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La renommée de l'Art Poétique de Boileau

Publié le 28/04/2011

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boileau

I. — Accueil des contemporains :. les ennemis de Boileau : La défense du poème héroïque de Desmarets de Saint-Sorlin. Carel de Sainte-Garde, Pradon : leurs reproches communs. — Le public : La chambre du Sublime (1675). — Jugements de Barbin, Fénelon, Baillet. — Traductions de Boileau en latin. — Boileau consulté ; acclamé au collège de Beau vais. — Regnard, d'abord ennemi, lui rend hommage. 3 II. — XVIIIe siècle : Les admirateurs : Brossette, Louis Racine, d'Alembert, Le Batteux, La Harpe. — Les dénigreurs : La Motte, Marmontel, Mercier. — Les jugements de Voltaire. III. — XIXe siècle : Sous l'Empire, Geoffroy, Dussault, Viollet le Duc d'une part, Chateaubriand, Mme de Staël de l'autre. — La lutte romantique : les opinions de Victor Hugo, de Sainte-Beuve. — Jugement de Nisard. — Ce qu'est la popularité de Boileau. — La critique historique appliquée à Boileau. I La publication de l'Art Poétique, longuement préparée par des lectures dans des cercles choisis, y confirma l'estime que l'auteur avait peu à peu gagnée. Mais elle réveilla l'ardeur des adversaires anciens. L'un, Desmarets de Saint-Sorlin, directement visé dans l'ouvrage, avec une hâte juvénile, étonnante pour un homme de 79 ans, rédigea une critique abondante et passionnée. L'achevé d'imprimer de l'Art Poétique est du 10 juillet 1674. Celui de la réponse de Desmarets est du 18 août.

En cinq semaines, il avait réussi ce tour de force d'écrire sept dialogues dont plusieurs sont en vers, d'obtenir un privilège et de faire imprimer le tout, sous le titre suivant : La défense du poème héroïque avec quelques remarques sur tes œuvres satiriques du sieur D ***. La vivacité du ton, et le souci de défendre une cause personnelle n'excluent pas tout bon sens dans ces remarques ; les critiques hostiles postérieures les ont reprises à satiété, et de certaines observations Boileau lui-même a fait son profit.

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« Et voici une autre preuve d'un genre différent. L'année même où venait de paraître l'Art Poétique, l'édition des Nouvelles œuvres de Sarazin donnée par le libraireBarbin est dédiée par lui à Despréaux.

Il le loue en ces termes : « Votre discernement est devenu la règle des ouvrages du siècle, et pour soutenir la réputation de M.

Sarazin, ilsuffit de dire que vous ne trouvez pas ces dernières pièces indignes de lui ». Ainsi déjà une sorte d'autorité est reconnue à celui que ses adversaires ne traitaient que de fou.

Cette autorité nefera que s'affermir d'année en année. Dans ses Dialogues sur l'Eloquence, composés vers 1684, Fénelon loue le traité de Longin que Boileau a traduit, etl'auteur de l'Art Poétique a qui il emprunte une règle relative à la tragédie : « C'est un homme qui connaît bien, non seulement le fond de la poésie, mais encore le but solide auquel laphilosophie, supérieure à tous les arts, doit conduire le poète » (1er Dialogue). Dans ses Jugements des Savants, Baillet déclare qu'on peut appeler Boileau, « l'homme du bon sens par excellence», de sorte que, ajoute-t-il, «nous avons de quoi féliciter notre nation de savoir par son moyen le discernementqu'on peut faire de ceux qu'on doit estimer d'avec ceux qu'on peut négliger ». Dans l'article qu'il consacre à son Art Poétique, il accumule les éloges, sans faire aucune des restrictions dont il estcoutumier pour les autres ouvrages de ce genre.

Grâce à sa connaissance « du génie de la poésie moderne », «personne n'a pu mieux réussir que lui à nous donner les règles d'un nouvel Art poétique.

L'habileté, la délicatesse etla solidité de jugement n'éclatent pas moins dans cet ouvrage que dans les autres qui nous sont venus du mêmeauteur ». L'œuvre de Boileau de façon générale a été très vite acceptée par les savants.

Une quantité considérable detraductions en vers latins de différentes satires et épîtres et même de chants du Lutrin, ayant pour auteurs desprofesseurs de l'Université ou des Jésuites, indique clairement cette estime. Ainsi Rollin, traduisant en vers latins l'ode sur la prise de Namur (1693), appelle Boileau le grand justicier duParnasse, l'honneur et l'arbitre du Pinde français. Cette renommée bien établie, incite à le consulter comme un oracle.

Par l'intermédiaire de Brossette, c'est lui quidécide des débats littéraires qui ont lieu à Lyon ou donne le dernier mot sur la rédaction d'une inscription. Il est, dès ce moment, bien accueilli par l'Université.

En 1701, il dîne au collège de Beauvais, dont il avait été l'élève,chez Rollin.

Les élèves, comme s'il avait été un grand personnage officiel, l'accueillirent « par des acclamations, pardes cris de joie et par des vivats redoublés.

Et M.

Despréaux leur donna des vacances pour répondre auxempressements qu'ils témoignaient pour lui » (Brossette, Notes, Laverdet, p.

529). Même des adversaires font amende honorable ; Regnard écrit une Satire contre les maris (1694), puis le Tombeaude M.

B.

D., pièce satirique qui ne parut que plus tard (1731). Boileau ayant effacé de l'Ed.

de 1701 le nom de Regnard qui figurait dans l'Epître X, Regnard se rapprocha de Boileauet lui rendit hommage dans une Epître placée en tête de sa comédie des Ménechmes (1706) : ...

Ton style de tout temps me servit de modèle Et si quelque bon vers par ma veine est produit, De tes doctesleçons ce n'est que l'heureux fruit...

Qui peut mieux en effet, dans le siècle où nous sommes, Aux règles du bon goût assujettir les hommes ?...

Le bon sens est toujours à son aise en tes vers Et sous un artheureux découvrant la nature, La vérité partout y brille toute pure... Tant d'hommages rendus eurent peut-être pour effet de développer chez Boileau quelque vanité et une certaineraideur de jugement.

Perrault, dans sa Lettre à M.

D.

touchant la préface de son ode sur la prise de Namur, l'attaque déjà sur ce point et luireproche de considérer son Art Poétique non comme un art poétique quelconque, mais comme l'Art Poétique mêmedevant lequel tous les écrivains doivent s'incliner. A cette opinion, si les besoins de la polémique ne l'ont pas inventée, purent contribuer les empressements curieuxdes admirateurs un peu trop dévoués, comme Le Verrier et Brossette, qui assiègent Boileau de questions en vue decommenter ses œuvres.

Mais pour la combattre, il suffit de se rappeler que Boileau a lutté jusqu'au terme de sa vie,que les Jésuites ne lui ont pas laissé le repos, et que sa vie se termine sur une interdiction du roi pour la publicationde sa dernière satire. II. »

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