de la théologie en critique de la politique.

» Pour Marx, il s'agit donc d'aller plus loin que la simple critique de la religion à laquelle Feuerbach s'arrêtait.

C'est laraison pour laquelle il s'attaque à la philosophie spéculative allemande de l'Etat et du droit - philosophie qui pensel'Etat moderne en faisant abstraction de l'homme réel et qui ne peut satisfaire l'homme que de manière imaginaire,philosophie qui n'est au fond qu'une copie dont l'original est la religion.

C'est la raison pour laquelle il invite lesAllemands, qui, sur un plan politique, « ont pensé ce que les autres peuples ont fait », à aller jusqu'à la critiquepratique du monde réel, c'est-à-dire jusqu'à la transformation révolutionnaire de la société.

D'où la fameuse thèse XIsur Feuerbach. « Les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde de diverses manières, il faut le transformer ». Dans « L'Idéologie allemande », Marx affirme que le communisme (société sans argent,.

sans classes, sans Etat – quisuppose un plein développement des forces productives) n'est ni « un état qui doit être créé », ni « un idéal surlequel la réalité devra se régler », mais « tout simplement le mouvement réel qui abolit l'état actuel ».

Reste que larévolution d'octobre 1917 a soulevé un immense espoir et que, très vite, le communisme est devenu un idéal et lemarxisme d'une certaine manière, une nouvelle religion où l'homme à pris la place du Dieu de la théologie chrétienne.L'homme communiste, libéré de l'exploitation, du pouvoir étatique; l'homme désaliéné, ayant perdu, en particulier,ses illusions religieuses, est alors devenu l'équivalent de Dieu pour de nombreux intellectuels, et les partiscommunistes se sont mystiquement identifiés au prolétariat rédempteur dans le but avoué de réaliser d'abord, par larévolution, la société sans classes, puis de dominer progressivement la nature par la science et la technique.

Lerésultat, on le connaît.A Marx qui considère la religion comme protestation illusoire contre la misère, on peut opposer la réalité de certainsfaits.

Il y a des prêtres qui s'engagent réellement auprès de ceux qui souffrent et luttent pour transformer leschoses.

La religion n'est pas toujours « opium », elle peut aussi être un facteur de prise de conscience et favoriserles luttes.

On peut songer, en particulier, à la théologie de la libération en Amérique du Sud.

« Le fondement de la critique irréligieuse est celui-ci : l'homme fait la religion, la religion ne fait pasl'homme.

Plus précisément : la religion est la conscience de soi et de sa valeur de l'homme qui ou bien nes'est pas encore conquis lui-même, ou bien s'est déjà perdu à nouveau.

Mais l'homme, ce n'est pas unêtre abstrait, installé hors du monde.

L'homme, c'est le monde de l'homme, l'Etat, la société.

Cet Etat,cette société produisent la religion, une conscience du monde à l'envers, parce qu'ils sont un monde àl'envers.

La religion, c'est la théorie générale de ce monde, son compendium encyclopédique, sa logiquesous une forme populaire, son point d'honneur spiritualiste, son enthousiasme, sa sanction morale, son complément solennel, le fondement général de sa consolation et de sa justification.

Elle est la réalisationfantastique de l'être humain, parce que l'être humain ne possède pas de réalité vraie.

La lutte contre lareligion est donc immédiatement la lutte contre ce monde dont la religion est l'arôme spirituel. La misère religieuse est tout à la fois l'expression de la misère réelle et la protestation cotre la misèreréelle.

La religion est le soupir de la créature tourmentée, l'âme d'un monde sans coeur, de même qu'elleest l'esprit de situations dépourvues d'esprit.

Elle est l'opium du peuple.

» MARX. 1) L'homme fait la religion .

Sous forme d'une affirmation nettement désignée (« le fondement est celui-ci ») Marx expose sa thèse : l'homme fait la religion. Ce qui est plus largement en jeu : c'est le rapport entre l'homme et la religion.

Rapport de deux termes quilogiquement rend donc possible deux positions.

Une position généralement admise, selon laquelle la religion faitl'homme.

Une position qui critique ce point de vue et qui inverse les termes : « l'homme fait la religion ». Critiquer revient ici à inverser, et Marx pense à rétablir.

Car ces deux positions sont contraires, et antagonistes. Prendre position pour l'une, c'est prendre parti contre l'autre.

L'une des positions soutient la prééminence de la. »

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