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Qu'est ce que respecter autrui?

Publié le 21/03/2005

Extrait du document

En effet, il me faut aussi considérer l'autre dans ce qu'il a de particulier et de singulier en tant que personne unique, ce qui se révèle être une tâche plus ardue. C'est ce point que nous allons développer dans le second moment de notre réflexion.   2-Reconnaître l'autre comme autre, dans son altérité : Ne pas reconnaître la différence en l'autre c'est faire preuve d'irrespect. Nous sommes toujours enclins à considérer notre culture comme la meilleure en rejetant pour cela celle des autres. Ainsi, Lévi-Strauss montre que « le barbare, c'est d'abord l'homme qui croit à la barbarie », celui qui répudie les formes culturelles qui sont étrangères aux siennes. Or, autrui est avant tout ce que je ne suis pas, il me faut donc reconnaître l'autre comme différent, je ne dois pas l'assimiler à moi, le réduire à ma propre subjectivité culturelle. Pour Lévinas, il faut éviter d'assimiler la relation qu'on a avec les autres à une relation collective, un « nous ». C'est au contraire une relation où l'on est les uns avec les autres, les uns à côtés des autres, c'est une relation asymétrique, non de fusion mais de face à face : un individu singulier avec ses caractéristiques en face d'un autre individu singulier. Les personnes ne sont ni égales, ni interchangeables. Or, Lévinas considère que c'est cette relation de face à face où je ne serai jamais l'autre, où l'autre reste définitivement autre et étranger, qu'il y a du respect.

Analyse du sujet :

 

  • Respecter : avoir du respect pour quelqu’un c’est le traiter avec égards et estime afin de ne pas lui porter atteinte ou préjudice. Le mot « respect « vient du latin respectus, « égard «, « considération «. Le respect peut être simplement une marque de politesse, une formule convenue, mais par ailleurs, le respect d’autrui s’impose par le sentiment et la reconnaissance que l’on a de sa valeur en tant que personne. Chez Kant, ce terme prend un sens particulier. Le respect ne relève pas du sentiment et de la sensibilité, mais de la loi morale érigée par la raison pratique. Le respect devient donc une obligation morale.

 

  • Autrui : Avant tout autrui c’est l’autre, le différent, celui qui n’est pas moi. Cependant cette altérité ne suffit pas à définir autrui. S’il n’est pas moi, il est aussi mon semblable, mon alter ego, c’est-à-dire un autre moi et un autre que moi. S’interroger sur autrui c’est s’interroger sur la double structure du sujet et de l’objet. Descartes ne tient pas compte de cette dimension à travers son cogito ergo sum, et pour lui, la conscience de soi ne passe par autrui. Pour Hegel, autrui apparaît comme essentiel à la constitution de la conscience de soi.

 

 

Problématique :

 

Il s’agit ici de s’interroger sur les relations avec autrui. En effet, le respect de l’autre semble aller de soi. Spontanément je sais que je ne peux pas faire tout et n’importe quoi par rapport à autrui, je sais que je dois « respecter «l’humanité en lui. Cependant Qu’y a t-il en l’autre de respectable ? Sur quoi ce fonde ce respect et qu’est ce qui fait l’humanité de chacun? Est-ce un sentiment naturel que m’inspire autrui ? Mais alors, que dire du cas où l’autre a accompli quelque chose d’abject ou de dégradant, que dire du cas où je méprise autrui ? Si mon respect est simplement une inclination de mon cœur et de mon sentiment, m’est-il encore possible de respecter autrui ? Qu’est-ce qui justement m’empêche de ne pas le respecter dans une certaine mesure ? Ainsi, on peut donc aussi s’interroger sur la limite de notre respect envers autrui, sur ce qui défini précisément le respect. Jusqu’où respecte t-on l’autre ? Comment ces limites se déterminent-elles ? Où est ce que je me situe par rapport au respect d’autrui ? En effet, respecter quelqu’un, c’est lui reconnaître une certaine valeur. Est-ce que je respecte autrui parce qu’il m’est supérieur ou bien au contraire le respect doit-il se construire sur une relation d’égalité, sur une reconnaissance de chacun par l’autre, un respect mutuel et aussi un respect envers soi-même ? Par ailleurs est ce que je respecte autrui parce qu’il est mon semblable ou bien mon respect se porte t-il aussi sur sa différence en tant qu’autre ?

Au-delà du sentiment de respect que nous inspire autrui n’y a t-il pas une forme de respect qui se fonde en droit ? Une forme de respect protégée par la loi qui considère chaque homme comme un sujet de droit, comme une personne dont il faut protéger la dignité, les droits, la vie et la liberté ?Le respect d’autrui est-il seulement une apparence, une inclination extérieure ( je respecte celui que je reconnais comme supérieur) ou peut-il enfin être une obligation morale que le sujet a envers les autres ?

 

« Kant estime donc que la raison donne des lois à la pensée et à l'actionafin de nous obliger à ne pas nous contredire : « Agis de telle sorte quetu traites l'homme en toi-même, aussi bien qu'en autrui, toujours commeune fin en soi et jamais seulement comme un moyen ».Ainsi selon la loi morale, pour respecter autrui, je dois toujours leconsidérer –tout autant que moi-même, comme une personne, c'est-à-dire comme une fin et non comme un moyen, de façon à respecter ladignité humaine.

Par exemple, dans les rapports sociaux, on se traitemutuellement comme des moyens (échanges de services etc.

), maisc'est quand on se traite seulement comme des moyens que l'on bafoue la dignité de la personne. La personne est ce qui se distingue de la chose, comme la fin sedistingue des moyens.

Tout être dont l'existence ne dépend pas de lalibre volonté, mais de la nature, n'a qu'une valeur relative, c'est-à-direen rapport avec autre chose que lui-même.

Les êtres naturels sont deschoses.

Les êtres raisonnables, c'est-à-dire capables d'agissementslibres, sont des personnes, c'est-à-dire des fins en soi.

Ils ne peuventservir simplement comme moyens, et par suite limitent notre libreactivité, puisqu'ils sont l'objet d'un inconditionnel respect.

La personneest une fin objective, dont l'existence même est une fin en soi, qui nepeut être remplacée par aucune autre.

Étant fin en soi, on lui doit un absolu respect.

La personne humaine est la seule valeur absolue existante, il n'y en a pas d'autres sur le planpratique.

L'impératif catégorique pour toute volonté humaine repose donc sur le principe que : "La natureraisonnable existe comme fin en soi." C'est ainsi que nous devons nous représenter notre propreexistence ainsi que celle d'autrui, et ce principe doit sous-tendre toutes nos actions.

La moralité, soit l'usage de laraison dans le domaine pratique, repose par conséquent sur la maxime suivante : "Agis de telle sorte que tu traitesl'humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme unefin, et jamais simplement comme un moyen." Ainsi, si le respect n'est pas obligatoire envers un individu, il l'est envers une personne.

C'est un droit commun.Cependant, le respect d'autrui ne se fonde pas seulement sur la reconnaissance de l'autre comme monsemblable et comme un sujet de droit.

En effet, il me faut aussi considérer l'autre dans ce qu'il a de particulieret de singulier en tant que personne unique, ce qui se révèle être une tâche plus ardue.

C'est ce point quenous allons développer dans le second moment de notre réflexion. 2-Reconnaître l'autre comme autre, dans son altérité : Ne pas reconnaître la différence en l'autre c'est faire preuve d'irrespect.

Nous sommes toujours enclins àconsidérer notre culture comme la meilleure en rejetant pour cela celle des autres.

Ainsi, Lévi-Strauss montreque « le barbare, c'est d'abord l'homme qui croit à la barbarie », celui qui répudie les formes culturelles qui sontétrangères aux siennes. Qui n'a pas accusé autrui de se comporter en barbare ? Quel peuple n'a pas accusé d'autres peuples d'être desbarbares ? Lévi-Strauss, grand anthropologue français, souligne, dans Race et Histoire, d'où est extrait notrecitation, ce trait propre à toute société, qu'est l'ethnocentrisme : chaque ethnie, c'est-à-dire chaque peuple,a tendance à se penser comme étant au centre du monde, à considérer ses coutumes, ses mœurs, ses règles,ses croyances, ses modes de penser,...

comme meilleurs que ceux ethnies ou des peuples différents, comme sisa tribu, son village, son clan, son pays, sa culture étaient plus représentatifs de l'humanité que tous lesautres.

Ainsi le barbare, le non civilisé c'est toujours l'autre; l'autre au sujet duquel on raconte toute sorted'horreurs ou d'atrocités ainsi des Vikings, des Huns, des Goths, des Tartares, Mongols, des Chinois..., sansparler de tribus sauvages au fin fond de l'Afrique ou de l'Amazonie, etc.

Or, peut-être commence-t-on à neplus être un barbare, ou commence-t-on à être un homme civilisé, le jour où l'on reconnaît qu'on est lepremier, peut-être, à être capable de se comporter en barbare.Le mot "barbare" - barbaros en grec- signifie à l'origine "l'étranger qui ne parle pas grec" : on pouvait êtreétranger à Athènes, venir de Corinthe ou de Thèbes, on était alors un xénos, un étranger certes, mais unétranger qui parlait grec; en revanche les Egyptiens, les Perses, etc.

étaient appelés "barbares".

Pour lesRomains, de même, les barbares étaient ceux qui ne parlaient pas latin, ou ceux qui, malgré la colonisation et laconstruction de l'empire romain, n'avaient pas été latinisés, et qui se situaient donc au-delà des frontières del'empire.

Or ces peuples extérieurs ont fini par envahir l'empire romain et renversé son ordre : c'est ainsi qu'onparle encore dans les livres d'histoire de l'invasion des barbares.

La phrase de Lévi-Strauss est quelque peudérangeante: car elle revient à condamner l'usage de mot barbare.

Celui qui accuse l'autre de barbarie est lui-même un barbare.

Mieux, c'est celui-là même qui est réellement un barbare.

Pourquoi ? Parce qu'accuser autruide violences et d'atrocités, de cruauté, de sauvagerie...

croire que l'autre est un barbare, c'est supposer quesoi-même on ne serait pas capable de maux semblables.

Est civilisé celui qui admet bien plutôt que touthomme, à commencer par soi, est capable du pire.. »

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