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La reproductibilité de l'oeuvre d'art la transforme-t-elle en objet de consommation ?

Publié le 15/08/2004

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De fait, à côté de cette consommation culturelle, la création d'oeuvres exigeantes, destinées à un public éclairé, continue de s'inscrire dans l'histoire de l'art au sens traditionnel du terme.Sujet 357La reproduction des oeuvres d'art nuit-elle à l'art ?1) IntroductionLa reproduction des oeuvres d'art nuit-elle à l'art ? D'emblée, il faut remarquer le balancement rhétorique (oeuvre d'art/art), annonciateur d'une thématique philosophique. L'imitation, sur une grande échelle, afin de les mettre à la disposition du grand nombre, des ensembles organisés de signes et de matériaux dont la beauté nous procure une satisfaction désintéressée constitue-t-elle un danger pour l'art, cette création de choses belles et uniques, lequel perdrait ainsi un de ses caractères essentiels ? Tel est le sens de l'intitulé du sujet. À quoi conduit la reproduction des oeuvres d'art ? N'évacue-t-elle pas, à travers son substrat empirique mille fois répété, mille fois vendu, la transcendance de l'art, qui dépasse le champ expérimental par sa visée ? Ne faut-il pas, par ailleurs, une certaine préparation, une certaine culture, pour accueillir une oeuvre d'art, sous peine d'en perdre la compréhension, voire d'en détruire le sens ? UTILITARISME : Doctrine selon laquelle l'efficacité, ou l'utilité, est par principe la seule mesure de la vérité sur le plan de la connaissance, du bien sur le plan moral et du beau sur le plan esthétique.

« mondialisation de l'art est-elle possible ? La reproduction métamorphose l'oeuvre d'art et pose des questionsnouvelles à la création du beau, devenu forme universelle.Par ailleurs, c'est en reproduisant difficilement et méticuleusement les oeuvres d'art que l'apprenti artiste enpénètre, non seulement la technique, mais le sens profond : ici la reproduction est formatrice de l'esprit au sensnoble du terme elle sert véritablement l'art. Transition. Toutefois, quand l'oeuvre est reproduite à des millions d'exemplaires, elle perd aussi parfois son mystère.

N'entre-t-on pas parfois dans le règne de la profanation généralisée ? Don Giovanni et Norma survivent-ils intacts quand ils sefont publicité mercantile ? Que signifie la re-production de l'oeuvre d'art ? B.

La reproduction des oeuvres d'art comme effacement de la transcendance. Que signifie cette re-production ? Une infinité d'images multipliées et disponibles ? Partout, en tout lieu, l'oeuvred'art se veut présente : sur les murs du métro comme sur les écrans de télévision ; l'art règne-t-il ? Point du tout.La beauté, entièrement sécularisée, s'évanouit et se dissout.

Désacralisation, fausse démocratisation, perte de lamagie, que de banalisations opérées ! Nous entrons dans le règne de la profanation : traitée sans respect, avilie,dégradée, voici l'oeuvre d'art transmutée ou devenue objet de curiosité.

S'il le faut, elle sera transformée enchanson populaire.

L'oeuvre devient alors négociable.

La beauté et l'art survivent-ils ainsi ? L'art de masse mérite-t-il le nom d'art ? Nous ne le pensons guère.

La diffusion de masse tue l'aura, le halo subtil entourant les êtres sacrés,la transcendance de la beauté.

Voici l'art englouti et devenu gadget.

Que signifie d'ailleurs la reproduction ? Biensouvent, elle est modification et condensation : d'où une destruction de l'art, de manière à engendrer le loisir demasse.

Alors l'utilitarisme parcourt tout le champ de lareproduction.

Or nous savons que la beauté appartient à la sphère de l'inutile.

Elle ne sert rigoureusement à rien. Quand l'utilitarisme prime, que devient l'art ? La reproduction l'a tué.

Créée de façon unique, l'oeuvre perd son haloimmatériel : ainsi meurt l'art. Transition. Mais que signifie ce loisir de masse ? Ne faut-il pas étudier davantage le champ de la re-production de l'oeuvre pourmieux comprendre le problème ? C.

La reproduction comme accès au loisir et à la jouissance passive Que signifie la reproduction ? Elle concerne les phénomènes de la vie : elle concerne le loisir de masse.

Que sepasse-t-il ? Il y a de plus en plus de temps libéré pour le loisir, mais ce loisir signifie réceptivité passive.

Dès lors, lareproduction de l'oeuvre d'art tue l'art : ne faut-il pas trouver un matériau approprié pour la moderne société deconsommation ? Ici la reproduction se dessine comme péril pour l'art car tout dépassement et toute transcendancesont évacués.

Qu'en reste-t-il ? Une industrie des loisirs où la jouissance passive domine : on reproduit l'oeuvre d'artà des millions d'exemplaires, on fournit, en permanence, de nouveaux articles, pour une consommation sans esprit.Ne faut-il pas, en effet, une longue préparation culturelle, préparation ardue, pour saisir le contenu d'une oeuvred'art ? Or la mise à la disposition du public de reproductions agréables à contempler tend à dispenser de ce difficileeffort, ce qui nuit bien évidemment à l'art, en tant que l'esprit s'y prend comme objet.

C'est, dirait-on avecNietzsche, le règne du dernier homme : la re-production est finalisée par un loisir de masse et la satisfaction ne visequ'un hédonisme plat.

À l'amour du beau (inhérent à l'art) se substitue la consommation des signes.

Kant nous ditque le beau est désintéressé.

De même, l'art n'est que s'il nous délivre de ce monde et ne met pas en jeu lacontemplation désintéressée de l'individu.

Ici, la reproduction tue l'art car l'intérêt purement sensible et hédonistiqueremplace « ce qui plaît universellement sans concept ». 3) Conclusion L'art peut-il être rangé dans le champ de l'utile ? Certes pas.

Il perd ici son essence.

Dès lors, la reproduction, à unegrande échelle, de l'oeuvre d'art, nuit à l'essence même de l'art.

La reproduction équivaut à la déchéance de l'art etl'appauvrissement de l'expérience esthétique.. »

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