la république
Publié le 05/04/2013
Extrait du document
«
nêtes? Comment définir l'ami et l'ennemi, et faire du bien à l'ami bon, non à celui qui
paraît
tel? D'autant que faire du mal à l'ennemi ne le rendra pas meilleur, et que ce
n'est pas
le propre d'un homme bon de faire du mal à qui que ce soit.
Ce serait faire en
sorte que l'homme juste produise des hommes injustes.
Après examen,
il n'est juste
de faire du mal à personne.
B.
L'injustice est-elle avantageuse ?
t Thrasymaque ne supporte pas ces propos et veut démontrer avec fougue que le
juste n'est autre chose que ce qui est avantageux au plus fort.
Son mode de débat,
qui fait pression sur l'interlocuteur, et sa critique de la méthode
de Socrate sont déjà la
mise en œuvre de ses thèses.
L'argument essentiel est que chaque type de gouverne
ment établit les lois à son avantage.
t Socrate réfute cette thèse.
Les gouvernants peuvent donner involontairement des
ordres qui leur sont préjudiciables ; pourtant,
il reste juste de leur obéir.
Surtout, dans
tout art, médecine ou autre, celui qui applique son art
se fait payer car c'est à celui qui
se fait soigner que l'art est utile; de même
c'est aux gouvernés que le gouvernement,
s'il est conduit avec
art, doit servir.« Ainsi donc, Thrasymaque, aucun chef, quelle que
soit
la nature de son autorité, dans la mesure où il est chef, ne se propose et n'ordonne
son propre avantage, mais celui du sujet qu'il gouverne et pour qui
il exerce son art.
»
Sinon, faut-il penser avec Thrasymaque que les chefs des cités regardent leurs sujets
comme
le berger engraisse ses moutons -pour les manger ? Même en ce cas, en tant
que berger,
le berger soigne ses moutons, c'est en tant que gourmand qu'il les tue ...
Quant aux gens de bien, s'ils consentent à gouverner, ce n'est ni pour l'argent,
ni pour
l'honneur, mais seulement pour éviter
le châtiment d'un mauvais gouvernement.
t Néanmoins, l'injustice semble avantageuse, car la plus parfaite injustice est celle
qui se fait passer
pour juste, valant à l'injuste des honneurs.
À l'inverse, la plus par
faite justice
se manifeste quand le juste n'en tire ni profit ni honneur.
C.
La force de la justice
t C'est oublier que le juste l'emporte sur l'injuste en matière de justice, tandis que
l'injuste veut l'emporter et sur le juste, et sur l'injuste.
Ainsi l'injustice divise, et
aucune action commune n'est possible sans un minimum de justice,
au moins entre
ceux qui
se sont associés.
La justice est plus forte que l'injustice, puisque celle-ci est
ignorance.
Et une cité conquérante doit elle-même avoir recours à la justice pour assu
rer son pouvoir.
t La justice est la vertu propre de l'âme.
Ainsi elle lui permet d'assurer sa fonction
propre: surveiller, commander, délibérer; c'est donc la condition pour qu'elle vive
bien, sans
se diviser elle-même.
Mais la discussion n'a toujours pas élucidé la nature
de la justice.
~ Voir la réfutation des thèses de Thrasymaque, p.
93-101.
2.
L CITÉ JUSTE (LIVRES II-IV)
A.
Peut-on aimer la justice ?
t Glaucon relance Socrate.
Persuade-nous vraiment qu'il vaut mieux être juste
qu'injuste.
La justice est-elle un bien qu'on peut aimer pour elle-même, en même
temps que pour ses conséquences, ou bien est-elle nécessaire, mais pénible?
t L'histoire de l'ancêtre de Gygès, qui s'est emparé d'un anneau susceptible de rendre
invisible montre bien que quiconque devient injuste et avide s'il peut le faire impuné
ment.
Pouvoir s'emparer de tout et
se l'interdire, n'est-ce pas se rendre malheureux?
Comment
le juste, dépouillé de tout honneur, bafoué, torturé, serait-il heureux? Au
contraire, l'injuste gouverne, prend l'apparence
d'un homme juste et se concilie les
29.
»
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