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RESUME DU CONTRAT SOCIAL DE ROUSSEAU

Publié le 25/06/2011

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rousseau

Aucun ouvrage de Rousseau n'a été plus expliqué, commenté, loué ou critiqué que le Contrat. On pourrait aisément compter par dizaines les études qui lui sont consacrées, par centaines les ouvrages qui l'étudient en passant. Cette abondance ne serait rien si les explications et les jugements n'étaient pas constamment contradictoires. La Révolution l'a, bien entendu, exalté. Pour Mirabeau Rousseau a « éclairé la France sur les saines notions de la liberté «. Plus tard Benjamin Constant voit dans le Contrat « le plus terrible auxiliaire de tous les genres de despotisme «. A travers le XIXe et le XXe siècles les conclusions sont encore plus violemment opposées. Pour Lamartine, Proudhon, Jules Lemaître, la politique de Rousseau n'est qu'une suite d'utopies obscures, incohérentes et funestes. D'autres se sont efforcés d'en expliquer et ordonner les incohérences apparentes. Et pour MM. Beaulavon et Schinz, par exemple, l'ouvrage est une oeuvre robuste et profonde qui fait autant d'honneur à son auteur que la Nouvelle Héloïse et les Confessions.

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« que Rousseau ne puise pas nécessairement à travers le Contrat et qu'il ne se croit pas obligé de saisir toutes lesoccasions pour démontrer que ledit Contrat a vu juste et est le conseiller nécessaire.

Bien entendu les Lettres de lamontagne qui réfutent les Lettres de la campagne où Tronchin justifie la condamnation du Contrat sont liées à ceContrat.

Mais, dans ses autres écrits politiques il n'y a que de très rares allusions à l'ouvrage.

Sans doute on peuts'efforcer de démontrer que Rousseau est toujours d'accord avec lui-même, mais il y faut quelque application.Jamais le Contrat n'apparaît comme le livre-clef qui résout tous les problèmes politiques, comme l'étape finale ducheminement de Rousseau à travers ces problèmes.Dans tous les cas, jamais les contemporains ne lui ont accordé une véritable importance.

Je l'ai dit autrefois.

M.Beaulavon a répliqué que mes preuves étaient insuffisantes.

Et M.

Beaulavon avait raison, car mon affirmation étaittirée d'un article de synthèse où la place m'était mesurée.

Mais il est aisé de multiplier les preuves.

« Le Contratsocial était autrefois le moins lu de tous les ouvrages da Rousseau », dit Mirabeau (qui est cette fois non l' « amides hommes », mais son fils l'orateur).

On pourrait répondre : « Qu'en sait l'orateur ? » Mais des faits irrécusables leconfirment.

Combien y a-t-il, avant les commencements de la Révolution, d'éditions séparées du Contrat.

Unedizaine, toutes imprimées (sauf une en 1763 et une en 1772) en 1762 (il y en aura plus d'une vingtaine de 1789 à1796).J'ai pu étudier les catalogues de 50o bibliothèques privées du xviiie siècle.

Le Contrat s'y trouve une fois (leDictionnaire de Bayle, 288 ; l'Ami des hommes de Mirabeau, 529 ; la Nouvelle Héloïse, 165 ; le Discours surl'inégalité, 76 ; le Discours sur les Sciences el les Arts, 15 ; la Lettre à d'Alembert, 41).

Combien parait-il dediscussions et réfutations du Contrat ? Si l'on ne tient pas compte des Lettres de la campagne de Tronchin, qui ontune raison d'être toute genevoise, exactement une, Anticontrat social dans lequel on réfute d'une manière claire,utile et agréable les principes posés dans le Contrat social de J.-J.

Rousseau, citoyen de Genève, par l'obscur P.

L.Beauclair, « citoyen du monde » (La Haye, 1764).

Toutes les autres réfutations ou discussions datent de laRévolution.

Que l'on compare avec les nombreuses répliques au premier Discours ou même avec celles, plus rares,qui accueillent le, second.

Quels sont ceux qui, en passant, au cours d'ouvrages, dans des Mémoires ouCorrespondances ont parlé du Contrat, en bien ou en mal ? On peut réunir des centaines de témoignages pour laNouvelle Héloïse.

Pour le Contrat, pas même une poignée (toujours, bien entendu, avant les débuts de laRévolution).

J.-B.

d'Arcous de la Serre, dans le Tam, cite le Contrat qui le séduit, sauf en ce qui concerne la religioncivile.

