Devoir de Philosophie

Le rôle du gouvernement est-il seulement de garantir la liberté ?

Publié le 06/02/2004

Extrait du document

Mais aussi, indépendamment du bonheur, parce qu'il appartient à l'homme de disposer d'un certains nombre de droits dont il ne peut être privé sans être nié en tant qu'homme, à savoir les droits qui se trouvent exposés dans la déclaration universelle des droits de l'homme. Ce n'est plus ici une question de bonheur, mais de dignité et d'humanité.C'est du reste avec ce critère du respect des droits de l'homme que nous apprécions le caractère libéral ou oppresseur d'un État, d'un régime politique, donc sa légitimité. Un État qui prive tout le monde de certains droits jugés fondamentaux n'est pas tenu pour légitime. On estime qu'il ne remplit pas sa fonction comme il le devrait.Mais peut-on en rester là? Suffit-il pour dire d'un État qu'il est légitime qu'il respecte et fasse respecter les libertés individuelles? Il semble que non parce que si tel était le cas, l'État devrait par exemple laisser librement se développer toutes les inégalités, devrait ne jamais s'occuper de la santé, de la scolarisation, de la formation, de la situation économique ... des individus sur lesquels il étend son pouvoir et qui par ailleurs forment ensemble une société, qui à l'occasion est une nation ou une communauté, dont il faut ménager la cohésion. Cela serait contraire au but même que se donne l'Etat en garantissant les libertés : si en effet il les garantit pour que les individus puissent être heureux et vivre dignement, comment pourraient-ils être heureux et dignes si par ailleurs certains d'entre eux sont misérables, exclus, sans formation, sans accès à l'emploi et à la culture?

« Alors, qu'en est-il au juste? Peut-on sortir de ce mouvement de bascule ? Peut-on réconcilier ces deux thèses? Cela semble impossible.

Pourtant, au fond, sur quoi porte le désaccord ? Sur le point de savoir si c'est à l'État ouaux individus que doit revenir le rôle de déterminer ce qui peut rendre heureux.

Si c'est aux individus et à eux seulsde le faire, l'Etat n'a qu'à garantir les droits qui permettront à chacun de le trouver, au risque qu'un grand nombren'ait pour l'atteindre que le droit d'en jouir et le malheur pour lot quotidien.

Si c'est à l'État de le faire, alors lesindividus peuvent bien exiger certains droits légitimement, mais ils ne devront en aucun cas négliger leurs devoirs,devoirs qu'ils ont envers toute la société, c'est-à-dire envers tous et finalement donc envers chacun, eux-mêmescompris. Or, n'avons-nous pas là affaire à un faux problème? Pourquoi faudrait-il opposer sur ce point l'État et les individus?Pourquoi devrait-on opposer les fins fixées par l'État, les fins d'intérêt général et les fins visées par les individus ? Ilest tout à fait possible de les réconcilier : il suffit pour cela que les individus eux-mêmes fixent souverainement lesfins d'intérêt général que l'État fait poursuivre.

Et comment? Par le vote! C'est-à-dire par la démocratie qui fait detout le peuple le souverain, c'est-à-dire le détenteur de tout pouvoir. De cette manière, il est possible d'offrir aux individus autre chose que le simple droit d'être heureux, sans les moyensofferts à tous de l'être et d'éviter de leur imposer une certaine définition du bonheur et des moyens d'y parvenir quipourrait ne pas convenir à tous.

S'il appartient aux individus de fixer souverainement les fins d'intérêt général qu'ilsveulent poursuivre pour assurer les conditions - et donc les moyens et par là inévitablement les contraintes - d'unbonheur choisi, l'État est légitime ou, ce qui revient au même, les individus sont libres tout en ayant vraiment lapossibilité d'être heureux. Alors, l'État a-t-il seulement pour rôle de garantir les libertés.

Et bien non.

Bien sûr d'une part il doit faire respecteret respecter lui-même des droits individuels sous peine de ne pas être légitime, mais d'autre part, sa légitimitédépend au moins autant de ce qu'il assure à tous les conditions d'un bonheur possible par la poursuite de finsd'intérêt général, ce qui ne va pas sans imposer aux individus et à leurs libertés certaines obligations.

Mais pourautant, il n'y pas de contradiction irréconciliable entre ces deux thèses si, comme c'est le cas en démocratie, cesont les individus auxquels l'État impose des devoirs qui fixent eux-mêmes les fins d'intérêt général qui déterminentces devoirs. —> Partons de l'argumentation kantienne : le rôle du gouvernement est seulement de garantir la liberté : cf.

J.S.

Mill: dans La Liberté (1859), il déclare que le seul but de la législation et de la cœrcition de l'État devrait êtred'empêcher de nuire à autrui.

Cf.

Rousseau : il part de l'hypothèse suivante : « L'homme est né libre et partout il estdans les fers » (Contrat Social, chap.

I).

Le contrat social doit lui redonner cette liberté fondamentale, et en plusl'égalité. Transition : Mais l'État démocratique peut-il s'en tenir là ? —> Pensez à ce que la République française garantit à ses citoyens : droit à l'éducation, à la santé, au travail, auxloisirs...Certes, le bonheur doit rester une affaire privée, mais l'État peut aussi nous donner des possibilités concrètes d'êtreheureux.

—> N'oubliez pas que dans un système démocratique, c'est le peuple qui choisit ses représentants, et quela démocratie reste toujours fragile.... »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles