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La religion peut-elle se définir par sa fonction sociale ?

Publié le 11/10/2005

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religion
C'est du sacré que le croyant attend tout secours et toute réussite." R. Caillois, L'homme et le sacré L'esprit humain a en effet besoin, de croire qu'il existe un réel irréductible qui fonde notre monde naturel. La religion, nous dit Durkheim est un système de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées. Tout religion est administration du sacré, elle repose sur une distinction du sacré et du profane. L'étymologie de profane veut dire ce qui est à l'extérieur du temple, du lieu consacré. Le sacré appartient comme nous l'avons dit à un ordre de choses séparé, réservé et inviolable. Elle est une qualité mystérieuse qu'apporte une grâce et qui est source de toute efficacité. Ainsi, quand  Nietzsche dit  :" Dieu est mort", il veut dire que toute transcendance, toutes valeurs supérieures, ont disparu. Mais un monde dépourvu de tout sentiment religieux est peu probable.

Le terme religion vient du verbe latin "religare", qui signifie "relier" ou "religere" rassembler. Ces deux pistes étymologiques renvoient à un double aspect de la religion : à la fois piété qui relie les hommes à la divinité et pratique rituelle, institutionnalisée. D'un côte donc le sentiment religieux et de l'autres des pratiques sociales. Mais si la religion est liaison avec le Divin, cela veut-il dire qu'elle est aussi liaison entre les hommes? La religion joue t-elle un rôle dans la société, la vie des groupes humains? Mais son but premier n'est-il pas à trouver dans une "transcendance"( caractère de ce qui est d'une nature supérieure, différente et séparée du monde sensible tel que nous le connaissons)

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« La religion est encore partout présente dans le monde.

On trouve ainsi une multitude de croyances religieuses et deDieux et il existe d'innombrables formes de religion, dans le temps comme dans l'espace.

Mais cela n'empêche pas lefait religieux d'être universel : il n'est pas une société où l'on ne puisse pas repérer des traces, des manifestationsde la vie religieuse.

Il existe deux versants du phénomène religieux : un aspect subjectif qui est le sentimentreligieux et un aspect objectif à savoir les cérémonies, rites,...

Mais qu'est-ce qui lie toutes ces croyances entre elles ? Le terme possède deux étymologies – l'une et l'autre latine- utilisées par les philosophes tout au long de la tradition.

Il y a ainsi « religare » qui signifie relier et religere qui est lié à la notion de respect et qui est traduit comme le fait « de rendre un culte ».

On peut voir dans la premièreétymologie soit un lien entre les hommes soit le rattachement de l'homme à une transcendance de la divinité.

Laplupart des religions sont en effet basées sur le principe d'un être transcendant.

La transcendance évoqueétymologiquement le fait de « passer au-delà », de « surpasser ».

Est transcendant ce qui est d'une naturesupérieure et qui est séparée de notre nature sensible.

La question posée peut surprendre.

Il s'agit en effet desavoir si le principe de la religion se trouve dans ses effets sur la société.

On entend par « société » tout ensembleplus ou moins vaste d'individus entre lesquels existent pour une durée variable des relations organisées.

Un simpleagrégat fortuit d'individus réunis dans une salle de cinéma pour regarder un film ne fait pas encore une société.

Pourqu'une somme d'individualités constitue une société, il faut que leur rassemblement témoigne qu'elles ont quelquechose en commun.

Or, dans un premier temps, si la religion est la foi en un être ou principe transcendant et éternel,on ne peut pas comprendre en quoi elle serait rattachée à la société.

Pourtant, on ne peut pas nier qu'une mêmereligion créait entre les individus une communauté et que cela permet de créer du ciment social.

Le verbe « définir »renvoie à l'essence d'une chose.

Peut-on réellement dire que toute l'essence de la religion renvoie aux lienssociaux ? N'y-a-t-il pas plutôt un principe dans l'être humain même ? Les religions sont d'abord un rattachement à un principe transcendant 1.

Dieu comme garant du monde- Au centre de la religion, il y a un Dieu transcendant.

Il se définit généralement comme un être supérieur etimmortel.

La religion chrétienne illustre bien les caractéristiques du Dieu considéré comme un absolu.

Descartesvoyait en Dieu les attributs de la substance infini.

