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République et Nation

Publié le 24/08/2013

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La souveraineté présente deux aspects. Elle incarne tout d'abord l'autonomie de la décision prise en son nom : la nation a seule la vocation de s'occuper de ses affaires et les lois qu'elle adopte sont l'expression de sa seule volonté. La souveraineté induit aussi que la volonté de la nation s'applique sur l'ensemble du territoire national : c'est la notion d'État-nation - la nation s'identifie à l'État.

La conscience nationale s'est ainsi véritablement éveillée quand le peuple s'est proclamé souverain. L'affirmation de l'identité entre la nation et le peuple souverain aboutit à une fusion politique qui s'impose au xix' siècle en dépit du rétablissement de la monarchie et des épisodes impériaux.

« • « La nation suppose un passé ; elle se rèsume pourtant dans le présent par un fait tangible : le contentement le dèsir clairement exprimé de continuer la vie commune.

!:existence d'une nation est[ ...

] un plébiscite de tous les jours , comme l'existence de l'individu est une affirmation perpétuelle de la vie.

» • La nation est donc, pour Renan, un produit de la volonté humaine, l'expression d 'un vouloir-vivre-ensemble.

Renan reconnaît toutefois la relativité historique des nations, qui ne sont pas éternelles .

Il prévoit leur dépassement dans une « confédération européenne ».

Contingence des ttats-nations, subjectivité de la conscience nationale et affirmation de l'universalité de la nature humaine, tels sont les traits principaux de la doctrine sur la nation de Renan .

1..1 • nat1011 1éllle • • La • nation contrat» s 'oppose ~ la « nation génie », fruit d'une conception romantique qui insiste non sur la construction volontaire et réfléchie du lien social, mais sur la tradition et les liens avec le passé qui l'ont tissé.

La situation politique de l'Allemagne au XIX' siècle, divisée en petites principautès, a engagé la philosophie allemande classique dans une interrogation sans cesse renouvelée du concept de nation.

Cette doctrine a été exprimée principalement par le philosophe lolul1111 Fichte (1762-1814) dans ses prononça au cours de l'hiver 1807-1808 , alors que la Prusse était envahie par les armées napoléoniennes.

• S'adressant~ ses compatriotes, Fichte dénonce leur égoïsme et leur manque de conscience nationale dû au • réveil de la raison froidement calculatrice qui a rompu le lien entre la vie prèsente et future créé par la religion, et supprimé toutes les autres notions morales complémentaires ou de remplacement l'amour de la gloire, l'honneur national , comme autant d'illusions trompeuses » .

Fichte entend développer une théorie nouvelle de l'éducation en vue de regrouper tous les Allemands dans une grande communauté dont les membres • puissent enfin poursuivre les mêmes intérêts ».

Parmi ses intérêts vitaux se trouve la langue de la nation allemande , car une nation n'est rien d'autre, selon Fichte , qu'• une communauté d'hommes [ ...

] dont les membres développent sans cesse leur langage par la communication constante entre eux ».

• À l'Idée d'adhèsion réfléchie , Fichte substitue celle de liens naturels organiques, c'est-à-dire historiquement advenus dans une communauté vivante de personnes unies par la même langue et les mêmes origines , donc une communauté qui, avant tout manifeste nécessairement sa différence.

C'est pourquoi la conception romantique de la nation renvoie ~ l'Idée de « nation génie », illustration d'une ame collective .

t:ttat-nation ~ laquelle elle donne lieu se définit comme la résultante d'un processus historique naturel.

alors que dans le cas de la nation contra~ il rèsutte d'un processus construit dans et par lttat DE L' AlmQunt...

• Comme celui de nation, le terme de « république » connail, au fil de l'histoire, une évolution sémantique subtile .

Toutefois, les spécificitès historiques ne masquent pas le fait que, par essence, la république est « chose publique », comme l'Indique l'étymologie : dans la Rome antique, d'où le terme tire son origine , la res pub/ica dèsigne , mot ~ mot la • chose publique », les affaires communes, les choses de l'ttat qui, comme telles , s'opposent aux affaires privées de l'existence humaine.

• Au cours des siècles , la notion de république a pris, dans l'histoire politique, tout au moins celle du monde occidental , trois figures typiques auxquelles correspondent respectivement la res pub/ica , la république- ou ttat -et ce que l'on peut appeler la • république républicaine ».À travers ses mutations , la notion de république a pu dèsigner un régime polit ique, la forme ou l'essence de la politique , et enfin une idéologie, voire un programme politique .

