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Le rêve chez Bergson

Publié le 18/03/2011

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bergson

  A la théorie de la mémoire se rattache l'explication du rêve.    Pourquoi, en dormant, perçoit-on, comme si elles étaient réellement présentes, des personnes et des choses qui n'existent pas ?    Il serait inexact de croire qu'il n'y ait pas une certaine matière sensible offerte à la vue, à l'ouïe, au toucher, pendant le sommeil comme pendant la veille.    En fermant les yeux, on peut se rendre compte qu'on aperçoit des taches de diverses couleurs, qui se contractent ou se dilatent, spectres oculaires ou phosphènes : c'est sans doute l'étoffe où nous taillons beaucoup de nos rêves. — Si, au moment où l'on se réveille, on garde les yeux fermés, on voit les objets du rêve se dissoudre en phosphènes. On lisait un journal, en rêve ; on se réveille : du journal, il reste une tache blanche avec de vagues raies noires. La poussière visuelle sert à la fabrication du rêve.

bergson

« tailleur quand il vient essayer un vêtement simplement bâti : il épingle, il serre autant qu'il peut l'étoffe sur le corpsqui s'y prête ».

A l'état de veille, on rejette de la conscience mille sensations subjectives.

On écarte tout souvenirqui ne se moule pas sur la sensation présente.

Cette adaptation continuellement renouvelée est la condition du bonsens.

C'est un travail : « avoir du bon sens est très fatigant ». Les mêmes facultés s'exercent dans la veille et dans le rêve ; mais elles sont tendues dans un cas,-relâchées dansl'autre.

« Le rêve est la vie mentale tout entière, moins l'effort de concentration.

» En un sens, la perception et la mémoire qui s'exercent dans le rêve sont plus naturelles que celles de la veille.

Laconscience s'y amuse à percevoir pour percevoir, à se souvenir pour se souvenir, sans aucun souci de la vie ni del'action. Par là le rêve ressemble à bien des phénomènes anormaux.

On a déjà comparé, par exemple, au rêve la faussereconnaissance.

On pourrait surtout lui comparer l'aliénation mentale. On peut, dans cette conception, expliquer l'instabilité du rêve.

Comme le rêve a pour essence de ne pas ajusterexactement la sensation au souvenir, mais de laisser du jeu, des souvenirs très divers peuvent s'appliquer à la mêmesensation.

Alors les images les plus différentes peuvent se succéder, parfois se mêler.

Voici une tache verteparsemée de points blancs i elle pourra être pelouse ou billard.

La pelouse devient billard ; la pelouse est billard... La rapidité avec laquelle se déroulent certains rêves s'explique de même.

En quelques secondes le rêve peutprésenter une série d'événements qui occuperait, pendant la veille, des journées entières.

Les images de rêve sontsurtout visuelles.

Or une multitude d'images visuelles peut être donnée tout d'un coup, en panorama.

A plus forteraison tiendra-t-elle dans la succession d'un petit nombre d'instants.

Le rêve peut voir en raccourci : « il procède,en définitif, comme fait la mémoire ».

Puisque le rythme de la mémoire interprétative ne tient aucun compte de laréalité, les images peuvent se précipiter avec une rapidité vertigineuse, « comme feraient celles du filmcinématographique si l'on n'en réglait pas le déroulement ». On peut encore essayer d'expliquer les fantaisies du rêve, chercher pourquoi le rêve préfère certains souvenirs àd'autres.

Dans le sommeil normal, nos songes ramènent plutôt les pensées qui ont passé comme des éclairs ou lesobjets que nous avons perçus sans fixer sur eux notre attention.

Ce ne sont pas les faits les plus importants, cesont les faits les plus insignifiants de la journée qui ont le plus de chances de reparaître.

— Un tramway me frôle,l'idée d'un danger traverse mon esprit, mon corps recule' instinctivement sans que j'aie conscience d'avoir peur : jepourrai rêver, la nuit suivante, que le tramway m'écrase.

— D'où vient que reparaissent ainsi les faits les moinsremarqués ? C'est que le moi qui rêve est un moi distrait, qui se détend.

« Les souvenirs qui s'harmonisent le mieuxavec lui sont les souvenirs de distraction, qui ne portent pas la marque de l'effort.

». »

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