Dieu est infini et donc éternel.

Il met en nous l'idée de perfection,qui le caractérise alors que nous sommes nous-mêmes imparfaits.

La possibilité de concevoir l'infini et la perfection,c'est ce qui prouve pour Descartes dans les méditations métaphysiques l'existence irréfutable de Dieu.

Il écrit ainsi dans les Méditations III « Par le nom de Dieu, j'entends une substance infini, éternelle, immuable, indépendante, toute connaissante, toute-puissante et par laquelle moi-même, et toutes les autres choses qui sont […] ont étécréées et produites.

» Les religions, si diverses soient-elles, tentent d'expliquer la création du monde, qu'ellerattache à la puissance de la divinité.

Pourquoi y aura-t-il quelque chose plutôt que rien ? Voilà la questionessentielle à la religion.

Justement parce qu'un principe transcendant, parfait, a créé le monde.

Les philosophes dansl'antiquité voyait aussi le Dieu comme principe du monde.

Ainsi, Aristote dans sa Métaphysique , cherche le principe qui meut le monde sans être en mouvement lui-même.

Et ce principe, qu'il nomme Dieu, est « le premier moteur » dumonde.

2.

Dieu est éternel, la foi en lui l'est donc en luiRappelons que la première caractéristique des principes transcendants qui s'incarnent souvent en la personne d'unDieu, est son éternité.

On ne voit pas comment le monde aurait pu être créé par un être mortel.

Tous s'accordentsur ce point, les philosophes et les religieux.

En reprenant Aristote, on peut y lire : « [Nous appelons] DIEU unvivant éternel et parfait ; la vie et la durée continue et éternelle, appartiennent donc à DIEU, car c'est cela mêmequi est DIEU.

» Si Dieu est éternelle, alors pourquoi les religions ne survivraient-elles pas, rattachées à ce principetranscendant ? il faut comprendre comment fonctionne ce qui relie l'homme à Dieu.

L'attitude religieuse parexcellence est la foi.

La foi est alors une conviction qui engage tout l'individu, une adhésion totale à ce qui restepour lui un mystère indéchiffrable.

Kierkegaard montre bien comment la foi suppose une confiance au-delà de ce quela raison peut calculer.

La crainte de la mort ne semble pas non plus assez puissante pour conduire à ce degré deconfiance.

Il n'y a rien par la suite qui puisse ébranler ce sentiment de foi, cette évidence subjective qui suffit aucroyant.

Pascal de même parlera de Dieu comme ce qui vient du cœur, un Dieu « sensible au cœur » et non un Dieuné de la raison.

Dès lors, la raison et les arguments ne feront pas disparaître les religions.La foi lie donc comme l'indiquerait l'étymologie, les hommes au Dieu.

C'est pour cela que Rousseau affirme dans, dansDu contrat social , que la religion tend à détruire tout lien social.

Il affirme ne rien connaître " de plus contraire à l'esprit social." En effet, en détachant les hommes de tout ce qui est terrestre, elle rend inutiles les sociétésparticulières, civiles.

La religion en détruisant tout intérêt particulier; les hommes n'ont plus de désirs, d'ambitionset donc perdent tout esprit civique.

Il écrit ainsi : " Une société de vrais chrétiens ne serait plus une sociétéd'hommes." 3.

La religion est un amour et une présence de DieuBergson reconnaît une forme de religion qu'il appelle dynamique et mystique.

Pour lui, cette religion transporte l'âmesur un tout autre plan, celui de l'amour.

Il s'agit alors de voir que Dieu se révèle lui-même dans certaines personnes.Il y a une sorte de révélation qui rend présent Dieu dans l'âme des gens.

Beaucoup reconnaissent s'être convertit àtelle religion parce qu'ils ont entendu l'appel de Dieu ou que celui-ci leur est apparu.

Il y a une certaine évidencedans le sentiment subjectif du divin.

Parlant de l'âme mystique, Bergson écrit « elle s'arrête comme si elle écoutaitune voix qui l'appelle.

Puis elle se laisse porter, droit en avant.

Elle ne perçoit pas directement la force qui la meut,mais elle en sent l'indéfinissable présence, ou la devine à travers une vision symbolique.

Vient alors une immensité. »

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