·Athènes, aujourd'hui considérée comme une république, était décrite dans les temps classiques comme une démocratie, le pouvoir appartenant aux citoyens .

À cette époque , la distinction entre démocratie et république n 'existe pas : la démocratie est une forme de gouvernement qui s'oppose aux autres régimes, monarchie , oligarchie, aristocratie ou tyrannie .

• Au v • siècle avant notre ère, le mot grec que traduit république est politeia , ---==:::~:~ général.

Pour Aristote , la politeia est le régime qui recherche la satisfaction des intérêts de tous les citoyens et non de quelques intérêts particuliers.

Dans sa République , Platon décrit la république comme un « modèle dans le Ciel ».

Elle possède une valeur parfaite , immuable et éternelle : la République platonicienne est idéale et jamais le monde sensible, dans son devenir , ne la réalisera .

• C'est~ Rome qu'est instituée la première expérience politique explicitement républicaine, de 509 ~ 44 av.

J.-C.

Après une période de domination de l'aristocratie , la plèbe acquiert des pouvoirs de contrOle importants par l'Intermédiaire de ses reprèsentants .

Dans son traité de politique De republica (54-51 av.

J.

C), Cicéron propose un modèle d'organisation politique inspiré de Platon, sorte de compromis entre la monarchie, l'aristocratie et la démocratie, dans lequel la loi, ~ laquelle consent un groupe de citoyens unis par une communauté d 'intérêts, forme le lien de la société politique.

Ainsi se mettent en place quelques -uns des caractères qui définissent la république, • une forme de gouvernement dans laquelle le pouvoir et la puissance ne sont pas détenus par un seul et dans lequel le chef de lttat n'est pas héréditaire ».

...

AUI nMPS MODUNU • À partir du XVI' siècle, le terme de république, dans une définition très large , s'applique ~ des lieux de pouvoir, Gênes ou Venise, par exemple , où le gouvernement est exercé par de puissantes familles qui se coopten~ confisquant~ l'ensemble des citoyens ses pouvoirs de contrôle.

Genève , la Hollande, le Braban~ l'Angleterre (1649-1660), la Corse- avec la république constitutionnelle du général Pascal Paoli -{1735-1769) connaissent de courtes expériences républicaines .

• Avec l'effervescence des idées politiques que suscitent notamment l'humanisme et la Réforme au XVI' siècle , la notion de république se ------------....1.-------------j retrouve aussi dans le discours • La Franœ se pNsenle comme une nation tt l'ldjedif • nalional• est au CD!II' des idulions françaises.

MC 1a SOIMI1IÎIII!It llllliiiMe.

rAssemblée nalionlle ou enœre la dtfense nalionlle.

• C'est aussi la nation qui fiaiR clans le lt!de de 1958, peu la premire fais depuis la Constilulion du Consulat.

i tnJis enclroils du eme : • rart.

1& u les pouvois ......

du pRsiclent de la~ qui menlionne cl'~ de la nation • ainsi que le me5SII! h la IIIIÏOIU ; i fart.

20 qui se IMre i ela politique de la nation.; &rait.

92 ..

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vie de la nation •.

• À cet fprd, la Cclllslüon de 1958 prolonae la Dâtarllion des clroils de 1789 tt le l'réan1bUe de la Conslilution de 1946 qui n!IIVIIÏSil ~a 1a nation -la Dâtarllion une fois.

a rart.

3 u la -.inelt le l'réan1bUe de 1946 quaire fois.

clans 1es art.

10 a u .

• Celle nation est formée de tous 1es Français -le tate de rart 3 parte de •lous les nalionaux français •.

Forrn6 de popiÜiionS d'orijpnes tt de traditions cMrses.

œ peuple est toutefois unique.

comme le confirme la jllispruclence du Conseil constilulionnel en application du principe de l'llldivisibilé de la ~-c'est ainsi qu'il a rejeté en 1991 la nolion de peuple corse.

rhétorique, qui en révise la définition.

Dans ses Six Livres de la République {1576), 1e théoricien politique 1H11Botlhl (1530-1596), auquel on attribue la paternité du terme république dans son sens moderne , définit celle-ci comme un « droit -gouvernement de plusieurs ménages et de ce qui leur est commun , avec puissance souveraine ».

Pour Bodin , lttat a pour fin le « droit-gouvernement », c'est-~-dire l'accomplissement des droits de la justice et de la raison .

• Avec lui, le mot république dèsigne n'Importe quel ttat régi par des lois visant ~ la satisfaction de l'Intérêt général.

Bodin considère que tout gouvernement légitime , y compris celui d 'une monarchie, est une république s'il tend au bien commun et respecte les droits fondamentaux des « francs sujets ».

Il ajoute toutefois que ces droits seront d'autant mieux assurès que l'ttat conserve le monopole de la force et que le souverain crée et applique la loi sans délibérations préalables .

• Bien que le XVIII' siècle soit animé par une puissante aspiration ~ la libert é, le concept de république , de plus en plus utilisé par la langue politique , est loin de dèsigner un régime qui serait l'antithèse de la monarchie .

Le mot en effet se rapporte ~ la tonne essentielle de la politique et désigne l'État ou bien ~ un type de régime politique dans lequel le progrès consisterait~ concilier l'ordre public et la liberté des citoyens .

Les positions de Rousseau et de Montesquieu (1689- 1755), ~ cet égard , sont significatives.

Rousseau , dans le Contrat soda/ (1762), considère que le mot de république s'applique ~ « tout ttat régi par des lois, sous quelque forme d'administration que ce puisse être, car alors seulement l'Intérêt public gouverne ».

La République est dons assimilée ~ l'ttat de droit.

Dans l'Esprit des lois (1748), Montesquieu introduit l'Idée de souveraineté populaire au cœur de la notion : « Le gouvernement républicain est celui où le peuple, ou seulement une partie de ce peuple, a la souveraine puissance.

» LA ltpUIUQUE ltpuiUCAJNE • La république devient réellement l'antithèse de la monarchie lorsque , ~ la suite de la destitution de Louis XVI, celle-ci est proclamée, le 22 septembre 1792.

Le mot de république change alors de sens : il dèsigne cette fois un régime politique fondé sur la souveraineté du peuple et la communauté des citoyens .

• La république n 'est plus la res pub/ica ; elle implique un choix idéologique et un idéal politique .

En effet , si la notion renvoie ~ la forme du régime, elle est également déterminée par un ensemble de valeurs qui la légitiment et que les républicains ont précisées dans les années qui ont précédé la Révolution .

Ceux-ci retiennent du droit romain une conception de la Raison par l'unité , une vision de l'homme ~ laquelle ils donnent une dimension universelle ; ils empruntent aux philosophes des Lumières la conception du contrat et de la libre volonté , la foi dans le progrès et le savoir par l'éducation ; ils admirent la modernité des institutions américaines ; ils disposent d 'une charte -la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 -, qui définit leurs principes fondamentaux, notamment les droits naturels imprescriptibles -liberté , sûreté, propriété, résistance~ l'oppression -, mais aussi les devoirs : la nécessité de la contribution commune -l'Impôt • Cet ensemble de références fait de la doctrine républicaine une construction solide sur ses bases théoriques , mais souple dans son ouverture aux évolutions politiques , économiques et sociales .

• Selon notre Constitution , « la France est une république indivisible, laïque, démocratique et sociale » .

• Indivisible : la France forme une nation dont chaque membre, individuel ou collectif, est subordonné ~ une communauté politique, ~ un vouloir-vivre-ensemble qui récuse les particularismes, les séparatismes, aussi bien que les individualismes et les corporatismes ignorant le bien commun.

• Laïque : la république s 'est affinnée historiquement~ l'encontre du pouvoir ancestral de ltglise catholique , en affinnant l'Indépendance du pouvoir politique de tout pouvoir religieux.

Deux grandes décisions législatives ont établi la laïcité républicaine : les lois scolaires des années 1880 et la loi de séparation des tglises et de l'ttat de 1905 qui assure la liberté de conscience sans privilégier aucune religion .

• Démocratique : la République repose sur le suffrage universel -masculin en 1848 , masculin et féminin depuis 1944 -, sur les libertès publiques et sur l'égalité entre tous les citoyens , quels que soient leur sexe, leur religion, leur profession .

• Sociale : la république s'assigne la tache d 'assurer l'éducation -l'école est gratuite -.

la sécurité et la promotion des citoyens par le biais d'Institutions progressivement mises en place, comme la protection sociale .

• La devise de la république française , qui date de 1848 -Liberté, tgalité, Fraternité -.

rèsume ses principes, dont la réalisation ne peut être que le fruit d 'un effort toujours renouvelé.

La république, en effet n'est pas seulement un héritage, mais une dynamique visant ~ abattre ou ~ limiter les entraves aux libertès, ~l'égalité devant la loi et~ la solidarité des citoyens les uns envers les autres.

Toujours menacée par les intérêts particuliers et les corporatismes, la république n'est pas réductible ~ un régime politique :c'est l'idéal d 'une société d'hommes libres , épris de justice et de paix, servi par l'esprit civique de chacun .. »

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