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De la République - Cicéron

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

Extrait V, 12 : le rêve d'immortalité

 

“ Mais, dit le premier Africain, quand tu seras monté au Capitole sur ton char triomphal, tu trouveras la République bouleversée par les desseins de Tibérius Gracchus, mon petit-fils. C'est alors, Scipion, qu'il te faudra montrer à ta patrie l'éclat de ton courage, de ton génie, de ta sagesse. Car la voie qu'à ce moment suivra le destin m'apparaît incertaine. En effet, quand ta vie aura vu huit fois sept départs et retours au même point du ciel, quand ces deux nombres que, pour des raisons différentes, l'on tient pour des nombres pleins, t'auront conduit par un cycle inscrit dans la nature à l'achèvement prescrit par le destin, c'est vers toi seul et vers ton nom que se tournera la cité tout entière : c'est sur toi, oui, sur toi que tous les gens de bien, que tous les alliés, que les Latins auront les yeux fixés ; tu seras le seul homme sur qui puisse s'appuyer le salut de la cité ; en un mot, il te faudra, en qualité de dictateur, maintenir solidement l'État, si du moins tu échappes aux mains impies de tes proches... ”

 

A ces mots, Lélius poussa un cri, et les auditeurs éclatèrent en bruyantes lamentations. Alors, avec un doux sourire, Scipion leur dit : “ Je vous en prie, ne me réveillez pas de mon sommeil, et écoutez un petit moment le reste... ”

 

“ Mais, Scipion, poursuivit le premier Africain, pour que tu sois encore plus empressé à détendre l'État, sache ceci : pour tous ceux qui ont conservé, secouru, accru leur patrie, il existe au ciel un lieu bien défini, où, bienheureux, ils jouissent d'une éternelle durée. Le dieu suprême, celui qui régit tout notre monde, n'a rien de plus cher que ces rassemblements d'hommes groupés entre eux, liés par le droit, en sociétés que l'on appelle cités. Et ceux qui les gouvernent et les conservent sont venus du ciel où je suis, et c'est là qu'ils retournent... ”

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