L'intendant Dupré de Saint-Maur, à Bordeaux, a le Contrat dans sa bibliothèque.

Le frère d'un séminariste deCahors, Marmiesse, trouve dans la malle de son frère l'Emile et le Contrat.

La Société des philathènes de Metzécoute une analyse du Contrat social.

Tout cela n'est pas grand'chose.

Le Contrat reste un ouvrage méconnujusqu'au moment où la Révolution cherche ses précurseurs et ses justifications et le met en pleine lumière.La raison ou l'une des raisons était sans doute que la lecture en était singulièrement aride :J'avertis le lecteur, dit Jean-Jacques au début du ch.

I du livre III, que ce chapitre doit être lu posément et que jene sais pas l'art d'être clair pour qui ne veut pas être attentif.Le chapitre est même incompréhensible pour qui n'est pas spécialisé dans l'histoire des mathématiques ou qui n'estpas averti par les notes de M.

Beaulavon du sens exact qu'avait, vers 1750, le langage algébrique.

Que signifie cepassage :C'est dans le gouvernement que se trouvent les forces intermédiaires dont les rapports composent celui du tout autout ou du souverain à l'Etat.

On peut représenter ce dernier rapport par celui des extrêmes d'une proportioncontinue dont la moyenne proportionnelle est le gouvernement.

Le gouvernement reçoit du souverain les ordres qu'ildonne au peuple et, pour que l'Etat soit dans un bon équilibre, il faut, tout compassé, qu'il y ait égalité entre leproduit ou la puissance du gouvernement pris en lui-même et le produit ou la puissance des citoyens qui sontsouverains d'un côté et sujets de l'autre.Il y a, dans le chapitre, bien d'autres passages qui ne sont pas plus clairs pour un lecteur d'aujourd'hui.

Il ne l'étaitpas davantage, au xVIIIe siècle, pour un bon nombre de lecteurs même cultivés qui, le plus souvent, n'avaient faitau collège qu'effleurer les mathématiques.

Même quand le Contrat ne verse pas dans le langage algébrique, salogique abstraite, condensée, dédaigneuse de toute explication jugée superflue, demande un effort d'attention quine se relâche jamais.

Et c'est pour cela, sans doute, que les autorités politiques l'ont ignoré comme le commun deslecteurs.

Sans doute il a été condamné à Genève.

Mais c'est parce que le Petit Conseil, dont l'autorité fort peudémocratique était sans cesse menacée, a pris la peine d'y discerner toutes les applications qu'on en pouvait tirer,dans le présent, pour réclamer un « gouvernement » qui fit la place exigée par le Contrat, à la « volonté générale ».Partout ailleurs, alors qu'on poursuivait avec acharnement la « religion » de Jean-Jacques qui était, elle, clairementen désaccord avec les religions orthodoxes, on a dédaigné le Contrat, dont personne n'a d'abord soupçonné, etRousseau pas plus que les autres, ce que Guglielmo Ferrero appelle la « force explosive ».Mais cette force explosive existait.

Elle allait éclater dès les débuts de la Révolution.

Et le Contrat, en fait sinon endroit (je ne m'occupe dans cet ouvrage que du fait allait devenir, à travers le XIXe et le XXe siècles, un des grandslivres de doctrine politique.

Il nous faut donc étudier cette doctrine. 1° Les sources.

« On retrouve partout, disait Diderot brouillé, rappelons-le, avec Rousseau, la base et les détails deson Contrat ».

Il y a dans ce jugement malveillant, une part de vérité.

Les problèmes politiques et sociaux avaientété largement discutés, à travers l'Europe, dans des ouvrages dont le succès avait été considérable.

Les ouvragesanglais de Hobbes n'étaient pas encore traduits mais ils avaient été très souvent discutés.

Le Hollandais Grotiusavait écrit, en latin, un Droit de la guerre et de la paix, traduit en 1687.

Le Français Barbeyrac en avait donné, en1724, une nouvelle traduction, abondamment et intelligemment annotée qui avait eu au moins quatre éditions.L'Allemand Pufendorf publie un Droit de la nature et des gens, traduit par le même Barbeyrac avec la mêmeabondance de notes qui avait eu au moins huit éditions.

Barbeyrac en avait également traduit un abrégé (Devoirs del'homme et du citoyen tels qu'ils lui sont prescrits par la loi naturelle) dont on avait publié en 1760 la huitièmeédition.

Rousseau avait lu Pufendorf en 1730-31, à Annecy.

On avait traduit le Traité du gouvernement civil de. »

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